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Librairie d'Aug. AUBRY, 16, rue Dauphine. Supplément au Bulletin du Bouquiniste (no 250), 15 mai 1867

COLLECTION

DES

ÉCRIVAINS DU MOYEN AGE

PAR M. Č. HIPPEAU

1. LE BESTIAIRE DIVIN par Guillaume, clerc de Normandie, trouvère du xш° siècle; publié d'après les manuscrits de la Bibliothèque nationale, avec une introduction sur les Bestiaires, Volucraires et Lapidaires du moyen âge, considérés dans leurs rapports avec la symbolique chrétienne, par C. HIPPEAU, professeur de la Faculté des lettres de Caen, membre de la Société des Antiquaires de Normandie. Caen, 1852. I volume in-8. (Épuisé.)

Ce premier volume de la collection se recommande moins encore par le texte du poëme que par les recherches savantes auxquelles il avait donné lieu de la part de l'éditeur. Il appelait l'attention sur les ouvrages qui, sous les noms de Bestiaires, de Volucraires et de Lapidaires, contiennent des descriptions de quadrupèdes, d'oiseaux, de reptiles, de poissons et de pierres, accompagnées d'explications dont le but était de rappeler aux fidèles quelques vérités morales ou religieuses. C'est toute

une histoire naturelle légendaire, aussi curieuse par les descriptions ou les récits qu'elle fournit que par les explications qu'à l'exemple des premiers Pères de l'Église leurs pieux auteurs y ont ajoutées. Une foule de représentations énigmatiques reproduites dans les églises par la peinture et la sculpture ne peuvent être comprises qu'à l'aide de ces sortes d'ouvrages, dont il existe un grand nombre depuis saint Méliton et saint Basile jusqu'aux écrits mystiques de Hugues de Saint-Victor.

11. LE BESTIAIRE D'AMOUR, de maître Richard de Furnival, et la Réponse de la Dame, avec une introduction et des notes, édition ornée de 48 vignettes sur bois. I volume petit in-8. Prix: 8 fr. (Il n'existe qu'un très-petit nombre d'exemplaires de ce volume.)

Ce singulier ouvrage, composé comme le précédent d'après les traditions admises par les naturalistes du moyen âge, est un jeu d'esprit, dans lequel l'auteur, au lieu de tirer, ainsi que l'avait fait Guillaume, clerc de Normandie, des leçons de piété des récits légendaires relatifs aux animaux, y puise des arguments pour engager sa dame à partager son amour. Mais celle-ci, dans sa Réponse, trouve précisément dans les mêmes récits des arguments péremptoires pour résister à la séduction et défendre son coeur contre les faiblesses de l'amour. Les notes dont est suivi le texte sont la partie la plus importante du volume. Chacun des animaux et des oiseaux dont il est question est l'objet d'une notice dans laquelle l'éditeur a recueilli une foule de détails curieux disséminés dans les principaux ouvrages scientifiques du moyen âge.

1. LA VIE DE SAINT THOMAS LE MARTYR, archevêque de Canterbury, par Garnier de Pont-SainteMaxence, poëte du x11° siècle, précédée d'une Introduction historique. 1 volume petit in-8. Prix: 6 fr. sur papier vélin, et 8 fr. papier vergé.

Ce poëme historique, composé par un contemporain de saint Thomas le martyr et lu dans l'église de Cantorbéry aux fidèles accourus de tous les points de l'Europe chrétienne pour prier sur le tombeau de l'illustre victime de la fureur du roi d'Angleterre Henri II, répand un jour tout nouveau sur la lutte énergique soutenue par l'archevêque de Cantorbéry en faveur des priviléges de l'Église contre les empiétements du pouvoir

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temporel. Dans une Introduction étendue, M. Hippeau, après avoir comparé les récits des chroniqueurs et des historiens avec celui du poète du dix-septième siècle, réfute quelques-unes des opinions émises au sujet des sentiments qui ont pu servir de mobiles à la conduite de Phomme qui, après avoir été lé confident intime et le chancelier du roi d'Angleterre, devint son adversaire déclaré. On a vu en lui un représentant et un interprète de la race saxonne se défendant courageusement contre la tyrannie de la race normande. Ce point de vue trop exclusif, puisque saint Thomas était normand et non saxon, n'expliquerait qu'imparfaitement sa conduite.

Le poëme de Garnier de Pont-Sainte-Maxence ne fait voir en lui que le champion de l'Église, dont il soutint les droits et pour laquelle il n'hésita pas à faire le sacrifice de sa vie. La notice de M. Hippeau ne la:sse aucun doute à ce sujet.

