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de Pyrrhus ou Neoptolème, fils d'Achille. L'Épire était divisée en plusieurs cantons, qui ne furent réunis sous l'autorité des rois molosses qu'après les guerres du Péloponèse. Lorsque les Hellènes envahirent cette contrée, ils ne purent se fixer que dans la portion méridionale, qui reçut le nom d'Épire grecque; la portion du nord, qui resta au pouvoir des indigènes, retint le nom d'Épire barbare; l'Amphilochie, l'Athamanie, la Dolopie, la Molossie, etc., faisaient partie de l'Epire grecque; la seconde ne renfermait que trois États secondaires, la Thesprotie, la Cassiopie et la Chaonie. L'Achéron et le Cocyte coulaient en Épire. Les villes principales furent Buthrotum, résidence du fils d'Achille; Dodone, célèbre par ses oracles et ses chênes prophétiques, nourriciers de l'homme dans les premiers temps de la cosmogonie grecque; Ambracie, colonie des Corinthiens sur le golfe du même nom; Orchine, Ephyre, Élatée, etc. L'Épire était si peuplée, que, lorsqu'elle fut subjuguée par Paul-Émile, l'impitoyable vainqueur détruisit soixante-dix villes et vendit cent cinquante mille habitants comme esclaves.

La Grèce centrale était bornée au nord par le mont OEta; à l'est par le golfe Maliaque et l'Euripe, canal étroit qui la séparait de l'île d'Eubée; au sud par les golfes Saronique et de Corinthe, enfin à l'ouest par la mer Ionienne; elle contenait neuf États.

1o. L'Attique, sorte de presqu'île s'étendant en pointe vers le sud-est, présentait la forme d'un triangle dont deux côtés étaient arrosés par la mer, tandis que le troisième était séparé du reste du continent par une chaîne de montagnes peu élevées qui se détachaient du Cithéron; cette chaîne se séparait elle-même en plusieurs branches secondaires, qui, traversant le pays en tous sens, circonscrivaient les plaines d'Eleusis, d'Athènes, de Marathon et la Mesogoa (terre du milieu). Les monts Hymèle, Pentélique et Laurium, célèbres, le premier par son miel exquis, le second par ses carrières de marbre, le troisième par ses mines d'argent, étaient les plus remarquables de l'Attique. Le Céphise et l'Ilissus l'arrosaient. La superficie de l'Attique était d'environ cent dix lieues carrées; sa

population dans le courant du quatrième siè cle avant J.-C., était de cinq cent vingt-sept mille âmes, en y comptant les étrangers et les esclaves. Sa principale ou, pour mieux dire, son unique ville était Athènes avec ses trois ports, car Marathon, Éleusis, Decélie, n'étaient que des bourgs. La pointe sud-est de l'Altique se terminait par le promontoire de Sunium, jadis célèbre par son temple de Minerve, au pied duquel Platon venait débiter ses éloquentes leçons; quelques colonnes de ce majestueux édifice sont encore debout et ont fait donner au promontoire le nom de cap Colonne.

2. La Mégaride, le plus petit des États grecs, était située entre l'Attique, dont elle faisait autrefois partie, et l'isthme de Corinthe; elle renfermait la ville de Mégare avec son port de Nisée; la Mégaride fut enlevée aux Ioniens, habitants de l'Attique, par une colonie dorienne. Mégare vit naître dans son sein une fameuse école de philosophie.

3o. La Béotie, située au nord-est de l'Attique, présentait un tout autre aspect que celle dernière contrée; c'était une vaste plaine, limitée à l'ouest et au sud par la chaîne du Parnasse et de l'Hélicon; à l'est par le Cithéron; au nord par les monts Cnémis et Ptous, qui la séparaient de la mer. De nombreuses rivières, dont la principale était le Céphise de Béotie, descendaient des montagnes et formaient dans la plaine des marais et des lacs, parmi lesquels on remarquait le Copaïs. Ce lac communiquait avec la mer par des canaux souterrains, dont l'engorgement causa très-probablement le déluge, ou plutôt l'inondation qui, du temps d'Ogygès, couvrit le pays. Le sol de la Béotie était des plus fertiles, et sa population des plus nombreuses; mais ses habitants, renommés pour leur valeur, ne l'étaient point pour la vivacité de leur esprit; leur stupidité était devenue presque proverbiale au milieu de nations si remarquables dans l'histoire des sciences et de la civilisation; cependant la Béotie vit naître quelques grands hommes, et l'on peut citer au nombre des plus beaux génies de la Grèce, Hésiode, Pindare, Épaminondas, Plutarque; la célèbre Corinne y

reçut aussi le jour. Thèbes était la ville principale du pays; on y voyait aussi Platée, Tanagre, Thespies, Orope, Lébadée, Orchomène, Leuctres, Chéronée, etc., dont les noms reviendront maintes fois dans le cours de cette histoire, car le sort de la Grèce se décida souvent dans les plaines de la Béotie. Nous n'oublierons point de nommer Aulis et son port, dans lequel fut retenue si long-temps la flotte d'Agamemnon: Aulis était situé en face de Chalcis, en Eubée.

