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BULLETIN

DU

Bouquiniste

Paraissant le 1er et le 15 de chaque mois.

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CHEZ AUG. AUBRY, LIBRAIRE, RUE (DAUPHINE,
Et chez les principaux libraires de la France et de l'Étranger.

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1er avril, 1867. Etat des ventes de livres. VARIÉTÉS BIBLIOGRAPHIQUES ET LITTÉRAIRS. P. BLANCHEMAIN, Jacques Du Lorens et le Tartuffe. Notice sur un précurseur de Despréaux. R. DE BELLEVAL. Armorial de l'Election de Soissons, publ. par Ed. de Barthélemy. CATALOGUE DE LIVRES EN VENTE AUX PRIX MARQUÉS. Ouvrages divers anciens et modernes rares ou curieux. - Histoire des villes et provinces de France. (Suite.) — PUBLICATIONS Nouvelles. Histoire des ordres de chevalerie et des distinctions honorifiques en France, par F. F. Stenackeers. - Les Poésies de Fr. de Malherbe, édit. archaïque. Texte primitif des Lettres provinciales de Blaise Pascal. Il Sacco di Roma. Préface du Catalogue de la bibliothèque Mazarine, etc.

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ETAT DES VENTES DE LIVRES

(MAISON SILVESTRE RUE DES BONS-ENFANTS)

29 mars et 1er avril. Ouvrages provenant de la bibliothèque de M. Brière, ancien libraire éditeur (BEAUX LIVRES DE LITTÉRATURE ET D'HISTOIRE, TRÈS-BIEN RELIÉS.)

Me NAVOIT, commissaire-priseur, assisté de M. AUG. AUBRY, litraire. 1-5 avril. - Livres de Littérature, Histoire et Archéologie, de la bibliothèque de feu M. L.

M DELBERGUE-CORMONT, commissaire-priseur. — LaBitte, libraire. 2-5 avril. Livres anciens et modernes provenant de la bibliothèque de feu M. G.

Mc BOULOUZE commissaire-priseur. — DELION, libraire.

6 avril. - LIVRES DE LITTÉRATURE ET D'HISTOIRE provenant de la bibliothèque de feu M. ***.

Me FR. DIEN, commissaire-priseur.

AUG. AUBRY,

libraire.

8-15 avril. Livres de Littérature, Histoire et Epigraphie, composant la bibliothèque de feu M. Noel des Vergers.

Me PILLET, commissaire-priseur.

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En distribution :

CATALOGUE de la bibliothèque de feu M. GENTY DE BUSSY, ancien intendant militaire et député, etc. (Vente les 8, 9 et 10 avril).

Me ESCRIBE, commissaire-priseur, assisté de M. AUG. AUBRY, libraire. Le Catalogue est composé d'ouvrages de littérature et d'histoire, particulièrement de documents relatifs à l'histoire de France et de l'Algérie.

Sous presse:

CATALOGUE DES LIVRES DE THÉOLOGIE composant la bibliothèque de feu M. l'abbé Véron, curé de Saint-Vincent de Paul.

M® PERROT, commissaire-priseur.

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A. AUBRY, libraire.

CATALOGUE de la bibliothèque de feu M. F***, ancien ministre. (Ouvrages de littérature, de jurisprudence et d'histoire.)

CATALOGUE de la bibliothèque de MM. ***, de Clermont-Ferrand.

VARIÉTÉS BIBLIOGRAPHIQUES

JACQUES DU LORENS & LE TARTUFFE
NOTICE SUR UN PRÉCURSEUR DE DESPRÉAUX
1583-1658

Le fils de M° Poquelin, tapissier du Roi, ne s'était encore fait connaitre que comme organisateur de l'illustre Théâtre, où se jouaient avec un grand succès les tragédies de Pierre Corneille. Médiocre dans le tragique, le jeune Molière excellait déjà, comme acteur, dans ces pièces à l'italienne, où les personnages improvisaient leurs roles sur un scenario tracé d'avance, et quelques-uns de ces canevas étaient de sa façon.

Un jour, en 1646, notre jeune impresario vit entrer chez lui un homme d'une soixantaine d'années, encore vert, aux yeux vifs, à la mine sardonique, tout de noir habillé, dont la tenue sentait d'une lieue son magistrat de province, et qui lui parla à peu près en ces termes :

Je ne crois pas, Monsieur, qu'au milieu des habits chamarrés e qui encombraient hier votre spectacle, vous ayez remarqué mon ⚫ vêtement noir et mes cheveux gris. J'ai applaudi des deux mains aux vers de M. de Corneille, l'heureux rival de mon ami Rotrou; ◄ mais cela ne m'a pas empêché de rire à gorge déployée, à la farce où vous teniez le principal rôle ; et si, comme on le disait auprès e de moi, vous en êtes l'auteur, croyez-moi : renoncez à la tragédie, où vous êtes médiocre; jouez des comédies, écrivez-en même... et vous irez loin!... Pardonnez cette franchise à un vieillard; je e n'ai jamais mâché la vérité à personne, et souvent je l'ai dite à mes dépens; mais, baste! en mon for intérieur, je ne m'en suis a jamais repenti. >>

Après quelque temps de conversation, le vieillard se leva: Vous « ne me reverrez peut-être jamais, Monsieur; car je repars ce soir « pour ma province; mais permettez-moi de vous laisser en souvenir ce livre de ma façon. »

Resté seul, Molière ouvrit le volume que lui avait offert le vieil original.

