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en faveur des Florentins, que d'inutiles me- ligue qu'il redoutait, Sixte IV alla chercher naces, qui ne l'arrêtèrent pas.

de nouveaux alliés parmi les Suisses, qu'il eut peu de peine à armer contre le duc de Milan; ils descendirent, en effet, en Lombardie, rayagèrent le voisinage des lacs, el baltirent l'armée milanaise. A la suite de cet échec, Simonetta, ministre de la duchesse régente, conclut la paix avec eux, en leur accordant quelques milliers de florins (1479); ce fut le dernier service que cet habile ministre rendit à l'Etat. Nous avons vu comment Louis-le-Maure s'en délit, après son entrée à Milan.

Les armées de Mahomet II, en effet, après s'être emparées de plusieurs places de l'Albanie, attaquaient de nouveau le Frioul, qu'elles vaient déjà ravagé deux ans auparavant; le oyaume de Chypre était menacé; la ville de Scutari (Bosphore), après une vigoureuse résistance, était sur le point de se rendre. Efrayé de tant de revers, le sénat, sollicité en ɔutre par Laurent de Médicis et la duchesse le Milan, qui recouraient à la protection de la république, au lieu de l'assister dans sa détresse; le sénat, dis-je, se résigna à accepter les conditions que Mahomet voudrait lui dicter; la paix fut signée (1479), après quinze ans de la guerre la plus redoutable que la république eût encore soutenue; Scutari et son territoire furent abandonnés au sultan; toutes les conquêtes furent restituées de part et d'autre; les Vénitiens payèrent 100,000 ducals, et se soumirent, en outre, à un tribut annuel de 6,000 autres ducats, qui, quelque humiliant qu'il parût, fut compensé par l'avantage d'une franchise absolue accordée à leurs marchandises dans tout l'empire. L'ambassadeur chargé de conclure le traité eut l'adresse d'y faire insérer que, si quelque État arborait l'étendues de paix. Laurent voyait sa position à dard de saint Mare avant d'être immédiatement attaqué par Mahomet, celui-ci reconnaîtrait cet Etat comme sujet de la république, et respecterait son territoire; Venise conservait ainsi l'espoir de faire des conquêtes, par la terreur même qu'inspiraient les armes musulmanes.

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La paix des Vénitiens avec les Turcs mettait Italie à couvert d'une invasion redoutable, elle faisait cesser un danger imminent; elle aurait dû être, par conséquent, pour Zoute la Péninsule, un sujet de confiance et de tranquillité la nouvelle en fut cependant reçue avec mécontentement. Aveuglés par leur jalousie, les différents États ne furent frappés que du rétablissement de l'influence vénitienne; le pape surtout, craignant que Venise ne fit cause commune avec le duc de Milan et les Florentins, l'accusa avec plus de violence que de justice de trahir la cause de la chrétienté. Pour s'opposer à la

Pacification de l'Italic; Innocent VIII; Mort de Laurent de Médicis; Alexandre VI.—Laurent de Médicis, malheureux dans ses deux premières campagnes, et dans l'alliance sur laquelle il avait le plus compté, dans celle de la duchesse de Milan, ne perdit point courage; it alla chercher des secours au dehors de l'Italie; de concert avec les Vénitiens, il songea à ranimer l'ancien parti d'Aujou, pour l'opposer à Ferdinand dans le royaume de Naples, et fit solliciter en Lorraine le petit-fils du vieux roi René, qu'il trouva disposé à soutenir les prétentions de sa famille; au milieu de ces négociations, il reçut de Naples des propositions inatten

Florence devenir chaque jour plus dangereuse les citoyens étaient fatigués d'une guerre ruineuse, entreprise uniquement pour soutenir le crédit des Médicis; dans ces circonstances difficiles, il prit une résolution hardie en apparence, mais la seule en réalité à laquelle il pût s'arrêter; il se rendit lui-même près de Ferdinand, afin de connaître les dispositions secrètes de ce prince, et de les mettre à profit. L'arrivée de Laurent de Médicis à Naples fut un triomphe; les fils du roi vinrent le recevoir au rivage, et le monarque lui-même se montra honoré de la présence d'un pareil hôte. Dans de longues conférences sur la politique de l'Italie, l'habile Florentin fit sentir an roi le danger de forcer la république à appeler les Français à son aide, et d'ouvrir à ces étrangers le chemin de l'Italie; il ajouta que les intérêts des Florentins et de Ferdinand étaient trop conformes pour qu'ils