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4o. La Phocide s'étendait irrégulièrement du mont OEta à la baie de Corinthe; cette contrée montagneuse renfermait des défilés qu'on regardait avec raison comme la clef de la Béotie et de l'Attique; le plus important était celui qui se trouvait près d'Élatée de là la terreur des Athéniens quand ils apprirent que Philippe s'était emparé de cette ville. La Phocide fut d'abord une monarchie gouvernée par Phocus, chef d'une colonie dé Corinthiens; vers le temps de l'émigration dorienne une constitution républicaine fut établie dans le pays, et chaque ville eut une juridiction séparée, quoique ne formant, toutes, qu'un seul État, à l'exception toutefois de Delphes, qui resta directement soumise à l'assemblée des Amphyctions, et de Crissa, qui, par ses richesses, se plaça en dehors de la confédération phocéenne. Élatée était la capitale de tout le pays; les villes les plus remarquables étaient Crissa et Delphes, que nous venons de nommer. La première avait sur le golfe qui portait son nom un port nommé Cirrha. La seconde, située sur une des croupes du mont Parnasse, s'élevait isolée dans une vallée flanquée de monts escarpés et bordée de précipices; son temple, dédié à Apollon, qui y rendait ses oracles par l'organe de la Pythie, était l'objet de la vénération non-seulement de toute la Grèce, mais encore des nations étrangères; il resplendissait d'or et d'argent, et était encombré de richesses et d'offrandes. Six fois il fut pillé et brûlé par les peuples, ou détruit par des tremblements de terre, et six fois il fut reconstruit. Aujourd'hui on ne trouve aux lieux où fut Delphes qu'un misérable village, nommé Castri, habité par quelques familles albanaises, et c'est avec

peine qu'on retrouve quelques débris qui puissent attester l'antique magnificence de cette ville sacrée.

5-6°. La Locride était divisée en deux parties par la Phocide et le mont Parnasse. Sa partie orientale, habitée par les Épicnémidiens et les Opontiens, qui tiraient leurs noms du mont Cnémis et de la ville d'Oponte, s'étendait le long de l'Euripe; c'était dans cette portion de la Locride que se trouvait le défilé des Thermopyles. Ce défilé, seule route par laquelle une armée pût pénétrer de la Thessalie en Grèce, n'était qu'un étroit sentier, resserré entre le golfe Maliaque d'un côté, et la chaîne de l'OEta de l'autre. Ce lieu devint à jamais célèbre par la résistance opiniâtre et la mort héroïque de Léonidas et de ses trois cents Spartiates [480 ans avant J.-C.]. Plus tard [191 ans avant J.-C.], les Romains y remportèrent une victoire signalée sur Antiochus, roi de Syrie. Enfin, de nos jours ce défilé a acquis une nouvelle illustration dans la lutte des Hellènes régénérés contre leurs oppresseurs. La description suivante, que nous empruntons à Hérodote, mettra nos lecteurs à même de concevoir comment Léonidas, avec sa poignée de braves, put arrêter aussi long-temps l'armée innombrable des Perses. « Aux Thermopyles, une » montagne escarpée et inaccessible s'élève » du côté de l'ouest, dans la direction de »l'OEta; mais à l'est se trouvent la mer et des » marais; il y a des sources chaudes dans ce »défilé, d'où lui vient le nom de Thermo»pyles; près de ces sources s'élève un autel »d'Hercule; en partant de la ville de Tra»chis, la route a à peine quinze pieds de » large, mais la portion la plus étroite du »>chemin n'est point encore là, mais plus »loin, où il n'y a plus de place que pour un >> charriot. » La portion occidentale de la Locride, habitée par une peuplade à demi barbare, les Locriens Ozoles, s'étendait le long des côtes septentrionales du golfe de Corinthe, et renfermait deux villes considérables, Amphisse, dans l'intérieur des terres, et Naupacle, aujourd'hui Lépante, sur les bords de la mer.