Quant au poëme lui-même, il offre le plus grand intérêt philologique, et son texte a fourni à M. Littré, pour son grand Dictionnaire, une foule J'exemples.

IV. LE BEL INCONNU, poëme inédit du XIIIe siècle, avec un Glossaire et une Introduction. I volume petit in-8. Prix: 6 fr. papier vélin, et 8 fr. papier vergé.

Ce poëme, dont l'auteur est Renauld de Beaujeu, appartient au cycle de la Table Ronde. L'auteur de la Bibliothèque des Romans, mettant la main sur un livre en prose, imprimé en 1540, sous le titre de Giglan ou le Bel Inconnu, proclamait cet ouvrage comme le plus rare et le plus introuvable des romans de la Table Ronde. Le poëme français qui avait précédé la version espagnole dont ce livre était la traduction, était d'une rareté bien plus grande encore, malgré la célébrité dont il a joui au moyen âge. Il n'en existe aujourd'hui qu'un seul manuscrit connu, appartenant à Monseigneur le duc d'Aumale, qui l'a mis généreusement à la disposition de l'éditeur. Rien de plus attachant que le récit des aventures de ce bel inconnu, fils de messire Gauvin. Le style en est chir, vif, animé, et plusieurs des épisodes qu'il contient ont été reproduits dans d'autres poëmes du même genre, ou traduits par les écrivains espagnols, italiens et anglais, imitateurs, comme on sait, de nos trouvères. Le séjour du Bel Inconnu auprès de la fée de l'Ile-d'or se retrouve dans la partie de la Jérusalem délivrée où le Tasse a représenté Renaud enchaîné aux pieds d'Armide.

Le poëme français est suivi d'une traduction anglaise, tirée par M. Hippeau d'un manuscrit du British Museum (Caligula, A II, fol. 740).

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v. MESSIRE GAUVAIN, ou la Vengeance de Raguidel, par le trouvère Raoul, publié pour la première fois et précédé d'une Introduction. 1 volume petit in-8. Prix: 6 fr. papier vélin, et 8 fr. papier vergé.

C'est encore un poëme appartenant au cycle de la Table Ronde, tiré par l'éditeur, comme le Bel Inconnu, du manuscrit unique du duc d'Aumale. Célébré par les anciennes légendes dont il existe une traduction au British Museum, Messire Gauvain a été l'objet de plusieurs compositions dont on retrouve des traductions dans quelques-unes des bibliothèques de l'Europe. M. Geffroy cite un poëme de Gavian parmi les ouvrages en vers suédois faisant partie de la collection de la reine Euphémie. Sir Frédéric Madden a réuni les versions anglaises et écossaises de chants français relatifs au même chevalier. L'histoire de la vengeance de Raguidel est un des principaux épisodes de la vie du célèbre paladin. Le trouvère Raoul, qui la raconte, y a rattaché plusieurs autres aventures qu'il attribue à son héros. Dans les poëmes de la Table Ronde, c'est ordinairement par la sagesse de ses conseils que brille le neveu du roi Arthur: ici, c'est par son intrépidité à toute épreuve et par son empressement à se jeter au devant du péril et à prendre en main la défense des belles dames, plus disposées à profiter de ses services qu'à s'en montrer reconnaissantes. C'est dans ce poëme que se trouve le récit du Manteau mal taillé et celui des Deux Levrettes reproduit par Creuzé de Lesser, dans son Recueil poétique des principaux romans de chevalerie.

VI. CAMADAS ET YDOINE, poëme d'aventures, publié pour la première fois et précédé d'une Introduction. I volume petit in-8. Prix: 6 fr. papier vélin, et 8 fr. papier vergé,

Les amours d'Amadas et Ydoine n'ont pas été moins répandus au moyen âge que ceux de Tristan et d'Yseult, de Lancelot et de Genièvre. Il est peu de poemes dans lesquels la toute-puissance de l'amour et le tendre dévouement de deux cœurs enchaînés par une affection mutuelle aient été peints avec plus de sensibilité et d'éloquence que dans celui-ci.

C'est sans doute une donnée vulgaire chez les poëtes du moyen âge que celle d'un jeune homme subitement épris d'une beauté qui s'offre à ses yeux pour la première fois; mais ce qui donne à la passion que ressent Amadas pour la fille du duc de Bourgogne un caractère particulier, c'est sa continuité et sa persistance au milieu des événements maginés par l'auteur pour mettre sa fidélité à l'épreuve.

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