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d'abord en Égypte, dont il fréquenta les prêtres, qui prétendaient posséder les annales du monde ce fut par eux, selon Platon, qu'il eut connaissance de la fameuse île Atlantide, sur laquelle il se proposait de faire un poème. De là, il passa dans l'île de Chypre, où il se lia d'amitié avec un des rois du pays. Il lui conseilla de bâtir, dans une position avantageuse, une ville qui reçut le nom de Soli, et dont il régla lui-même la constitution; cette cité devint bientôt florissante. C'est après le séjour de Solon en Chypre, qu'Hérodote et Plutarque le conduisent à la cour de Crésus, roi de Lydie (573). Ce monarque, l'un des plus puissants de son temps, déploya avec orgueil ses immenses trésors devant le sage Athénien, lui demandant s'il avait jamais connu un homme plus heureux. « Oui, répliqua Solon » qui, contre l'attente du roi, n'avait témoigné aucune surprise; « j'ai connu un homme plus heureux »que vous : c'est un pauvre citoyen d'Athè»nes, nominé Tellus. Après avoir été toute »sa vie au-dessus du bescin, et s'être tou»jours conduit en homme de bien, il mourut »en combattant pour sa patrie, et laissa des »fils généralement estimés. » Il lui cita encore quelques autres personnages. Mais »enfin, » ajouta le roi,« me regardez-vous » au moins comme heureux. »« Prince, »lui dit le philosophe, « quel est l'homme qui »peut se dire heureux avant sa mort? Le monarque s'offensa de cette réponse. Le fabuliste Ésope, qui se trouvait alors à la cour de Lydie, voyant Solon ainsi tombé en disgrâce, lui dit qu'il ne fallait point approcher des princes, ou ne leur dire que des choses agréables.« Dites plutôt, » répondit Solon, « qu'il faut, ou ne point les appro>>cher, ou ne leur dire que des vérités utiles. » L'événement se chargea, du reste, de justifier la réponse de Solon au roi de Lydie. Cyrus, roi des Perses, après avoir envahi le royaume, vainquit Crésus à la bataille de Thymbrée (548), le fit prisonnier, et le condamna, selon la coutume barbare du temps, à être brûlé vif. L'infortuné monarque, montant sur le bûcher en présence de Cyrus, se souvint alors de son entretien avec Solon, et ne put s'empêcher de prononcer trois fois,

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à haute voix, le nom du philosophie. Cyrus, étonné, lui envoya demander quel homme ou quel dieu était ce Solon qu'il invoquait ainsi à la dernière extrémité. Crésus lui ayant tout raconté, le conquérant, plus sage que n'avait été le roi vaincu, ne se contenta pas de le délivrer, mais lui assura une existence honorable. Ainsi, Solon eut la gloire, par son nom seul, de sauver un roi, et de donner une leçon de modération à un vainqueur. Troubles à Athènes. Usurpation de Pisistrate. Solon avait donné une constitution aux Athéniens; mais il n'avait pu calmer entièrement l'esprit de parti, qui se réveilla pendant son absence. Les habitants de la montagne voulaient établir une démocratie pure; Pisistrate était à leur tête. Les habitants de la côte, généralement adonnés au commerce, avaient Mégacles pour chef; leurs richesses les faisaient fortement incliner vers une oligarchie prise dans leur sein. Enfin les propriétaires de la plaine, dirigés par Lycurgue, désiraient voir l'aristocratie territoriale maîtresse des affaires. Tous les citoyens, du reste, demandaient une nouvelle forme de gouvernement : non point qu'aucun parti 'songeât à rétablir l'égalité, mais bien parce que chacun d'eux espérait gagner au changement, et s'emparer du pouvoir.

Sur ces entrefaites, Solon revint à Athènes; il fut accueilli avec des témoignages universels de respect. Mais, trop vieux pour se mettre lui-même à la tête de la république, il s'aboucha avec les chefs des différents partis pour les engager à modérer leurs prétentions, et à se réconcilier entre eux. Pisistrate, son parent, chef du parti démocratique ou de la montagne, était bien supérieur à ses adversaires par ses talents et par ses qualités personnelles; bon général, orateur éloquent et persuasif, homme d'État distingué, il avait tout ce qu'il faut pour séduire la multitude: il savait, de plus, imiter si adroitement les vertus qui lui manquaient, qu'il semblait les posséder au plus haut degré. Ainsi, quoiqu'il fût dévoré d'ambition, et qu'il eût une soif ardente du pouvoir, il passait généralement pour un homme modeste, réservé, amí de la justice et de l'égalité, et surtout ennemi de quiconque voudrait introduire un changement

