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fussent vérifiés par un seul et même arrêt, et non autrement. Une conduite aussi irrégulière et aussi révoltante ne pouvoit manquer de jeter l'Académie dans d'étranges soupçons. Elle agit en conséquence, et, craignant quelque nouvelle surprise, elle insista pour que la transaction fût exécutée textuellement. Les jurés tinrent bon pour la prétention contraire. La contestation s'échauffa; tout sembla menacer d'une rupture. L'on crut même s'apercevoir qu'ils ne cherchoient qu'un prétexte pour la faire naître. M. Hervé intervint de nouveau. Il s'appliqua à calmer les appréhensions de l'Académie, en lui représentant la formalité qui l'agitoit comme en soi assez indifférente. Il l'exhorta affectueusement à céder sur ce point à l'opiniâtreté des jurés, plutôt que de retomber dans les horreurs d'un long et fatigant procès. Il fit si bien enfin, qu'elle condescendit à ce qu'il désira d'elle; en récompense il voulut bien, pour nous sauver le désagrément de ces sortes de discussions, se charger de poursuivre lui-même cette double vérification au Parlement.

SECONDE ÉPOQUE.

Jonction de l'Académie avec la Communauté des Maîtres sur le pied des 12 articles du 7 juin 1651.

'Académie royale se trouva donc ainsi réunie en société réglée avec la communauté des maîtres peintres et sculpteurs de Paris. Cette société devoit être régie en commun par des chefs tirés des deux corps indistinctement. Il étoit seulement stipulé que ceux que l'on choisiroit dans le corps des maîtres devoient y avoir passé dans toutes les charges de maîtres, de confrérie et gardes; enfin, par une convention verbale, il avoit été dit qu'en commençant la jonction, l'Académie recevroit parmi ses douze anciens quatre membres de la maîtrise duement qualifiés comme dessus.

En conséquence de cette dernière détermination, l'Académie commença par déclarer qu'elle admettoit au nombre de ses douze anciens les

sieurs Vignon, Poerson, Buyster et Baugin. Les deux premiers, comme on l'a pu voir ci-devant, avoient été de la députation faite par leur communauté aux dernières conférences, et, par ce qu'ils y avoient mis d'honnêteté et de candeur, avoient beaucoup contribué au succès de la jonction. Tous quatre étoient des plus considérables de leur corps.

La première assemblée de cette jonction se tint dans le lieu ordinaire où se faisoient celles de l'Académie. Ce ne fut qu'après avoir bien essuyé de nouvelles difficultés de la part des jurés. Ils en étoient comme hérissés, et se faisoient une espèce de point d'honneur d'incidenter sur tout. Où ils se promettoient principalement de faire preuve de leur supériorité en ce genre d'escrime, c'est lorsqu'il s'agiroit de régler l'ordre des séances entre les deux corps. L'Académie pénétra leur dessein, et songea à le faire manquer, du moins pour cette fois. Elle ne vouloit point que le premier pas de la jonction fût marqué par un éclat scandaleux. Elle attendit donc, sans prendre aucune précaution, le jour de l'assemblée générale, et la laissa se former d'elle-même. Alors elle sut si bien se retourner qu'elle porta les deux compagnies à prendre leur séance indifféremment et comme au hasard. Chacun des membres de l'une et de l'autre se plaça donc comme il se trouva dans le moment.

Cette petite adresse eut pourtant cela de mauvais, qu'elle commença par réduire en problème et mettre en compromis le rang d'honneur qui appartenoit à l'Académie royale à tant de titres différents. Les jurés ne furent pas les derniers à s'en apercevoir, et ce ne fut qu'à cet avantage que l'on venoit de leur donner que fut due la conduite réservée et paisible qu'ils affectèrent durant tout l'acte de ce jour, effet que le commun des académiciens eut la simplicité d'attribuer au respect que la présence de tant d'hommes illustres qui présidoient à leur corps ne pouvoit manquer d'imprimer à des hommes d'un ordre si inférieur.

En même temps que l'on commit cette faute d'un côté, le secrétaire de l'Académie fit, de l'autre, une démarche qui en devint en quelque sorte le correctif, et qui fut un coup de parti pour la conservation de l'honneur et de la dignité académiques car, remarquant le mouvement que chacun se donnoit pour se placer, et l'état de distraction où les jurés étoient comme détenus dans ce moment, il le saisit avec une présence d'esprit admirable; et, sans attendre l'aveu ni demander l'attache de personne, il fut occuper seul le bureau qu'avoit coutume d'occuper de même celui qui jusque alors avoit exercé cet emploi dans l'Académie. Ç'avoit été son frère aîné, et, quoique lui puîné eût été nommé dès le mois de mars précé

dent pour l'y remplacer, il n'en prit néanmoins possession actuelle qu'en cette première assemblée générale de la jonction. Or la manière dont il prit ainsi possession du secrétariat et celle dont il débuta par en faire les fonctions, en proposant de son chef les matières à mettre en délibération et en rédigeant par écrit et registrant sur-le-champ les résolutions de l'assemblée, retint à l'Académie, en la personne de son officier, cette portion si séante de son autorité, dont la perte l'eût jetée dans un avilissement et une confusion irréparables.

L'ouverture de cette première assemblée générale se fit donc presque au même instant par le secrétaire de l'Académie et dans l'ordre qui suit. Il fit d'abord la lecture des statuts et règlements de cette compagnie et des lettres patentes d'homologation et de confirmation du mois de février 1648. Ensuite il fit celle des articles convenus pour la jonction le 7 juin 1651 et de la transaction passée pour les valider le 4 août suivant. Cela fait, il proposa l'observation du tout aux deux compagnies présentes. Toutes deux promirent et s'engagèrent d'en exécuter ponctuellement tout le contenu. Aussitôt, et sans laisser aucun intervalle sensible, il leur proposa deux points d'administration sur lesquels il requit que l'on délibérât à l'heure même, attendu leur importance, pour le bon ordre et pour faire honorer les premiers pas

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