ne préférassent point tous deux une alliance de bonne foi à une guerre sans but: il leur importait également en effet de maintenir la presqu'île en paix; d'en fermer l'entrée aux Turcs par les Vénitiens, et aux Français par le duc de Milan; d'affermir le gouvernement de celui-ci, ébranlé par la dernière révolution; de surveiller l'ambition de Venise; enfin de contenir le pape, qui, pour assurer une petite principauté à sa famille, troublait toute l'Italie. Ces considérations firent impression sur Ferdinand, qui signa avec Laurent (1480) un traité de paix dont les principales conditions furent la liberté de ceux des Pazzi qui avaient échappé à la sanglante catastrophe de leur famille; une solde de 60,000 florins, payée par la république au duc de Calabre, et la restitution aux Florentins de tout ce qu'ils avaient perdu. La paix avec Ferdinand fut suivie d'une cessation d'hostilités avec le pape.

Le traité que Laurent venait de conclure augmenta son crédit à Florence; à son retour, il fut regardé comme le sauveur de la patrie. Il mit à profit la reconnaissance publique pour affermir son autorité, et remplaça les Balies, dont le nom et l'autorité révolutionnaires avaient contribué à rendre odieux le pouvoir des Médicis, par un conseil permanent composé de soixante-dix citoyens. I employa en même temps les deniers de l'État à payer les dettes contractées par sa famille.

La paix, qui consolidait le pouvoir de Médicis, ne laissait pas que d'exposer sa patrie à un grand danger; elle mettait le duc de Calabre à même d'affermir son crédit dans Sienne, et plaçait cette ville dans une dé pendance absolue de la couronne de Naples. Depuis de longues années Sienne était heu reuse sous le gouvernement des trois Monts réunis des Neuf, des Réformateurs et du Peuple; le duc de Calabre étant parvenu à faire exclure les Réformateurs des affaires, le gouvernement qui suivit cette révolution était prêt à soumettre la république au roi de Naples, lorsqu'elle fut sauvée par le débarquement des Turcs à Otrante. Le duc de Calabre quitta Sienne en toute hâte pour aller repousser les Musulmans, tandis que Sixte IV,

effrayé, appera tous les Italiens à la défene de l'Eglise, et consentit enfin à se réconcilie franchement avec les Florentins (1480). L mort de Mahomet II vint mettre un terme à la terreur de l'Italie; mais le pays ne jout pas long-temps de la paix : une nouvel guerre fut allumée par le pape, qui voulai partager avec Venise les États du duc d Ferrare. Le roi de Naples, le duc de Mila et les Florentins se liguèrent pour défendre ce prince. Après quatre années de guerre les Vénitiens firent avec la ligue une pair dans laquelle les États les plus faibles furen sacrifiés. La nouvelle de cette pacification qui détruisait les projets du pape, fut un coup de foudre pour lui: il mourut d'un accès goutte remontée, laissant en paix l'Italie, qu pendant son règne il avait constamment le nue en guerre (1484).

Le cardinal Cybo, génois (Innocent VIII fut proclamé pontife à la place de Sixte IV. A peine assis sur le trône, il se montra l'en nemi de Ferdinand de Naples, et foment des troubles dans son royaume; cette guerre. qui ne fut signalée par aucun événement in portant, se termina par une paix dont Ferdi-¦ mand et Isabelle d'Espagne furent les me diateurs (1485-1486). Le pape recherch dès lors l'amitié de Laurent de Médicis, d lui accorda toute sa confiance; il fit épouser à son fils une fille de Laurent, et promit chapeau de cardinal au second des fils. encore enfant, du même Laurent, Jean de Médicis, qui devint Léon X.

