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Quant aux aînées, et c'est encore un calcul de la part de la déesse, tout leur sourit ; vingt partis se sont présentés, elles n'ont eu que l'embarras du choix. Gens de bon lieu, fils de rois, princes pour le moins, les soupirans qu'elles ont bien voulu finir par accepter pour maris eussent pu être plus jeunes et mieux pris de leur personne, mais l'or de leurs couronnes dentelées était du meilleur aloi; la coupe de leurs tuniques et manteaux, les broderies de leurs brodequins et cothurnes défiaient de tout point la critique. Ils avaient d'ailleurs fait preuve de beaucoup de savoir-vivre, alors que, du haut de l'estrade qui supporte le trône et que recouvre la pourpre, un père et une mère, préoccupés, même en cet instant, du sort de leur cadette, avaient prononcé des paroles de royal assentiment au bonheur de deux couples.

Tant d'attraits, et un si complet délaissement!... Apollon, au lieu de faire connaître, ainsi qu'on le demandait à genoux, les causes de ce prodige, répondit en vers tant soit peu barbares :

Au plus haut d'un rocher que Psyché soit menée
En funèbre arroy propre à cet hyménée;

Et pour gendre n'attends nul du lignage humain,
Mais un monstre farouche, indomptable, inhuma,
Portant aile légère,

Plus à redouter que vipère,

A tous faisant la guerre ;

Il brouille tout, armé de feu, de fer;

Jupin le craint, si font les cieux, les eaux, l'enfer.

Est-ce bien là ce que Vénus attend, ce qu'elle a demandé à son fils, ce qui a été promis à ses jalouses fureurs ? Au temps seul il appartient de nous l'apprendre.

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