dans l'Etat. Solon ne tarda point toutefois à pénétrer ses vues secrètes, et refusa avec indignation de s'associer à ses projets ambitieux, tout en cherchant, par ses avis, à le détourner de son but criminel. Pisistrate n'en marcha pas moins à l'accomplissement de ses desseins. Un jour, après s'être blessé lui-même, il se fit porter tout couvert de sang, sur la place publique, disant que ses ennemis, jaloux de son amour pour le peuple, avaient voulu l'assassiner : la multitude, émue de ce spectacle, lui accorda sur-le-champ, malgré l'opposition de Solon, cinquante gardes pour sa sûreté personnelle. Pisistrate en prit autant qu'il le voulut, s'empara de la citadelle (561), désarma le peuple, et saisit l'autorité suprême. Mégaclès et les Alcméonides s'enfuirent précipitamment. Solon résista autant qu'il put aux entreprises de Pisistrate. Il tenta même, les armes à la main, de soulever les citoyens; mais ce fut inutilement. Ses amis, effrayés, voulurent lui faire prendre la fuite, il refusa, et comme ils lui demandaient ce qui pouvait lui donner tant de fermeté : Ma vieillesse, répondit-il.

Cependant Pisistrate, devenu maître de l'État, donna à l'illustre vieillard tant de marques d'estime et de respect, que celui-ci ne put résister à la séduction; il finit par devenir son conseiller. Il est vrai que presque toutes ses lois furent maintenues par le tyran (1), qui fut le premier à les observer. Solon ne survécut point long-temps à l'asservissement de son pays; il mourut deux ans après, et ses cendres furent, dit-on, portées à Salamine. D'autres historiens, en opposition avec Plutarque, prétendent que Solon, pour se soustraire au spectacle douloureux de l'esclavage de sa patrie, se retira en Chypre, où il mourut à l'âge de quatre-vingts ans (558 ans avant J.-C.).

Pisistrale s'empara du pouvoir en 561; il fut chassé deux ans après par Lycurgue et Mégaclès. Rappelé en 556 par ce dernier, qui voulut l'opposer à Lycurgue, il fut renversé une seconde fois en 552, par le même (1) Le nom de tyran n'avait point chez les Grecs l'acception injurieuse qu'il a reçue de nos jours; il s'appliquait à tout homme qui s'emparait du pouvoir, quelle que fût, du reste, sa manière de gouVerner

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Mégaclès, dont il avait épousé et outragé la fille. Enfin, en 538, il ressaisit de nouveau l'autorité, et eut la consolation, mourant (527), de la transmettre à ses fils. Il ne l'avait exercée que dix-sept ans, pendant les trente-trois années, qui s'écoulèrent depuis la première révolution. Tout le temps qu'il fut à la tête de la république, sa conduite mérita les plus grands éloges; il marqua chaque jour de sa vie politique par des actes de modération et de clémence qui adoucirent le caractère difficile des Athéniens, et il rendit une si douce servitude préférable à une orageuse liberté. La ville fut, par ses soins, embellie de monuments utiles; une bibliothèque fut formée; les poésies d'Homère, disposées et publiées dans l'ordre où elles sont encore aujourd'hui, furent, par ses ordres, lues dans les fêtes publiques. Enfin, ce fut sous son administration qu'Athènes commença à devenir la capitale intellectuelle de la Grèce.

Hipparque et Hippias, fils et successeurs de Pisistrate.- Mort d'Hipparque.

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Destruction de la tyrannie. dant quatorze ans, les fils de Pisistrate, quoique avec moins de talent que leur père, continuèrent, néanmoins, son œuvre avec sagesse. Hipparque favorisa les lettres; il attira près de lui et combla d'honneurs les poètes Anacreon et Simonide: malheureusement on eut à reprocher aux deux frères leur ardeur pour les plaisirs. Hipparque, ayant insulté la sœur d'Harmodius, jeune Athénien de distinction, tomba sous ses coups et sous ceux de son ami Aristogiton (514). Harmodius fut massacré sur la place par les gardes des princes. Aristogiton, arrêté au moment même et soumis aux tortures, accusa, au lieu de dénoncer ses complices, les plus fidèles partisans d'Hippias, qui furent sur-le-champtraînés au supplice; il put ainsi, à sa dernière heure, goûter les douceurs de la vengeance, en faisant périr les amis les plus intimes du tyrau. Dès lors, Hippias ne se signala plus que par des injustices et des cruautés; mais son joug, devenu insupportable aux Athéniens, ne tarda point à être brisé (512) par Clisthène, chef des Aleméonides, aidé des Lacédémoniens. Hippias, chassé d'Athènes, se retira

près d'Artapherne, l'un des satrapes de Darius, roi des Perses, et parvint plus tard, par ses intrigues, à faire tourner les armes de ce prince contre sa patrie.