L'Italie, à cette époque, n'était plus trou blée que par les prétentions de Gènes et de Florence sur Sarzane. Il résulta de cette guerre entre les deux États, ou plutôt des intrigues de Médicis, que Gènes retomba sous la dependance des ducs de Milan (1488). De troubles à Sienne, des conspirations dans les petites villes de la Romagne, l'assassinat de Jérôme Riario, neveu de Sixte IV et sei gneur de Forli; celui de Galeotto Manfredi, seigneur de Faënza; l'abdication de Catherine Cornaro, reine de Chypre, en faveur des Vénitiens; l'arrivée à Rome du prince Zizim, frère et rival de Bajazet empereur Turcs, furent les événements les plus remiar quables des années suivantes

des

Innocent VIII mourut, après s'être soumis, pour se guérir, à la transfusion du sang qu'un médecin juif lui proposa. Pendant la maladie du pontife, le malheureux prince Zizim, dont la tête avait été mise à l'enchère par Bajazet, fut enfermé, par ordre des cardinaux, au château Saint-Ange; il était regardé comme une portion importante de l'héritage pontifical. Innocent VIII eut pour successeur le plus odieux de tous les papes qui souillèrent jamais le saint-siége, Alexandre VI, Roderic Borgia, neveu de Callixte III, acheta la tiare. Vivant publiquement avec une maîtresse nommée Vanozia, il en avait eu quatre fils et une fille, que nous verrons bientôt prendre une part importante aux affaires. L'élection d'Alexandre, si l'on peut donner ce nom à un honteux marché, fut célébrée par des fêtes plus convenables au couronnement d'un guerrier qu'à l'intronisation d'un vieux pontife. Il faut rendre cependant cette justice à Borgia, qu'il savait régner et se faire craindre; il mit de suite un terme à l'anarchie qui désolait Rome sous le pontificat du faible Innocent VIII, et rendit la sûreté à la ville (1492).

Laurent de Médicis ne vit point la mort d'Innocent VIII et la scandaleuse élection d'Alexandre VI. Atteint d'une fièvre lente, qui se joignit à la goutte héréditaire dans sa famille, il mourut avant d'avoir accompli sa quarante-quatrième année (avril 1492). Bien que Laurent ait été l'oppresseur de sa patrie, qu'il ait soutenu par des exécutions sanglantes un pouvoir usurpé, et que son ambition ait eu pour Florence les conséquences les plus funestes, il n'est pas juste de le dépouiller d'une gloire que les siècles ont reconnue. Il mérita, par la protection active qu'il accorda aux lettres, aux sciences et aux arts, d'attacher son nom à l'époque la plus brillante de l'histoire littéraire de l'Italie. Décoré par la postérité du surnom pompeux de Magnifique, que ses concitoyens ne lui donnèrent que comme un titre commun à tous les princes qui n'en avaient pas d'autres, à tous les condottieri, à tous les ambassadeurs, il justifia ce surnom, dont une erreur le mit en possession; car la magnificence fut dans son caractère

non moins que dans sa politique. Son fils, Pierre, qui lui succéda, fut moins heureux et moins habile que lui.

L'Italie jouissait alors d'un calme apparent, mais de nouveaux orages grondaient au loin. De grandes puissances s'étaient formées pour venir remplacer les petites sur la scène de l'histoire : l'Espagne, la France, l'Angleterre, l'Allemagne allaient arriver sur le champ de bataille comme des géants contre lesquels les Etats qui avaient jusqu'alors tenu la balance de l'Europe n'étaient plus capables de lutter. Les Italiens, qui virent tout-à-coup succéder au calme et à la splendeur dont jouissait leur patrie, tous les désastres d'une invasion étrangère, firent honneur de la paix à Laurent de Médicis, parce que l'inva sion des Barbares n'eut lieu que deux ans après sa mort; et ils accusèrent Louis-leMaure de les avoir attirés, parce que ce prince leur renouvela un appel fait vingt fois dans ce siècle et dans le précédent. Il n'y avait qu'un seul moyen de sauver l'Italie, c'était de suivre le projet des républicains de Florence: il fallait maintenir la république de Milan, et partager ainsi la Lombardie entre deux États puissants et libres, Milan et Venise; conserver entre eux l'équilibre par le poids que Florence avec la Toscane niettrait dans la balance; réunir les républiques dans un intérêt commun, celui de la défense de la liberté et de l'indépendance italiennes, et les appuyer par l'alliance des Suisses; une telle ligue aurait alors présenté aux puissances étrangères une barrière insurmontable. Ce projet, formé par les Albizzi, soutenu par Néri Capponi, renouvelée par Sixte IV, échoua par l'ambition personnelle de Cosme et de son petit-fils, qui avaient besoin, pour s'élever, de l'appui d'autres princes, et non de l'alliance d'États libres. On doit donc conclure que, si l'Italie fut perdue, ce fut par les Médicis, plus peut-être que par Louis-le-Maure.