7°. La Doride était une contrée petite et

montueuse, située au pied du mont OEta; elle fut le berceau de ces nations doriennes, qui accueillirent les Héraclides ou descendants d'Hercule pendant leur exil, et dont les émigrations produisirent de si grandes révolutions dans la Grèce méridionale. La Doride était aussi appelée Tetrapolis, parce qu'elle renfermait quatre villes.

8-9°. L'Etolie et l'Acarnanie, bien que d'une grande étendue, bien qu'aussi favorisées par la nature qu'aucune autre contrée de la Grèce, et peuplées toutes deux par des nations helléniques, étaient encore plongées dans la barbarie lorsque Athènes avait atteint son plus haut degré de civilisation; elles ne prirent part aux affaires générales du pays qu'au moment où il fut sur le point de tomber sous la domination romaine. Les Etoliens, qui, par leur inconstance et leur manque de soi, ne contribuèrent pas peu à la destruction de l'indépendance grecque, firent, dans les derniers instants, une énergique mais inutile résistance. L'Acheloüs, maintenant Aspro-Potamos, le plus considé rable de tous les fleuves du pays grec, prenait sa source dans les montagnes qui séparaient la Thessalie de l'Épire, et coulait ensuite entre l'Étolie et l'Acarnanie, pour venir se jeter dans la mer lonienne, en face du promontoire Araxe, en Achaïe. Les villes principales d'Étolie furent Calydon, patrie de Méléagre, qui, dans les temps fabuleux, convía, dit-on, tous les héros de la Grèce à la chasse de ce fameux sanglier qui ravageait les environs de cette ville, et Thermos, où se rassemblait le Panetolicon, assemblée générale des Étoliens. L'Acarnanie, qui paraît avoir été, dans les temps héroïques, soumise aux rois d'Ithaque, avait pour capitale Stra

tos.

La Grèce méridionale comprenait la presqu'île nommée d'abord Orgie, puis Pelasgie, et enfin Péloponèse, quand Pélops, fils de Tantale, roi d'une ville de Lydie, ayant été contraint de s'exiler, vint, avec une partie de ses sujets asiatiques, en envahir la partie occidentale et former ensuite des établissements dans toute son étendue. Dans les temps modernes elle reçut le nom de Morée, à cause de sa prétendue ressem

blance avec une feuille de mûrier. Au centre du Péloponèse se trouve un plateau, entouré de tous côtés de chaînes élevées de montagnes, qui prennent, en se divisant, différentes directions et rayonnent vers la circonférence de la presqu'ile; entre ces montagnes se trouvent des vallées ou plutôt des plaines riches et fertiles, arrosées par les eaux qui descendent des hauteurs. Le Péloponèse était et est encore divisé en huit provinces.

1o. L'Arcadie formail le centre de la presqu'île. Complétement isolée de la mer, elle était hérissée de montagnes; elle abondait en sources et en fleuves, dont les plus importants étaient l'Alphée et l'Eurotas, qui allaient se jeter, l'un dans la mer Ionienne, l'autre dans le golfe de Laconie. D'autres rivières moins considérables devinrent célèbres dans les fastes de la mythologie; ce furent le Ladon, l'Erimanthe, le Fénée; nous en dirons autant de ses montagnes, l'Érimanthe, le Cyllène, le Ménale, le Lycée Le lac Stymphale, théâtre de l'un des travaux d'Hercule, et celui de Phénéa étaient en Arcadie; la fontaine Nonacris, près de la ville du même nom, donnait naissance au Styx L'Arcadie reçut son nom d'Arcas, l'un des fils de Lycaon. Les pasteurs et les chasseurs de l'Arcadie menèrent pendant long-temps une vie sauvage; cependant leurs moeurs finirent par s'adoucir, et ils s'adonnèrent à l'agriculture; mais ils conserverent toujours leur esprit guerrier, et quand ils ne combattirent point entre eux, ils se mirent à la solde des autres peuples. Le ditu Pan était en honneur chez eux. Les principales villes d'Arcadie étaient Lycosure, la plus ancienne ville que le soleil ait éclairée, au dire de Pausanias; Pallantium, Phenéa, Mantinée, Psophis, Orchomène, Tégée, Leuctres, Phigalée, célèbre par son temple d'Apollon, dont les ruines sont encore si belles et si majestueuses; Mégalopolis, qui, fondée plus tard par Epaminondas, devint la capitale du pays.