C'était un in-quarto, frais sorti de la boutique de Sommaville et qui portait pour titre : Les Satyres de M. du Lorens, président de Chasteauneuf.

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Le jeune comédien sauta la préface et lut :

SATYRE I.

Que je suis dégouté de la plupart des hommes,
Plus je les considère, en ce temps où nous sommes!
Mais surtout je hay ceux dont le semblant est doux,
Qui n'entendent jamais la messe qu'à genoux;
S'ils parlent, c'est de Dieu, de sa bonté suprême,
De se mortifier, renoncer à soy-mesme...
Après avoir tenu ce langage des Cieux,
Croirois-tu bien, Monsieur, qu'ils sont fort vicieux,
Et que celuy d'entre eux qui fait plus d'abstinence,
Dont la face est plus triste, a le moins d'innocence,
Est prest sans marchander à faire un mauvais tour,
Pour ne tenir parole à chercher un détour.

Il prend son avantage en concluant l'affaire,
Encor que comme un prêtre il dise son bréviaire.

S'il rit, c'est un hazard et ne rit à demy.

C'est avec un baiser qu'il trahit son amy!...

Après ses oraisons, est-il hors de l'église,
A son proche voisin il trame une surprise...
Il cajole sa femme et la prie en bigot,

De faire le péché qui fait un homme sot.
Encor qu'il soit tenu plus chaste qu'Hippolyte,

Il est aussi paillard, ou plus, qu'un chien d'ermite...
Au reste, à l'entretien il est si papelard,

Que vous ne diriez pas qu'il eût mangé le lard;

A sa douce façon et modestie extrême,

Il paroist innocent, ou l'innocence même;

Il porte un cœur de sang sous un dévot maintien ;
S'il preste, c'est en juif sous l'habit d'un chrestien,
Et son debteur le fuit, de mesme (s'il faut dire)
Qu'un voleur un prévost, une nymphe un satyre;
C'est le plus inhumain de tous les créanciers;
Je le sçay, pour avoir esté de ses papiers.
S'il plaide, pensez-vous, il plaide main garnie;
Gardez-vous bien de lui les jours qu'il communie!...

Le jeune Poquelin s'arrêta et tomba dans une rêverie profonde...

A dire vrai, je ne sais si les satyres de du Lorens furent offertes par l'auteur lui-même au futur prince des comiques français; mais je suis certain qu'il a dû lire ce passage, et que dès ce moment il ne lui resta plus qu'à trouver un nom pour le bigot personnage. Tartuffe était éclos dans la cervelle de Molière.

Et maintenant, comme je pense que du Lorens est resté dans une obscurité imméritée, je vais rapporter ce que l'on sait de sa vie.

La petite ville de Châteauneuf, lieu principal du petit pays de Thimerais, fut le berceau de Jacques du Lorens. On ne connaît pas au juste les limites du Thimerais; Châteauneuf est devenu un chef-lieu de canton de l'arrondissement de Dreux (Eure-et-Loir), et le tribunal que présidait du Lorens n'est plus qu'une simple justice de paix.

C'est en 1583 qu'il vit le jour, sur les lisières de la Normandie, comme il le dit lui-même dans la satyre VII, livre 2 du volume qu'il publia en 1624 :

Encor qu'en tous climats naissent des gens de bien,

Quant un homme est Normand on dit qu'il ne vaut rien;
L'argument passeroit avec des lavandières,

Car que vaudrois-je moy, qui suis né des lizières?

Donc, moitié Percheron, moitié Normand, il reçut l'éducation convenable aux emplois auxquels on le destinait; c'est-à-dire qu'après avoir fait de fortes études chez le curé de son pays (1), il prit ses degrés à la faculté, et se fit recevoir docteur in utroque jure. C'est ce qu'on voit dans la 22o satire de son recueil de 1646: Encore qu'autrefois j'aye pris mes degrez,

Je suis fort peu versé dans les livres sacrez.

Et dans la 17° du même recueil :

Estant jeune avocat, après estre docteur,

Et voyant qu'au barreau je n'estois qu'auditeur,

Que d'autres moins sçavans plaidoient pour les parties,

Moi de jeter le froc par dépit aux orties,

Détester le bonnet, n'aller plus au palais,

Où l'on m'eust souvent pris sans cause et de relais.

Une vie manuscrite de du Lorens, anciennement ajoutée à un

(1)

Mon père pour cela m'envoyoit à l'école
D'un curé qui n'estoit au roole des pédans,
Et c'est luy qui m'a faict sçavant jusques aux dents.

A luy je suis debteur et à ce mien bon père.

Sat. III, livre 2 (1624).

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