DEPUIS L'INVASION DES FRANÇAIS EN ITALIE SOUS CHARLES VIII, JUSQU'AU TRAITÉ DE CAMBRAI ENTRE FRANÇOIS I ET CHARLES QUINT.

Louis Sforza, dit le Maure, duc de Milan. -- Le duché de Milan étant uni par une confédération particulière avec le royaume de Naples, le duché de Ferrare et la république de Florence. A l'avénement d'Alexandre VI (1492), Louis-le-Maure, qui gouvernait Milan au nom de son neveu Jean Galéas, jugea convenable, non - seulement de resserrer cette alliance, mais encore de l'annoncer pour ainsi dire à toute l'Europe; il proposa donc à ses alliés d'envoyer de concert à Rome une ambassade solennelle pour complimenter le pape. La vanité puérile de Pierre de Médicis fit avorter ce projet, qui pouvait avoir d'heureux résultats, et jeta Sforza dans une ligne politique toute differente. Pierre, ambassadeur des Florentins, craignant que le luxe et l'éclat de sa suite ne fussent moins remarqués au milieu d'autres ambassades, engagea le roi de Naples, Ferdinand, à retirer la parole qu'il avait donnée à Louis; celui-ci, déjà blessé vivement de cette déloyauté, découvrit en même temps qu'un traité secret venait d'être conclu entre Ferdinand et le chef de la république florentine. Justement alarmé de cette union dirigée contre lui, il se rapprocha du pape, avec lequel il conclut une alliance offensive et défensive, el parvint même à déterminer le sénat de Venise à faire cause commune avec lui et avec la cour de Rome.

Cependant Galéas avait atteint l'âge de gouverner; il était marié à Isabelle d'Aragon, fille d'Alfonse et petite-fille du roi Ferdinand. Née pres du trône, élevée dans l'espoir de régner, jalouse de gouverner l'État comme elle gouvernait son mari, dont l'incapacité n'était un secret pour personne, celte princesse supportait avec impatience et l'autorité de Louis-le-Maure et les hauteurs de Béatrix d'Este, sa femme: elle en porta des plaintes à son père. Poussé par son fils, Ferdinand fit demander à Louis que le jeune duc fût mis en jouissance d'une autorité qui lui appartenait de droit. Le tuteur de Ga

léas, loin de renoncer au pouvoir, rechercha l'appui de l'empereur Maximilien, et lui offit en mariage une de ses nièces avec 400,000 ducats de dot, demandant en retour l'investiture du duché de Milan, qui lui fut en effet expédiée par la chancellerie impériale. Ne se fiant point encore complé lement à cette alliance, Louis en vint à une fatale résolution, qui plongea l'Italie dans un abîme de malheurs, et qui rouvrit des plaies qui commençaient à peine à se cicatriser. Il savait que le roi de France, Char les VIII, avait des prétentions sur le royaume de Naples, par suite du legs qu'avant de mou rir Charles du Maine, petit-fils du roi René, avait fait de tous ses droits à Louis XI; il l'engagea donc à faire valoir ces droits par les armes, et le trouva disposé à tenter cette expédition. Bien que les négocia tions eussent été tenues secrètes, Ferdinand de Naples en eut connaissance, et fil tous ses efforts pour détourner l'orage qui le menaçait; il réussit à détacher le pape de la confédération avec quelques sommes d'argent, et une promesse de mariage entre Isabelle, fille naturelle de son fils Alfonse, Geoffroy, fils du pontife. Chaque jour, cependant, la position du vieux roi devenait plus critique: ses alliés ne songeaient qu'à lui vendre chèrement la promesse de leur assistance, sans lui donner aucun secours réel. La fortune, qui l'avait favorisé pendant toute sa vie, le servit encore en le retirant du monde au moment où elle semblait vouloir l'abandonner. Il mourut (1494), laissant deux fils, Alfonse et Frédéric, renommés par leurs talents militaires. Alfonse fut proclamé roi de Naples.