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Clisthène ayant renversé la tyrannie, partis démocratique et aristocratique se trouvèrent de nouveau en présence. Isagoras, chef de celui-ci, parvint à s'emparer du pouvoir, el fit remettre en vigueur la loi qui, bannissant à perpétuité les meurtriers des partisans de Cylon et leurs descendants, frappait directement les Alcméonides, ses rivaux. Si les nobles eussent usé de leur autorité avec modération, la constitution d'Athènes serait probablement devenue oligarchique; mais les violences et les cruautés d'Isagoras provoquèrent une nouvelle révolution, à la suite de laquelle les Alcméonides furent rappelés et leurs adversaires bannis. Clisthène, instruit par les événements, se hâta de dé cider la grande question entre la noblesse et le peuple; il fit, en conséquence, dix tribus au lieu de quatre, et y incorpora les habitants des bourgs, privés jusqu'à ce moment des droits de citoyens. I introduisit cent nouveaux membres dans le sénat, auquel chaque tribu envoya désormais cinquante membres. Ces changements, et d'autres encore faits dans le même sens, placèrent définitivement la force dans le nombre, et transformèrent la démocratie tempérée de Solon en une démocratie pure (509).

Cependant Isagoras, aidé par Cléomène, l'un des rois de Sparte, parvint à former une ligue redoutable des États doriens du Péloponèse et de quelques autres peuples ennemis d'Athènes, et vint se présenter à ses portes avec une puissante armée. Mais Démarate, collègue de Cléomène, blâmait celle guerre, et s'y opposa de tous ses efforts. Par suite de ces divisions, l'armée lacédémonienne se retira sans rien faire, et rentra dans ses foyes. Les Athéniens, délivrés de leurs ennemis les plus puissants, repousserent facilement les autres, et sortirent victorieux d'une lutte dans laquelle leur nationalité et leur liberté avaient été si gravement menacées. Athènes recueillit encore d'autres fruits de la dissolution de la ligue dorienne. La conquête de la Chersonèse de Thrace,

de Lemnos, des Cyclades, par Miltiade (507506); celle de l'Eubée, enfin l'augmentation de sa puissance sur mer, en furent les conséquences immédiates.

Ce fut vers la fin de l'archontat de Clisthène, que le satrape Artapherne demanda orgueilleusement à des ambassadeurs d'Athènes ce que c'était que les Athéniens, et quel lieu de la terre ils habitaient.

Cléomène, roi de Sparte, poursuivait de sa haine son collègue Démarate, depuis le moment où il l'avait trouvé opposé à ses vues dans la guerre contre Athènes; il parvint à le faire descendre du trône, en niant la légitimité de sa naissance et en gagnant à prix d'argent la prêtresse de Delphes, afin qu'elle déclarât qu'il n'avait aucun droit à la couronne. Démarate fut obligé de se réfugier à la cour de Perse; mais bientôt Cléomène, poursuivi par les remords, se tua de sa propre main. Il eut Léonidas pour successeur. Description d'Athènes.

Le rôle important qu'Athènes a joué dans les événements historiques de la Grèce, l'immense influence qu'elle a exercée sur le monde entier comme metropole des sciences, des arts et de la littérature, la révolution glorieuse qui vient d'en faire la capitale du nouvel État grec, nous font regarder comme indispensable d'en donner une description abrégée à nos lecteurs.

Athènes, située dans une plaine, dont la plus grande longueur était dans la direction du sud-ouest, pouvait se diviser en trois parties: la citadelle, ou Acropolis; la ville proprement dite, et les trois ports du Pyrée, de Phalère et de Munychie.

Au temps de Cécrops [1556 avant J.-C.], la ville tout entière était renfermée dans la citadelle; elle se nommait alors Cecropia, du nom de son fondateur; il est probable cependant que les Pélasges occupaient, auparavant, le sommet de l'Acropolis. Elle reçut le nom d'Athènes lorsque Erichtonius y apporta le culte de Minerve. Depuis cette époque, elle s'étendit successivement autour de la citadelle, mais surtout vers la mer, jusqu'à ce que les longues murailles, construites par Thémistocles pour la réunir au Pyrée, en aient complété l'enceinte dans son plus grand développement.

