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tement en faveur de la situation de la Bolivie que son intervention armée dans les affaires du Pérou. Cette intervention démontrait que la Bolivie pouvait, sans dommage pour sa tranquillité, être livrée à elle-même en l'absence de ses troupes et même de son président.

CHILI.

A défaut d'émeutes, d'insurrections, de discordes civiles, le Chili a été désolé par les convulsions de la nature. D'épouvantables tremblemens de terre s'y firent sentir le 20 février, et couvrirent de ruines trois provinces. Ils s'étendirent à la Conception, à Talcahuana, et à toutes les villes situées entre Valparaiso et Valdivia, ainsi que depuis Mendoza, à l'est des Cordillières, jusqu'à l'île de Juan Fernandez, à quatre milles de la côte, où l'on vit à un mille et demi de distance une colonne de flamme et de fumée sortir de l'Océan, qui, en cet endroit, a 100 brasses de profondeur. Si Valparaiso et Santiago n'avaient pas été hors de la portée de cette révolution physique, le Chili eût cessé d'être. Des bâtimens en mer eurent leurs mâts brisés. Ils semblaient frapper contre des rochers, et leurs quilles toucher le fond de la mer. Le seul avertissement qu'on ait eu de ce phénomène fut un bruit sourd dans les entrailles de la terre; un moment après, elle s'ébranla avec une telle violence qu'il était difficile de garder l'équilibre. Les maisons ne purent soutenir ce choc qu'un instant; elles s'écroulèrent successivement pendant les cinq minutes que dura la plus forte secousse. De la Conception, qui comptait 10,000 âmes, il ne resta qu'une seule maison pour indiquer où la ville avait existé. Les habitans se croyaient à la fin du monde. Heureusement encore que cette catastrophe arriva en plein jour; car, si elle eût eu lieu la nuit, un tiers de la population n'aurait peut-être pas échappé à une mort lente et cruelle. Le nombre des personnes qui ont péri, était de 80 pour la Conception seulement; à Talcahuana et dans les autres villes, ce nombre était moindre.}

A peine revenus de la terreur que leur avait inspirée ce tremblement de terre, les habitans de ces contrées s'étaient déjà mis en devoir de retirer des débris de leurs demeures ce qu'elles pouvaient contenir de plus précieux, lorsque soudain la mer s'agitant s'éleva comme une haute muraille, fondit avec l'impétuosité d'un torrent sur le terrain où avait été la Conception, et engloutit tout ce qu'elle rencontra. Ce dernier coup acheva de ruiner les malheureux habitans qui n'avaient eu que le temps de regagner les collines voisines, et qui se trouvèrent privés même de tout moyen d'existence, les vagues ayant entraîné tout ce que renfermaient les granges et les magasins. Les vaisseaux du port furent arrachés de leurs ancres, détruits ou jetés sur la plage. La mer avait atteint 33 pieds au dessus de son niveau le plus élevé; mais au moment où elle s'élança sur la côte, les vaisseaux qui avaient 54 pieds d'eau sous eux, restèrent à sec. Quelques individus perdirent la raison par suite du saisissement qu'ils avaient éprouvé de cette scène de destruction.

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Le président du Chili déclara dans son discours à l'ouverture de la session des Chambres législatives, que sans ce terrible tremblement de terre, la république serait en voie d'amélioration. Les revenus publics, en 1834, avaient été de 1,887,297 piastres, c'est-à-dire de 116,537 piastres de plus que l'année précédente. Une partie de cet excédant provenait des douanes. Le gouvernement avait pu appliquer 178,419 piastres à l'extinction de la dette flottante intérieure, et au rachat de 24,700 piastres de la dette consolidée.

D'après le budget présenté par le ministre des finances pour 1835, les dépenses totales des départemens de l'intérieur et des affaires extérieures, des finances, de la guerre et de la marine, monteraient à 1,990,204 piastres; et les recettes sur lesquelles comptait le gouvernement, à 2,175,000.

RÉPUBLIQUE DE L'URUGUAY.

BUENOS-AYRES.

S'il est vrai que le pouvoir qui use de clémence envers ses ennemis donne une preuve de force et de solidité, on serait tenté de juger assez favorablement de la situation de la république de l'Uruguay, dont le gouvernement a publié, le 18 juillet, un décret d'amnistie générale par lequel il a été permis indistinctement, et même sans excepter le général Lavalleja, à tous les citoyens bannis pour avoir pris part à la révolution du mois de juillet 1832, de rentrer dans leur patrie.

Buenos-Ayres, après de longues luttes entre les partisans du système unitaire et les partisans du système fédéral, qui se sont terminées à l'avantage de ces derniers, a fini par jeter cette année dans les bras d'un dictateur.