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Alfonse était à peine monté sur le trône, qu'il lui fallut songer à le défendre; il s'y prépara et par les négociations et par les armes. I sollicita l'assistance du sultan Bajazet II, en lui faisant craindre les conséquences de la conquête de Naples par les Français. Le pape, qui, dans ses bulles, exhortait Charles VIII à tourner toutes ses forces contre les Turcs, se joignit à Alfonse pour exciter les Turcs contre le roi de France. Alfonse, cependant, resserrait son alliance avec le pontife, et comblait la maison Bor

gia de faveurs dans le royaume de Naples; il s'unissait, d'un autre côté, avec Pierre de Médicis, les républiques de Toscane et les principautés de la Romagne. Le projet du roi de Naples était de défendre avec ses armées les routes de la Toscane et de la Romague, et de garder la mer avec une flotte sous les ordres de son frère Frédéric. Un congrès fut tenu à Vicovaro pour régler la défense de l'Italie; mais le pape rendit nulles une partie des dispositions adoptées, en #employant les forces napolitaines contre ses ennemis particuliers. Au congrès de Vicovaro, Paul Frégose, archevêque de Gènes, banni de sa patrie, avait offert d'en chasser ses adversaires en se présentant avec la flotte napolitaine, avant l'armement des lères génoises et l'arrivée des vaisseaux français. Charles VIII, averti à temps par le cardinal Julien de la Rovère, fit équiper promptement la flotte de Gènes, et envoya en outre dans la ville le duc d'Orléans avec deux mille Suisses. Frédéric, ayant attaqué Porto| Venere, fut re, oussé, et les émigrés génois furent presque complétement détruits quelques jours après à Rapallo, dont ils s'étaient emparés (1494).

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Entrée de Charles VIII en Italie. Après bien des irrésolutions, Charles VIII, cédant enfin aux instances du cardinal Ju# lien de la Rovère, partit de Vienne en Dau1 phiné (1494), avec une nombreuse armée, qu'une puissante artillerie rendait plus formidable encore. Le duc de Savoie et le marquis de Montferrat, tous deux mineurs, lui laissèrent libre le passage des Alpes. Arrivé à Asti, le roi de France y reçut la visite de Louis Sforza et de sa cour; plusieurs jours se passèrent en fêtes, qui furent interrompues par la petite-vérole dont le roi fut atteint. Promptement rétabli, Charles VIII se rendit à Pavie, où il fut feçu avec les plus grands honneurs. Le malheureux Galéas, avec sa femme et ses enfants, était renfermé dans le château de cette ville; le roi alla l'y voir; Isabelle vint se jeter à ses pieds, et implora sa protection pour ses enfants; Charles répondit par de vagues promesses: quelques jours après son départ, Galéas avait terminé sa triste vie; cette mort, attribuée au poison, répan

dit la consternation dans l'armée fran çaise Louis était à Plaisance lorsqu'il apprit la fin de son neveu; il se hâta de revenir à Milan, et se fit proclamer duc, bien que Galéas eût laissé des enfants.

Le roi, quittant la Lombardie, se dirigea vers la Toscane par Pontremoli; le soulèvement des Colonna, à Rome, empêcha le pape de défendre cette province; Florence elle-même ne fit que de faibles préparatifs. La fermentation fut grande dans cette ville à l'approche de armée française; Charles VIII était irrité contre les Florentins, qui avaient persisté dans leur alliance avec le roi de Naples. Pierre de Médicis crut désarmer le roi en se rendant près de lui; il fut obligé de souscrire aux plus rudes conditions, et de livrer toutes les forteresses de la république. A cette nouvelle, l'irritation du peuple contre Médicis fut poussée au plus haut degré; lorsqu'il revint, la seigneurie refusa de le recevoir, et la multitude insurgée le chassa de la ville avec ses frères. Il se réfugia à Bologne près de Jean Bentivoglio, son allié et son ami, qui lui reprocha de n'avoir pas su mourir plutôt que de céder; mais le jour du revers arriva aussi pour Bentivoglio, et, comme Pierre, il ne mourut pas, mais il traîna ses jours daus l'exil.

Après la fuite des Médicis, le peuple pilla leur palais; la seigneurie, les déclarant rebelles, confisqua leurs biens, mit leurs têtes à prix, et rappela tous les exilés. Le nouveau gouvernement se hâta d'envoyer des ambassadeurs à Charles VIII; ils se rendirent à Lucques, où était le roi; n'ayant pu obtenir d'audience, ils le suivirent à Pise. Au nombre des députés se trouvait Jérôme Savonarola, que les Florentins croyaient doué du don des miracles et de prophétie, et qu'ils regardaient comme un avocal céleste envoyé par la Providence.

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