2o. La Laconie, justement nommée la Terre des Guerriers, était située au sud de l'Arcadie et de l'Argolide. Creusée dans sa partie méridionale par le golfe profond de Laconie, aujourd'hui de Colok ythia, elle présentait deux

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pointes terminées en promontoires; l'un, situé à l'est, était le cap Malée (aujourd'hui Saint-Ange), en face duquel se trouvait l'île de Cythère, et l'autre, à l'ouest, était le cap Ténare (de nos jours Matapan), extrémité la plus méridionale de la chaîne du Taygète et de l'Europe. Le cap Ténare était percé d'une caverne si profonde que l'opinion po, pulaire la regardait comme l'une des entrées de l'enfer; un temple de Neptune s'élevait à la pointe de ce promontoire. La Laconie, quoique âpre et montueuse, était couverte d'une population si nombreuse qu'elle fut appelée Hecatompolis, à cause des cent villes ou villages dont elle était couverte. Le roi Eurotas fit creuser un canal pour conduire à la mer les eaux qui couvraient le pays; ce canal, devenu fleuve, reçut le nom du prince qui l'avait créé, et alla se jeter dans le golfe de Laconie après avoir coulé dans une vallée formée par la chaîne du Taygèle à l'ouest, et par les monts Ménélaiens à l'est. L'Eurotas fut célèbre par ses cygnes et par la beauté de ses roscaux. Les principales villes de la Laconie étaient Lacédémone avec Sparte sa citadelle, Amyclée, Gythium port des Spartiates, OEtyle, Phare, Augée, Hélos patrie des malheureux Hilotes, Sellasie, où les derniers restes de la puissance de Sparte furent anéantis par Antigone, roi de Macédoine, Epidaure-Liméra, etc.

3o. La Messénie, située à l'occident de la Laconie, en était séparée par la chaîne du Taygèle; au nord, elle était bornée par la Néda, qui coulait entre elle et l'Élide, et par la chaîne du mont Cotyle, qui la séparait de l'Arcadie; elle était baignée au sud par la mer qui formait le golfe de Messénie, et à l'ouest par la mer Ionienne. Les riches plaines de cette fertile contrée, arrosées par le Pamisus, qui les fertilisait sans jamais les désoler, furent connues des anciens sous le nom de Stenyclaros, el tentèrent souvent la cupidité des Spartiates, qui, après des guerres sanglantes, finirent par s'en emparer. Les villes principales de la Messénie furent Pylos, capitale des États du sage Nestor; Andanie, qui fut aussi le séjour des rois du pays; Méthone, Coroné, Thurium, Messène, fondée par Epaminondas après la bataille de Leuctres et

l'invasion de la Laconie. Le mont Ithome est devenu célèbre par la résistance héroïque qu'Aristomène y opposa aux Spartiates dans la seconde guerre de Messénie. L'île de Sphactérie, qui ferme en partie la rade de Pylos (baie de Navarin), est connue dans l'histoire par la défaite qu'y éprouvèrent les Spartiates pendant la première guerre du Péloponèse. Le groupe des Ænuses, îlots inhabités, se trouvait à la pointe de la Messénie.

4°. L'Élide, située au couchant, avait pour limites, au nord l'Achaïe, au midi la Messénie, à l'est l'Arcadie, à l'ouest la mer Ionienne; terre sacrée des Grecs, elle était le lieu où toutes les nations de race hellénique, oubliant leur animosité réciproque, venaient se réunir comme un seul peuple pour assister aux jeux célébrés en l'honneur de Jupiter Olympien; il n'était pas permis de combattre sur ce territoire consacré; des armées ne pouvaient le traverser si elles ne déposaient leurs armes, qu'elles ne pouvaient reprendre qu'après en avoir franchi les frontières. L'Alphée divisait l'Élide en deux parties: l'une au sud, appelée Triphylie, était une contrée couverte de bois qui s'étendait jusqu'à la Messénie; l'autre au nord, était l'Élide proprement dite, et se divisait en deux parties: la première, appelée Élide du nom d'Élis sa capitale; la seconde, Pisatide, de celui de Pise, qui en était la principale ville; aux alentours de cette dernière ville se trouvait le district d'Olympie, où se célébraient tous les quatre ans les jeux olympiques, d'abord sous la présidence des habitants de Pise, puis sous celle de ceux d'Elis, après une guerre sanglante, dans laquelle Pise fut détruite par eux. Sur les bords de l'Alphée était le bois sacré nommé Altis, où se trouvait réuni tout ce que les arts ont jamais produit de plus parfait et de plus précieux; au milieu du bois s'élevait le temple de Jupiter Olympien, qui, renfermant l'admirable statue du dieu sculptée par Phidias, pouvait avec raison être regardé comme le

temple national de toute l'Hellade. En 1829, les archéologues de la commission scientifique de Morée retrouvèrent, en creusant dans le limon du fleuve, les ruines de

ce temple, ainsi que des fragments de basreliefs, qui furent envoyés à Paris et déposés au Louvre. L'enceinte sacrée renfermait de plus un temple consacré à Junon, le stade où se livraient les différents combats, l'hippodrome, où avaient lieu les courses; tout le bois était rempli d'une quantité innombrable de statues, ouvrages des artistes les plus distingués : car tous les peuples grecs rivalisaient entre eux pour orner ce lieu, qu'ils regardaient avec orgueil comme leur propriété commune.

