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de paix et de quiétude où tendoient tous ses désirs, ces esprits brouillons tournèrent leurs armes contre eux-mêmes ou, pour parler plus exactement, contre tout ce qu'il y avoit dans leur communauté d'hommes sages et vertueux et qui vouloient le bien commun véritablement et sans détour. Ceuxci regrettoient de ne plus trouver ces sentiments d'honneur, cet esprit d'union, cet amour de la règle et du bon ordre qu'ils avoient tant admirés dans ceux qui étoient à la tête de l'administration académique. Ils gémissoient de ne rencontrer en échange qu'intérêt particulier, que division, qu'irrégularité et que confusion. Les plaintes qu'ils en faisoient entre eux étoient, par ceux-là mêmes qui les causoient et en connoissoient le mieux la justice, traitées d'imputations odieuses. A les entendre elles ne pouvoient partir, ces imputations, que de quelques membres corrompus de la communauté. Pouvoit-on les méconnoître, et n'étoient-ce pas les mêmes qui osoient prétendre que c'étoit à force d'incidenter et de contester que l'on avoit contraint l'Académie à renoncer à la jonction? Ces insinuations dangereuet d'autant plus même qu'elles sortoient du milieu même de la maîtrise, n'avoient-elles pas gagné tout le public et percé dans tous les tribunaux? Pouvoit-on trop se prémunir contre une défection si marquée et trop s'appliquer à faire

ses,

connoître l'Académie pour ce qu'elle étoit, c'est-àdire pour le seul auteur de la rupture, devenue pour la communauté un événement capital et une affaire d'honneur? Ainsi parloient, pour y décrier et décréditer les gens de bien, ces esprits factieux qui y tenoient la principale autorité. Toute leur industrie ne tendoit qu'à s'y maintenir par la division de leur corps, et en lui-même et d'avec le corps académique, et leur insidieuse manie étoit en même temps d'en vouloir sur celui-ci faire retomber tout le tort.

L'on ne finiroit point si l'on entreprenoit de coter toutes les tentatives qu'ils firent pour parvenir à cette fin. Il suffira d'en citer une dernière sur laquelle ils avoient beaucoup compté, et où ayant échoué comme dans les autres, ils nous laissèrent à la fin en repos. Elle visoit à tirer de l'Académie quelque acte en forme par lequel elle acquiesçât à la séparation. Pour la lui imputer ensuite avec éclat, un tel acte, dans leurs mains, deviendroit une pièce triomphante. L'Académie ne demanderoit pas mieux peut-être que de le leur délivrer. Pleins de cette idée, un certain nombre de leurs anciens se rend à l'une de nos

assemblées. Il étoit assez rare, quand cela arrivoit, qu'on ne leur tînt pas quelques propos de pacification. C'étoit une espèce de politesse établie d'en user ainsi avec eux, quoique, à la vérité,

l'on n'en attendoit pas un grand effet. Cette foisci on les accueillit sur ce pied-là comme à l'ordinaire; les émissaires dont il s'agit répondent en gens assez bien intentionnés, mais qui, en l'état où sont les choses, désespèrent de tout raccommodement. Une bonne séparation faite et consentie amiablement de part et d'autre est, à les entendre, le parti le plus sage et le plus convenable qui reste à choisir. Leur communauté pense si bien de même que, si l'Académie veut s'y accorder, elle paiera volontiers la moitié des loyers échus pour raison du logement de la jonction, et qu'ils reconnoissoient être dus en commun. M. Ratabon, qui présida à l'assemblée où se hasarda cette proposition, n'en fut pas la dupe un instant. Il demanda à ceux qui la faisoient s'ils y étoient autorisés par leur compagnie, et par un acte en bonne forme. Se voyant ainsi pris au dépourvu, ils répondirent qu'ils n'avoient rien avancé dont ils ne se tinssent bien assurés d'être avoués de leur compagnie; mais qu'à la vérité les pouvoirs qu'ils en avoient n'étoient point rédigés par écrit. M. Ratabon leur déclara que cela étant, il étoit inutile d'entrer dans aucune délibération à ce sujet ; que l'Académie étoit toujours dans le dessein de conserver, avec la communauté des maîtres, l'union et la concorde la plus parfaite, et que, si eux, députés comme ils se disoient être, avoient quel

que ouverture à faire qui pouvoit intéresser la compagnie, ils pouvoient venir en l'assemblée suivante dûment autorisés, et qu'alors l'on verroit ce qu'il y auroit à faire, et s'il y auroit lieu de traiter avec eux. Ils se retirèrent avec cette réponse, qui leur fit bien concevoir qu'ils avoient manqué leur coup.

Cependant, dans la vue d'écarter les soupçons de dehors, et se donner de ce côté un air de gens à conciliation, ils se présentèrent en l'assemblée indiquée; mais c'étoit pour y tenir un tout autre langage que celui dont ils avoient amusé la séance précédente. Rien ne les déceloit mieux que cette tergiversation. Ils demandèrent cette fois l'exécution pure et simple des articles de la jonction, et notamment la conservation de leurs séances. Un refus positif de l'Académie assemblée devoit, dans l'idée de ceux qui conduisoient cette menée, opérer le même effet qu'eût fait l'acte qui venoit d'échapper à leur adresse, et ce refus leur paroissoit immanquable. La réponse du directeur démonta encore cette batterie-là. Il leur marqua que l'Académie respectoit trop les commandements du roi pour pouvoir s'engager dans une discussion qui y paroissoit absolument contraire; et, qu'au surplus, en tout ce qui dépendoit d'elle, elle se feroit toujours un sincère plaisir d'aller au devant de ce qu'elle croiroit en pouvoir faire aux

maîtres en général et en particulier, et de remplir à leur égard tous les devoirs de la justice, de l'amitié et de la bonne association. Les députés, ainsi éconduits, virent bien que l'Académie étoit désormais trop sur ses gardes pour donner dans les piéges qu'ils voudroient lui tendre. Ils se le tinrent pour dit, eux et leurs adhérens, et ne se présentèrent plus à l'Académie, ni aucun autre membre de la communauté.

Cette séparation actuelle, réelle et sans retour, termine ici la seconde des trois époques qui forment la division de cette dernière partie de mon travail.

FIN DU TOME PREMIER.

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