ページの画像
PDF
ePub
[ocr errors]

Tel,lorsqu'aux champs de Thrace,aux bords du Thermo
Hippolyte conduit son brillant escadron;

Ou lorsque sur son char traversant la mêlée
Une lance à la main vole Penthésilée,
Soudain s'élance, armé de son léger croissant,
Des héros de son sexe un essaim frémissant,

Qui, frappant à grand bruit ses armes colorées,
Heurle son chant barbare aux monts Hyperborées:

Les monts, les bois, les eaux, répondent à leur vois
Quel trépas le premier signale tes exploits,
Quel héros le dernier expire ta victime,
O guerrière intrépide et nymphe magnanime!
O dieux! combien de morts entassés par ton bras!
Eunéus le premier a reçu le trépas;

Ce fils de Clytius, digne de sa naissance,
Dans son corps traversé reçoit ta longue lance:
Il tombe, et, sur la terre en vain se débattant,
De rage mord la poudre et se roule en son sang.
Deux guerriers à leur tour sont couchés sur ces plaines:
De son coursier blessé l'un reprenoit les rênes,
Liris étoit son nom; Pagasus près de lui
De son bras désarmé lui présentoit l'appui :
Tous deux tombent frappés par la nymphe guerrière.
Amastre à côté d'eux termine sa carrière.

Sur des monceaux de morts elle suit son chemin;
Deloin, le corps penché, le javelot en main,

Elle poursuit Chromis, Harpalyce et Térée;
Du sang de Démophon sa lance est altérée:
Autant il part de traits de son terrible bras,
Autant de Phrygiens sont voués au trépas.

Sur un coursier nourri dans les champs de la Pouille
Elle voit Ornytus, elle veut sa dépouille :
Chasseur déjà fameux, mais combattant nouveau,
D'un buffle sur son corps il étale la peau;
Sur son cimier un loup dans sa gueule béante
Présente la blancheur de sa dent menaçante;
Et de son bras velu la sauvage vigueur
S'arme d'un bois grossier courbé dans sa longueur ;
Il marche, il a passé de Diane à Bellone,
Et surpasse du front tout ce qui l'environne;
Seul il résiste encor; son bataillon a fui.

Elle vole, l'attaque; et, s'adressant à lui,
«Crois-tu dans tes forêts faire encore la guerre?
» Dit-elle; de ton corps va mesurer la terre.
» Ainsi sont réfutés tès insolens propos;

» Une femme suffit à de pareils héros :

» Meurs, et va te vanter dans le royaume sombre

>> Que tu meurs de ma main; c'est assez pour ton ombre. » Avec non moins d'ardeur elle poursuit de près

Et le jeune Orsiloque et l'énorme Butès.

Butès expire atteint de sa lance fatale

A l'endroit où, laissant un étroit intervalle,

[ocr errors]

Sa cuirasse, son casque et son court bouclier,
Offrent à découvert le cou de ce guerrier.
Orsiloque à son tour, dont le bras la menace,
Décrit un vaste cercle en courant sur sa trace;
Dans un cercle moins vaste elle échappe, elle fuit,
Et poursuit à son tour celui qui la poursuit;
Puis sur ses pieds dressés se levant tout entière,
Sa hache, sans égard pour sa vaine prière,
Fend son épaisse armure et ses robustes os;
Et du crâne brisé le sang coule à grands flots.
Tout à coup à ses yeux le hasard fait paroître
Le rusé fils d'Aunus, que l'Apennin vit naître.
Nul des Liguriens, peuple artificieux,
Ne fut ni moins vaillant, ni plus insidieux.

A l'aspect de Camille, il s'écrie, il s'arrête;

Voyant qu'il ne peut fuir, et que sa mort s'apprète, A la ruse aussitôt sa frayeur a recours,

Et pour tromper Camille il lui tient ce discours: « Pour s'assurer sans doute une fuite facile, >> Camille se confie à ce coursier agile;'

» Ce moyen est honteux: laissez là ce coursier; » Seule à pied contre moi venez vous essayer; » Vous verrez qui de nous a des droits à la gloire, >> Et pour juge entre nous nous prendrons la Victoire L'amazone à ces mots s'enflamme de dépit,

Et, rendant son coursier à celle qui la suit,

Avec son glaive nu, son armure légère,

Offre un combat égal à son lâche adversaire.
Lui, de son vain.succès s'applaudissant trop tôt,
Retourne son coursier, et, s'échappant d'un saut,
Aiguillonne les flancs de l'animal rapide:

[ocr errors]

<< Traître Ligurien! en vain ton art perfide >> Des ruses de ton peuple emprunte les secours; >> Tu n'éviteras pas cette mort où tu cours, » Et de ton lâche cœur la fourbe héréditaire » Ne pourra pas vivant te remettre à ton père. A ces mots elle part, et d'un rapide essor Vole, poursuit, attaque, et saisit par le mor Le coursier fugitif qui l'emportoit loin d'elle, Et joint à tant de morts sa victime nouvelle. Tel d'un mont élevé le terrible faucon Part, poursuit dans les airs le timide pigeon; Il arrête en son vol sa victime tremblante, Il la presse, il la tient sous sa serre sanglante, Enfonce dans son sein son bec victorieux; Le plumage sanglant tombe du haut des cieux: Ainsi vole, combat, et triomphe Camille.

Cependant Jupiter de son palais tranquille Voit les Toscans tomber sous ses rapides coups: Aussitôt, de Tarchon irritant le courroux, Il veut que sa valeur rallume leur vaillance. D'un cours impétueux l'Étrurien s'élance

[ocr errors]

Parmi les cris, le sang, les morts et les fuyards;
Il nomme par leurs noms les combattans épars,
Les ramène au combat, et, gourmandant leur fuite,
» Lâches Tyrrhéniens! où courez-vous si vîte?
» Leur dit-il; quelle peur vous a saisis? Eh quoi!
» C'est une femme ici qui vous glace d'effroi !

Que font donc dans vos mains ces impuissantes armes
» Les combats de Vénus ont pour vous plus de charmes,
» Sans doute; et vos pareils préférèrent toujours
» Aux clairons belliqueux la lyre des Amours:
» Sitôt que de Bacchus les cymbales résonnent,
» Dans la coupe à plein bord lorsque les vins bouillonnent,
» Intrépides buveurs, convives courageux,
» Aux jeux sanglans de Mars vous préférez ces jeux!
» Allez, la flûte en main vos prêtres vous demandent,
>> Et dans vos bois sacrés les festins vous attendent.»

Il dit, brave la mort, et, portant la terreur,
Sur Vénulus s'élance enflammé de fureur,
L'arrache à son coursier, le saisit et l'enlève.
Soudain un bruit confus de toutes parts s'élève:
Les Latins consternés les regardent tous deux.

Le fier Toscan emporte en ses bras vigoureux
Et l'homme et son armure; et dans toute la plaine
Serré contre son sein malgré lui le promène ;
Et tandis que d'un bras il le soutient dans l'air,
De sa lance qu'il rompt l'autre arrache le fer;

« 前へ次へ »