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més (a) pour fe tranfporter fur la frontiere, & pour dreffer des procès-verbaux de ce qui fe pafferoit à l'égard de ce retour; qu'il fût fait défenfe aux maires & échevins des villes de lui donner paffage, ni lieu d'affemblée à aucunes troupes qui le duffent favorifer, ni retraite à aucuns de fes parens & domeftiques; que le fieur de Noailles fût affigné à comparoître en perfonne à la cour, pour rendre compte du commerce qu'il entretenoit avec lui, & que l'on pu Blieroit un monitoire, pour être informé de la vérité de ces commerces. Voilà le gros des conclufions conformément auxquelles l'arrêt fut rendu.

Vous croyez fans doute que le cardinal eft foudroyé par le parlement, en voyant que les gens du roi même forment & enflamment les exhalaifons qui produisent un auffi grand tonnerre. Nullement, au même inftant que l'on donnoit cet arrêt, avec une chaleur qui alloit jufqu'à la fureur, un confeiller ayant dit que les gens de guerre qui s'affembloient fur la frontiere pour le fervice du Mazarin, fe moqueroient de toutes les défenfes du parlement fi elles ne leur étoient fignifiées par des huiffiers qui euffent

(a) On nomma le président de Bellievre & quelques confeillers. Voyez Mémoires de Joly, tome 1, page 259,

de bons moufquets & de bonnes piques i ce confeiller, dis-je, du nom duquel je ne me fouviens pas, mais qui, comme vous voyez, ne parloit pas de trop mauvais fens, fut repouflé par un foulevement général de toutes les voix, comme s'il eût avancé la plus fotte & la plus impertinente chofe du monde; & toute la compagnie s'écria, même avec véhémence, que le licenciement des gens de guerre n'appartenoit qu'à

fa majesté.

Je vous fupplie d'accorder, s'il eft poffible, cette tendreffe de cœur pour l'autorité du roi, avec l'arrêt qui, au même moment, défend à toutes les villes de donner paffage à celui que cette même autorité veut réta blir. Ce qui eft de plus merveilleux, c'eft que ce qui paroît un prodige aux fiecles à venir, ne fe fent pas dans le tems, & que ceux mêmes que j'ai vu raifonner depuis fur cette matiere, comme je fais à l'heure qu'il eft, euffent juré dans les inftans dont je vous parle, qu'il n'y avoit rien de contradictoire entre la reftriction & l'arrêt. Ce que j'ai vu dans nos troubles m'a expliqué dans plus d'une occafion, ce que je n'avois pu concevoir auparavant darts les hiftoires. On y trouve des faits fi oppofés les uns aux autres, qu'ils en font incroyables: mais l'expérience nous fait connoître que tout ce

qui eft incroyable n'est pas faux. Vous verrez encore des preuves de cette vérité, dans la fuite de ce qui fe paffa au parlement, que je reprendrai après vous avoir entretenue de quelques circonftances qui regardent la

cour.

II y eut contestation dans le cabinet, sur la maniere dont la cour fe devoit conduire à l'égard du parlement. Les uns foutenoient qu'il le falloit ménager avec foin, & les autres prétendoient qu'il étoit plus à propos de l'abandonner à lui-même : ce fut le mot dont Brachet fe fervit en parlant à la reine. Il lui avoit été infpiré & dicté par Menardeau-Champré, confeiller de la grand'chambre & homme de bon fens, qui avoit donné charge de dire à la reine de fa part que le mieux qu'elle pouvoit faire étoit de laiffer tomber à Paris toutes chofes dans la confufion, qui fert toujours au rétablissement de l'autorité royale, quand elle vient jufqu'à un certain point; qu'il falloit pour cet effet commander à M. le premier préfident d'aller faire fa charge de garde des fceaux à la cout; y appeller M. de la Vieuville avec tout ce qui avoit trait aux finances; y faire venir le grand-confeil, &c. Cet avis, qui étoit fondé sur les indifpofitions que l'on croyoit qu'un abandonnement de cet éclat produiroit dans une ville où l'on

ne peut défavouer que tous les établiffemens ordinaires n'ayent un enchaînement même très-ferré les uns avec les autres; cet avis fut, dis-je, combattu avec beaucoup de force par tous ceux qui appréhendoient que les ennemis du cardinal ne fe ferviffent utilement, contre fes intérêts, de la foibleffe de M. le préfident le Bailleuil, qui, par l'abfence du premier préfident, demeureroit à la tête du parlement, & de la nouvelle aigreur qu'un éclat comme celui-là produiroit encore dans l'efprit des peuples. Le cardinal balança long-tems entre les raifons qui appuyoient l'un & l'autre parti; quoique la reine, qui par fon goût croyoit toujours que le plus aigre étoit le meilleur, fe fût déclarée d'abord pour le premier. Ce qui décida, à ce que le maréchal de la Ferté m'a dit depuis, fut le fentiment de M. de Senneterre, qui écrivit fortement au cardinal pour l'appuyer, & qui lui fit même peur des expreffions fort fouvent très-fortes du premier président, lefquelles faifoient quelquefois, ajoutoit Senneterre, plus de mal, que fes intentions ne pouvoient faire de bien. Cela étoit trop exagéré. Enfin le premier président fortit de Paris Spar ordre du roi, & il ne prit pas même congé du parlement; à quoi il fut porté par M. de Champlatreux, affez contre

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fon inclination. M. de Champlatreux eut raifon; parce qu'enfin il eut pu courre fortune dans l'émotion qu'un fpectacle comme celui-là eût pu produire. Je lui allai dire adieu la veille de fon départ, & il me dit

ces

propres paroles: Je m'en vais à la cour, & je dirai la verité: après quoi il faudra obéir au roi. Je fuis perfuadé qu'il le fit effectivement, comme il le dit. Je reviens à ce qui fe paffa au parlement.

Le 29 décembre, les gens du roi entrerent dans la grand'chambre. Ils préfenterent une lettre de cachet du roi, qui portoit injonction à la compagnie de différer l'envoi des députés qui avoient été nommés par l'arrêt du 13, pour aller trouver le roi, parce qu'il leur avoit plus que fuffisamment expliqué autrefois fon intention. M. Talon ajouta qu'il étoit obligé par le devoir de fa charge, de repréfenter l'émotion qu'une telle députation pourroit caufer, dans un tems auffi troublé. « Vous voyez, continua

t-il, -tout le royaume ébranlé, & voilà > encore une lettre du parlement de Rouen, » qui nous écrit qu'il a donné arrêt contre le cardinal Mazarin, conforme au vôtre » du 13 ». 135.

M. le duc d'Orléans prit la parole enfuite. Il dit que le cardinal Mazarin étoit arrivé le 25 à Sedan; que les maréchaux

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