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On a vu, en 1834, que dans l'impossibilité de trouver un personnage qui voulût se charger du dangereux honneur de gouverner la république, le président de la Chambre des représentans avait été investi de fait du pouvoir exécutif. Il occupait encore ce poste, lorsqu'au mois de mars une scène tragique vint jeter le pays dans une profonde consternation. Le général Quiroga, qui, accompagné de dix personnes, revenait de remplir une mission dans l'intérieur, fut attaqué aux environs de Cordova, et massacré, lui et les siens, par une bande d'assassins placés en embuscade. Quiroga étant du parti fédéral, les unitaires furent accusés du crime. Aussitôt le tumulte éclata dans Buenos-Ayres; les journaux appelè. rent aux armes, les fédéralistes crièrent vengeance. Le président de la Chambre, gouverneur par intérim, sentant bien que son pouvoir n'avait rien de réel, donna sa démission le 7 mars, et dès le lendemain la Chambre rendit le décret suivant :

« La haute Chambre des représentans, usant de la souveraineté ordinaire et extraordinaire dont elle est revêtue, a jugé à propos, dans la séance de ce jour (8 mars), de promulguer la loi suivante;

» Art. 1er. Le brigadier-général don Juan Manuel de Rosas est nommé gouverneur et capitaine-général de la province pour cinq ans.

» Art. 2. Toute la puissance publique de cet état est remise aux mains du général Rosas, sans autres restrictions que les suivantes :

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1o Il devra conserver, défendre et protéger la religion catholique, apostolique et romaine;

» 2o Il devra défendre et soutenir la cause nationale de la fédération proclamée par tous les états de la république ;

» 3o L'exercice de ce pouvoir extraordinaire durera autant que le gouverneur élu le jugera nécessaire. »

Ce ne fut pas assez pour le général Rosas de ce décret, d'après lequel on peut juger des idées qui dominent à BuenosAyres; il demanda que son élection fût confirmée par les habitans. De cet appel au peuple il résulta que 3,316 citoyens de Buenos-Ayres votèrent pour le nouveau gouverneur, qui n'eut contre lui qu'une minorité de 4 voix. Le général Rosas, après s'être fait encore un peu prier, se décida enfin, le 13 avril, à accepter le pouvoir absolu. On lui décerna des honneurs inouïs, lors de son entrée à Buenos-Ayres; sa voiture fut traînée par plus de deux cents citoyens, et bientôt le clergé, dont il a conquis l'amour comme celui des Gauchos, ne s'occupa dans toutes les églises qu'à dire des messes en actions de grâces. L'opinion des provinces en faveur du général Rosas ne fut pas moins unanime, et pour que tout marchât à l'unisson, on chassa de leurs places tous les fonctionnaires, depuis les premiers jusqu'aux plus subordonnés, que l'on soupçonnait d'appartenir au parti unitaire.

Il sera curieux de voir ce que cette puissance illimitée produira entre les mains du nouveau gouverneur, pour le bien de la république. Tout ce qu'il nous est permis de dire ici, c'est qu'elle a joui pendant le reste de l'année d'une tranquillité assez satisfaisante, et que le gouvernement semblait prendre à tâche d'encourager l'industrie et le commerce, ainsi que de rétablir quelque ordre dans les finances du pays.

BRÉSIL.

La ville de Para se chargea de prouver, dès le commencement de l'année, que le Brésil n'est pas plus exempt que tous les autres états de l'Amérique du Sud de ces sanglantes commotions qui semblent mettre un obstacle insurmontable à leur consolidation et à leur prospérité. Le 7 janvier, vers trois heures du matin, environ 600 Indiens auxquels se joignirent les soldats de la garnison, attaquèrent Para et s'y portèrent aux plus affreux excès. Les soldats avaient débuté par fusiller un certain nombre de leurs officiers dans leurs casernes; puis ayant rallié les Indiens qui venaient de la campagne, cette soldatesque effrénée alla massacrer le président du gouvernement, le commandant militaire, le commandant de la marine et les autres fonctionnaires les plus marquans. Enfonçant ensuite les portes des prisons, la horde mit en liberté les détenus, qu'elle s'adjoignit, et, renforcée de la sorte, elle se disposa à égorger tout ce qui ferait résistance. Les scènes qui suivirent furent horribles. Une véritable boucherie eut lieu, et il fallut des charrettes pour emporter les morts. Toutes les affaires cessèrent aussitôt, la plupart des négocians s'étant réfugiés à bord des navires pour sauver leurs jours.

Les insurgés établirent un nouveau gouvernement de leur façon; les choses n'en allèrent pas mieux dans Para, et bientôt la violence ne respecta plus même les représentans des puissances étrangères. Accusé de donner asile à des proscrits, le consul français fut arrêté et conduit prisonnier à bord d'une corvette, pendant que des hommes armés visitaient sa maison, avec ordre de tirer sur tous ceux qui tenteraient de s'échapper par les portes, par les fenêtres ou par les toits. Cette visite n'ayant rien produit, la détention du consul à bord fut changée en une simple surveillance chez lui, qui dura quarante-huit heures, c'est-à-dire tout Ann. hist. pour 1835.

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