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Écurie et Magasin à foin, peints d'après nature, à Rome.

Tableau de deux pieds deux pouces de haut, sur un pied trois pouces de large.

Il est presque impossible de faire concevoir cette composition, et tout aussi mal-aisé d'en transmettre l'impression.

A gauche, c'est une voûte éclairée dans sa partie supérieure par une lumière qui vient d'arcades soutenues sur des colonnes et chapiteaux corinthiens.

La hauteur de cette voûte est coupée en deux; l'une éclairée, et l'autre obscure.

La partie éclairée et supérieure est un grenier à foin, sur lequel on voit force bottes de paille et de foin, avec de jeunes paysans et de jeunes paysannes occupés à les ranger. Parderrière ces travailleurs, des fourches, une échelle renversée, et autres instrumens, moitié enfoncés, moitié sortant de la paille et du foin. Une autre échelle dressée porte, par son pied, sur le devant du grenier, et par son extrémité supérieure, contre une poutre qui fait la corde de l'arc de la voûte. A cette poutre ou linteau, il y a une poulie avec sa corde et son crochet à monter la paille et le foin.

C'est donc toute la partie concave de l'édifice qui forme le grenier à foin, et c'est le reste qui forme l'écurie.

L'écurie, ou toute la portion de l'édifice, depuis le linteau qui forme la corde de l'arc de la voûte jusqu'au rez-de-chaussée, est obscure, ou dans la demi-teinte.

Il y a au côté droit, une forte fabrique de charpente à claire-voie. C'est une espèce de fermeture commune à l'écurie, et à une partie du grenier à foin. Cette fermeture est entr'ouverte.

A droite, du côté où la fermeture s'entr'ouvre, en dehors, un peu en deçà sur le devant, on voit deux paysans avec leurs chiens. Ils reviennent des champs. Un de leurs boeufs est tombé de lassitude. La charrue qui le masque n'en laisse voir que la tête et les cornes.

Dans l'écurie, les objets communs d'umpareil local, jetés pêle-mêle, très-pittoresquement; dégradation de lumière si parfaite; obscurité où tout se sépare, se discerne, se fait valoir. Ce n'est pas le jour, c'est la nuit qui circulé entre les choses. Il y a, à l'entrée de -P'écurie, deux chevaux de selle, avec un palefrenier.ilml

Plus, vers la gauche, c'est une voiture, attelée d'un cheval, chargée de nouvelles bot

tes de paille ou de foin, et couverte d'une grande toile. A côté de la voiture, son conducteur.

Une autre fabrique, faisant angle en retour avec la précédente, montre une seconde arcade, seulement fermée par en bas par un fort assemblage de charpente à claire-voie. Audedans de cette arcade, assez de lumière pour discerner de grandes ruines. On découvre au mur latéral gauche, une statue colossale dans une niche. Proche du pied droit de cette arcade, à terre, tout-à-fait à gauche, sur le devant, autour d'une paysanne accroupie, l'artiste a dispersé des paniers, des cruches, une cage à poulets.

Voilà un tableau du faire le plus facile et le plus vrai. C'est une variété infinie d'objets pittoresques, sans confusion; c'est une harmonie qui enchante; c'est un mélange sublime de grandeur, d'opulence et de pauvreté; les objets agrestes de la chaumière entre les débris d'un palais ! Le temple de Jupiter, la demeure d'Auguste, transformée en écurie, en grenier à foin ! L'endroit où l'on décidoit du sort des nations et des rois, où des courtisans venoient en tremblant étudier le visage de leur maître, où trois brigands, peut-être, échangérent entr'eux les têtes de leurs amis,

de leur père, de leur mère, contre les têtes de leurs ennemis. Qu'est-ce à présent? Une auberge de campagne, une ferme.

Quantum est in rebus inane!

Ce morceau est, ou je suis bien trompé, un des meilleurs de l'artiste. La lumière du grenier à foin est ménagée de manière à ne point trancher avec l'obscurité forte de l'écurie ; et l'arcade latérale n'est ni aussi éclairée que le grenier, ni aussi sombre que le reste. Il y a un grand art, une merveilleuse intelligence de clair-obscur. Mais ce qui achève de confondre, c'est d'apprendre que ce tableau a été fait en une demi-journée. Regardez bien cela, M. Machy, et brisez vos pinceaux.

Un jour que je considérois ce tableau, la lumière du soleil couchant venant à l'éclairer subitement par-derrière, je vis toute la partie supérieure du grenier à foin teinte de feu; effet très-piquant, que l'artiste auroit certainement essaié d'imiter, s'il en avoit été témoin. C'étoit comme le reflet d'un grand incendie voisin, dont tout l'édifice étoit menacé. Je dois ajouter que cette lueur rougeâtre se mêloit si parfaitement avec les lumières, les ombres et les objets du tableau, que je de meurai persuadé qu'elle en étoit, jusqu'à ce

que le soleil venant à descendre sous l'horizon,

l'effet disparut.

Cuisine italienne.

Tableau de deux pieds un pouce de large, sur quinze pouces de haut.

C'est une observation assez générale, qu'on devient rarement grand écrivain, grand littérateur, homme d'un grand goût, sans avoir fait connoissance étroite avec les anciens. Il y a dans Homère et Moïse une simplicité dont il faut peut-être dire ce que Cicéron disoit du retour de Régulus à Carthage: Laus temporum, non hominis. C'est plus l'effet encore des mœurs que du génie. Des peuples avec ces usages, ces vêtemens, ces cérémonies, ces loix, ces coutumes, ne pouvoient guère avoir un autre ton. Mais il y est, ce ton qu'on n'imagine pas; et il faut l'aller puiser là, pour le transporter à nos temps, qui très-corrompus, ou plutôt très-maniérés, n'en aiment pas moins la simplicité. Il faut parler des choses modernes å l'antique.

Pareillement il est rare qu'un artiste excelle, sans avoir vu l'Italie; et une observation qui n'est guère moins générale que la première, que les plus belles compositions des pein

c'est

J

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