Le sommet de l'Acropolis présentait un plateau ovale de 260 mètres de largeur sur 130 de longueur. On aurait dit un piédestal taillé par la nature pour porter les magnifiques monuments qui le couronnaient. On y arrivait de la ville par un escalier de marbre: de ce point élevé la vue s'étendait à l'est jusqu'au double sommet du mont Hymète, que les abeilles enrichissent encore de leur miel délicieux; au nord, elle s'arrêtait sur le Pentélique, d'où se tirait ce beau marbre si renommé en Grèce, et si souvent mis en œuvre par les plus habiles artistes. A l'ouest, l'œil apercevait le sommet neigeux du Cithéron, qui s'élevait derrière les monts Icarius et Corydalus; au sud, enfin, en allant du levant au couchant, on voyait paraître successivement le promontoire de Laurium, avec ses mines d'argent, les côtes de l'Attique, l'île de Salamine, celle d'Égine; dans le lointain, la Mégaride, les côtes de l'Épidaurie et de l'Argolide, et, toutà-fait à l'ouest, dans le fond du golfe, la citadelle de Corinthe, rivale d'Athènes en richesses, en commerce et en monuments.

Dans l'intérieur du bassin dont nous venons de tracer la circonférence, on distinguait les collines et la plupart des monuments de la ville: au sud-ouest la colline du Musée, à l'ouest les rochers de l'Aréopage, du Pnix et du Lycabetus; au nord le petit mont Anchesme; au pied de la citadelle le théâtre de Bacchus; plus loin le temple de Jupiter olympien; plus loin encore, vers le nord-est, le Lycée, le Stade, le cours de l'Hyssus; vers le nord-ouest, le Céramique, l'Académie et son chemin bordé de tombeaux.

Un édifice d'ordre dorique, construit à grands frais par Périclès, formait un magnifique vestibule à la citadelle; à gauche de ce vestibule s'élevait un temple à la Victoire; un autre bâtiment, à droite, était orné de peintures exécutées par Polygnote. L'intérieur de la citadelle renfermait les plus beaux monuments d'Athènes, et, de plus, une foule de statues consacrées aux dieux, ou aux grands hommes qui avaient honoré leur patrie. Derrière les Propylées, à gauche, se trouvaient le Pandroséum, temple élevé à Pandrose, fille de Cécrops, pour avoir été

la seule qui eût gardé fidèlement un dépôt confié par Minerve à elle et à ses sœurs; puis le double temple de Neptune Érechtée et de Minerve Poliade. Ce dernier renfermait une statue de la déesse, en bois d'olivier, tellement ancienne, qu'on la croyait tombée du ciel. Près de là croissait l'olivier sacré de la protectrice d'Athènes, et coulait la source salée que Neptune fit jaillir d'un coup de trident.

Sur le point culminant de l'Acropolis s'élevait le Parthénon, l'un des plus somptueux ornements d'Athènes; Périclès, vers 444, le fit construire pour remplacer le temple qu'avaient détruit les Perses: il était en entier de marbre pentélique; sa forme était celle d'un parallélograme allongé, ayant soixante-treize mètres de longueur, trente et demi de largeur et vingt et demi de hauteur; il était orné d'un péristyle, d'un pronaios, ou portique, et élevé sur trois marches, qui régnaient tout autour. Les colonnes, d'ordre dorique, sans base, étaient cannelées, et avaient treize mètres environ d'élévation et cinq mètres et demi de circonférence près du sol. De quelque côté que l'on entrât à Athènes, on voyait s'élever au-dessus de la ville et de la citadelle ce temple, qui a passé, à juste titre, pour le chef-d'œuvre de l'architecture chez les anciens et chez les modernes, et qui immortalisa le nom d'Ictinus. On voyait dans la nef l'admirable statue de Minerve, sculptée en ivoireet en or, par Phidias.

Un édifice, nommé Opistodomos, à cause de sa situation derrière le Parthénon, renfermait le trésor public; il était entouré d'un double mur. Les Athéniens y tenaient toujours mille talents en réserve pour subvenir aux besoins imminents.

Au pied de l'Acropolis, vers le nord, était le Prytanée, édifice dans lequel se rassemblait le sénat, et où étaient nourris, aux dépens du public, les citoyens qui avaient bien mérité de la patrie. Au sud-est on voyait l'Odéon, où se livraient les combats de musique, et, plus au midi, le théâtre de Bacchus, où, pendant les fêtes du dieu, se réprésentaient les tragédies et les comédies nouvelles, et où l'on jugeait par conséquent du mérite des poètes dramatiques. On allait an théâtre de Bacchus par la rue du Trépied, ainsi nommée parce

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