» Mais d'un feston plus doux le chêne les couronne. » Ils partent de ses tours Nomente s'environne; : >> Ils forment vingt cités pour vingt peuples heureux, » Et Gabie, et Fidène, et ce séjour fameux, » Où de la chasteté brillera le modèle; >> D'autres, pour augmenter leur puissance nouvelle, » Bâtiront Pommetie et les remparts d'Inus, » Lieux célèbres un jour, maintenant inconnus. >> Voyez-vous ce guerrier, l'honneur de l'Italie, » Ce demi-dieu mortel, qui, dans le sein d'Ilie, » Pour venger son ayeul, relevé par son bras, >> Naîtra du sang de Troie et du dieu des combats ? » Voyez-vous sur son front ces aigrettes flottantes, » De la faveur du ciel ces marques éclatantes, » Cet aspect vénérable et cet air de grandeur, >> Où Jupiter lui-même imprime sa splendeur? » C'est Romulus, c'est lui, par qui Rome immortelle » Du haut de ses sept monts rassemblés autour d'elle, » Portera notre gloire à nos derniers neveux, >> Son sceptre au bout du monde,et son nom jusqu'aux cieux; » Rome, reine des rois; Rome en héros féconde, » La terreur, la maîtresse et l'exemple du monde. » Telle aux jours glorieux de ses solemnités, » Fière et s'environnant de cent divinités, » Sur son char triomphant, la féconde Cybèle » Contemple avec orgueil une race aussi belle, » Et dans ses petits-fils embrasse autant de dieux, >> Tous buvant le nectar, tous habitans des cieux. >> Tourne les yeux: ce peuple où tes destins prétenden >> Ces fiers Romains, regarde, ils sont là qui t'attender » Voilà César, voilà ces héros triomphans, » Du noble sang d'Iule innombrables enfans. » Mais celui que le ciel promit par cent oracles, >> Pour qui seront les dieux prodigues de miracles, » Le second des Césars, le premier des humains, » C'est Auguste, c'est lui, dont les puissantes mains » Rendront au Latium, heureux par son génie, » Ce brillant âge d'or de l'antique Ausonie; » Et le noir Garamante, et l'Africain brûlant, » Et l'atlas qui soutient le ciel étincelant, » Les lieux où le jour meurt, où l'aurore commence, » Ajoutent leur empire à son empire immense; » Et son char, loin du cercle où Phébus fait son tour, » Atteindra des climats que n'atteint pas le jour. » Déjà de l'avenir perçant la nuit profonde, » Les oracles sacrés le promettent au monde. >> Déjà les froides mers des peuples Caspiens, » Et les vastes marais des champs Méotiens, » Hercule triomphant du monstre d'Érymanthe, Qui de Lerne à ses pieds foula l'hydre écumante, » Dont la flèche atteignit la biche aux pieds d'airain; » Non, le dieu de Nysa, qui sut plier au frein » Des tigres asservis à ses mains souveraines, » Qui, de festons de pampre entrelaçant leurs rênes, Jusqu'aux portes du jour a fait voler son char, » N'ont point vu tant de lieux qu'en a conquis César. » Le monde nous attend, et ton grand cœur balance!. » Et l'Ausonie encor n'est pas sous ta puissance! >> Mais quel noble vieillard paroît dans le lointain, » L'olivier sur le front, l'encensoir à la main? » A cette barbe blanche, à ce maintien auguste, » Je reconnois Numa, prêtre saint et roi juste, Qui, créateur du culte et fondateur des lois, » Passa d'un toit obscur dans le palais des rois. » Mais de l'art des combats il négligea la gloire: >> L'aigle oublia son vol, et Rome la victoire. » Sors, ô brave Tullus! sors de ce long repos : » Le dieu de Romulus veut revoir ses drapeaux. » Vois Ancus, que déjà l'ambition dévore, » Flattant tous ces Romains qui ne sont pas encore; » Vois ces Tarquins si fiers, ces. tyrans des Romains, » Et Brutus arrachant les faisceaux de leurs mains, » Brutus, des saintes lois vengeur inexorable. » Le premier tient en main la hache redoutable; » Le premier aux Romains dicte d'égales lois, » Et gouverne en consul où commandoient des rois. » Mais contre son pays sa famille conspire; » Ses deux fils au tyran veulent rendre l'empire: » Tous deux sont immolés. O père malheureux! Quoi que doivent un jour en penser nos neveux, » La nature gémit, mais la gloire est plus forte, » Le père en luj se tait, et le Romain l'emporte, » Tu marches sur ses pas, sévère Torquatus, » Et Rome en frémissant admire vos vertus, » Regarde ces Drusus s'élançant vers la gloire, » Ces Décius mourant pour vivre en la mémoire,. » Et Camille aux Gaulois vaincus de toutes parts » Arrachant nos drapeaux et sauvant nos remparts, » Puisse l'étranger seul exciter nos alarmes! >> Vois-tu ces deux guerriers couverts des mêmes armes >> Tous deux s'aiment encor dans cet heureux séjour, » Mais que d'affreux combats ils livreront un jour! » Du roc sacré d'Alcide et de la Ligurie » Le beau-père descend enflaminé de furie; » Malheureux! désarmez vos parricides mains: » C'est notre sang, hélas! que vous allez répandre. » Et toi, mon fils, tu dois cet exemple à ton gendre ; » Il est beau de le suivre, et grand de le donner >> Fils des dieux, c'est à toi, César, de pardonner! : » Celui-ci (sur son front quelle gloire est empreinte!) » A son char triomphant enchaînera Corinthe. >> Digne du sang de Troie et digne de son nom,, » Cet autre détruira les murs d'Agamemnon: » La fière Argos n'est plus, et Mycènes en flamme در Acquitte enfin les pleurs des veuves de Pergame; » Et, de nos fiers vainqueurs rejeton odieux, » Le dernier Éacide a satisfait aux dieux, » Satisfait à Pallas, qui, sur ses murs en cendre, » Venge enfin ses autels teints du sang de Cassandre. » Parois, brave Cossus; parois, brave Caton. » Des illustres Gracchus qui ne connoît le nom; » Et ces deux Scipions, ces deux foudres de guerre, >> Qui deux fois de l'Afrique ont désolé la terre; » Et toi, Fabricius, fier de ta pauvreté, » Et Serranus si grand dans sa simplicité, » Passant de la charrue aux rênes de l'empire? » Race des Fabius, souffrez que je respire. » Te voilà, toi que Rome élève au-dessus d'eux, » Toi qui te refusant des succès hasardeux » Seul vers nous à pas lents ramènes la victoire! » D'autres avec plus d'art (cédons-leur cette gloire) » Coloreront la toile, ou d'une habile main » Feront vivre le marbre et respirer l'airain, » De discours plus flatteurs charmeront les oreilles, » Décriront mieux du ciel les pompeuses merveilles : |