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et des mauvaises. Composition froide, point de vérite, exécution foible de tout point, mais les figures ont de la proportion et du mouvement.... D'accord.... l'accouchée est bien ajustée.... trop bien; est-ce qu'il ne devroit pas y avoir dans sa coiffure, dans le désordre de ses cheveux et de son vêtement des vestiges de la scène qui a précédé..... Il y a de la douleur dans sa tête, et les bras en sont bien dessinés.... Mais ses pieds ne sont-ils pas trop petits, et décolorés par la vigueur du coussin qui les supporte; et la tête de cet enfant est-elle soutenue comme elle devroit l'être ? Est-ce ainsi qu'on porte et qu'on donne un nouveau-né ? et ce lit de misère est-il touché? Pourquoi cette sage-femme hors de son état? Je lui aimerois bien mieux des restes de la fatigue de son métier. C'est tout cet apprêt qui fait le petit, le mauvais, qui chasse la nature. C'est qu'il faut un goût plus original, un sentiment plus vif du vrai, pour tirer parti de ces sortes de sujets, et puis le tout est gris. M. Baudouin, vous me rappelez l'abbé Cossart, curé de Saint-Remi, à Dieppe. Un jour qu'il étoit monté à l'orgue de son église, il mit par hasard le pied sur une pédale; l'instrument résonna', et le curé Cossart s'écria: « Ah, ah! je joue de l'orgue; cela n'est

>> pas

si difficile que je croyois ». M. Baudouin, vous avez mis le pied sur la pédale, et puis

c'est tout.

3. Huit petits morceaux en miniature représentant la vie de la Vierge.

Celui de la nativité n'est pas mal; il est bien composé, vigoureusement peint; mais c'est une imitation, pour ne pas dire une copie réduite du même sujet, peint par notre beaupère, pour madame de Pompadour; même Vierge coquette, mêmes anges libertins. Il y a là du beau-père; ce n'est pas du Baudouin pur.... Maître Denis, de la douceur; il y a de l'effet, la couleur est jolie. La Vierge a de la candeur, de la finesse; elle est bien ajustée, l'enfant est lumineux et douillettement fait. Et ces bergers, est-ce qu'ils ne vénèrent pas bien? Regardez bien les autres morceaux, et vous les trouverez spirituellement touchés.... Je regarde, et tout cela ne me paroît que de beaux écrans.... Même la chaumière et la mère qui surprend sa fille sur une botte de paille...... J'en excepte celui-là. Il est à gouache, mais les tons en sont si lumineux, qu'on le croiroit à l'huile. Je suis juste, comme vous voyez. Je ne demande pas mieux que d'avoir à louer sur-tout Baudouin, bon garçon, que j'aime, et

à qui je souhaite de la fortune et du succès.

Sa Chaumière est encore mieux peinte, et d'un meilleur effet que sa Crèche; peu s'en faut que ce ne soit une excellente chose, car c'en est une très-bonne.

4. La Chaumière.

A droite, grande porte de grange. Au-dessus, poutres, chevrons, espèce de fabrique, où vol tigent des pigeons. Au bas, escalier, d'où l'on descend dans la chaumière ; autour de cet escalier, sur le devant une chèvre et des ustensiles de ménage champêtre. Au centre de la toile et du tableau, une vieille, le dos courbé, le visage allumé de colère, les poings sur les côtés, gourmandant sa fille, étendue sur une botte de paille, qu'elle partage avec un jeune paysan. Pauvre lit ! mais que je troquerois bien pour le mien, car la fille est jolie; elle n'y gagneroit pas. Son ajustement n'a pas le sens commun; son élégance jure avec le lieu et la condition des personnages. Les bottes de paille, ce rustique théâtre du plaisir, est au pied des murs de quelques étables, dont la couverture descend en pente. Du fond, vers le devant, tout-à-fait à gauche, espèce de retraite, ou d'enfoncement, où l'on a placé des outils de laboureur.

Je reviens sur mon premier jugement. Tout ceci bien peint, mais très-bien peint, n'est qu'un amas de contradictions; point de vérité, point de vrai goût. Je suis révolté de la bassesse de cette vieille, de ces bottes de paille, de cette écurie, et de cette élégante et de cet élégant qui la caresse. C'est du Fontenelle, brouillé avec du Théocrite. C'est la composition d'une tête foible, étroite et déréglée. Baudouin transportera la fausse gentillesse de son beau-père, dont il est épris, les graces de Boucher, dans une grange, dans une cave, dans une prison, dans un cachot; il fourrera par-tout la petite maison et le boudoir. Il n'entend rien à la convenance. Il ne sait pas qu'il faut que tout tienne. Il ignore ce que les autres savent sans l'avoir appris, et pratiquent de jugement naturel et d'instinct. Ce tact lui manque, j'en suis fâché.

1.

ROLLAND DE LA PORTE..

78. Un Crucifix de bronze sur un fond de velours bleu imitant le relief.

Tableau de deux pieds de haut, sur un pied trois quarts de large.

Je l'ai vu ce Crucifix tant vanté. Il est trèsbien; mais ces sortes de morceaux ne sont pas la magie noire. C'est ce qu'ignorent ceux qu'ils attirent par l'illusion qu'ils font au sens de la vue. Ils n'ont jamais connu ce qu'Oudri exécutoit dans ce genre ; ils n'ont jamais vu des barbouillages d'Allemagne qui ont le même prestige. On a placé le tableau de Rolland à une assez grande distance, et les bas-reliefs d'Oudri, placés parmi les sculptures, étoient si vrais, qu'il n'y avoit que le tact qui put détromper l'œil. Ce que je desirerois, c'est qu'on introduisît un bas-relief d'une grande force dans une composition historique, et qu'on s'imposât ainsi la nécessité d'achever l'ouvrage avec la même vérité et le même effet.

Ce peintre-ci ne manque pas de couleur, il peut aller loin, il faut s'y connoître pour concevoir cette espérance. Il a exposé des fruits, des portraits; les fruits sont beaux, les portraits sont mauvais.

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