5o. L'Achaïe était une bande de terre longue et étroite, qui s'étendait depuis le territoire de Sycione jusqu'au promontoire Araxe, en face de l'île de Cephallénie, dans une longueur de vingt-quatre lieues de l'est à l'ouest, et sur une largeur de quatre à neuf lieues du nord au sud. La mer des Alcyons (golfe de Corinthe) la baignait au nord; l'Elide et l'Arcadie la bornaient au midi; tout le pays était coupé de montagnes appartenant à la chaîne arcadienne; dans les vallées coulaient de nombreux ruisseaux et quelques rivières, dont les plus considérables étaient le Méganitès, le Sélinus, le Crathis, l'Hermus. L'Achaie fut nommée d'abord Ægialée : elle perdit ce nom quand les Achéens, qui habitaient la partie méridionale du Péloponèse, en furent chassés par les Doriens et vinrent à leur tour expulser les Ioniens de l'Ægialée. Les Achéens ne prirent une part bien active aux affaires de la Grèce qu'après la mort d'Alexandre; la ligue achéenne, formée de la confédération des douze villes dont les noms suivent, Pellène, Egire, Bura, Hélice, Ægium, Rypès, Patræ, Phara, Olénos, Dymé, Tritée et Leontion, devint l'unique et le dernier rempart de l'indépendance grecque. Bura et Hélice, dans le quatrième siècle avant J.-C., furent détruites par un tremblement de terre; après ce désastre, Ægium hérita du territoire des villes détruites et devint la principale cité de l'Achaïe. L'Achaïe ne fut point illustrée par de grands hommes, mais elle fut régie par de bonnes lois, et jouit pendant long-temps d'une tranquillité qui la dédommagea de son obscurité.

6o. La Sycionie était un petit territoire

situé entre l'Achaïe et l'isthme de Corinthe; sa ville principale fut Sycione, qu'on dit avoir été une des plus anciennes villes de la Grèce, et qui devint célèbre par ses écoles de peinture. La Phliasie était un très-petit canton, situé dans le voisinage de Sycione et de Corinthe; sa capitale, Phlionte, donna après la bataille de Leuctres un rare exemple de fidélité aux Lacédémoniens, dont elle avait été l'alliée dans le temps de leur prospérité.

7°. La Corinthie était resserrée dans des limites très-étroites, puisqu'elle ne comprenait qu'une portion de l'isthme et s'étendait à peine dans le Péloponèse. Corinthe, qui en était la capitale et même la seule ville, fut fondée par Sisyphe, qui lui donna le nom d'Éphyre; les avantages de sa position étaien une large compensation à l'exiguité de son territoire; située entre deux mers, communiquant avec le monde entier par le port de Cenchrée ouvert sur l'Asie, et par celui de Lechée ouvert sur l'Europe, elle devint bientôt, par ses richesses, par son luxe, par sa noble passion pour les arts, par ses temples, ses monuments, ses statues, ses tableaux, la rivale d'Athènes et le rendez-vous de toute la terre, mais particulièrement des grands et des riches; de là le proverbe : Il n'est pas permis à tout le monde d'aller à Corinthe. Elle était défendue par une citadelle (l'Acrocorinthe), qui, située sur une hauleur, devenait, en cas d'invasion, le boulevart et la clef du Péloponèse. Corinthe, détruite par le consul Mummius, dut à Jules-César de voir relever ses murailles avec une munificence toute impériale.

8°. L'Argolide, si célèbre dans les temps héroïques, formait une langue de terre qui se projetait dans la mer sur une longueur de dix-sept à dix-huit lieues environ, et se terminait par le promontoire de Scylla; entre elle et l'Attique se trouvait le golfe Saronique ou d'Egine; de l'autre côté, le golfe d'Argos ou de Nauplie la séparait de la Laconie; par ses frontières de terre elle touchait à l'Arcadie et à la Corinthie. Ses villes principales furent Argos, avec sa citadelle Larisse, nom commun aux places fortifiées dans les premiers temps de la Grèce; Mycènes, résidence d'Agamennon; Tyrinthe, Némée,

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