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Securi pelagi, atque meî. Mars perdere gentem

Immanem Lapithûm valuit: concessit in iras

Ipse deûm antiquam genitor Calydona Dianæ :
Quod scelus aut Lapithas tantum, aut Calydona merentem?
Ast ego: magna Jovis conjux, nil linquere inausum
Quæ potui infelix, quæ memet in omnia verti,
Vincor ab Eneâ. Quòd si mea numina non sunt

Magna satis, dubitem haud equidem implorare quod usquam
Flectere si nequeo Superos, Acheronta movebo.
Non dabitur regnis (esto) prohibere Latinis,
Atque immota manet fatis Lavinia conjux :

At trahere, atque moras tantis licet addere rebus;
At licet amborum populos exscindere regum.

Hâc
gener atque socer coëant mercede suorum.
Sanguine Trojano et Rutulo dotabere, virgo;
Et Bellona manet te pronuba. Nec face tantùm
Cisseïs prægnans ignes enixa jugales ;
Quin idem Veneri partus suus, et Paris alter,
Funestaque iterum recidiva in Pergama tædæ.

>> Les voilà dans le port, sans péril, sans effroi,

» Fondant leurs murs nouveaux, bravant la mer et moi. >> Où donc est mon pouvoir? Quoi! le dieu de la Thrace

» Aura pu du Lapithe exterminer la race;

» Diane à ses fureurs immoler Calydon :

>> Eh! quel crime à ces dieux défendoit le pardon?

» Jupiter permit tout; et moi, moi son épouse, >> Moi la reine des dieux, dont la fureur jalouse » A pris, imaginé, lassé tous les moyens,

>> Malheureuse, il m'immole à ce roi des Troyens ! » Eh bien, si j'ai perdu ma suprême puissance, >> Il n'est rien qu'aujourd'hui n'invoque ma vengeance; >> Cherchons-nous des appuis dans un autre univers: >> J'ai contre moi les cieux, j'armerai les enfers, » Je ne puis leur ravir le sceptre d'Ausonie,

» Mais je puis arrêter l'hymen de Lavinie,
» Mais je puis différer cette grande union,
» Mais je puis séparer Laurente d'Ilion.

» Que tous deux de leurs rois paîront cher l'alliance!
>> Qu'un double châtiment venge une double offense:
>> Oui, des torrens de sang, fille d'un foible roi,
» Voilà l'affreuse dot que j'apprête pour toi.

» A ton sanglant hymen que Bellone préside!
» Hécube n'a pas seule, en sa couche homicide,

» Enfanté le flambeau de la division:

» Vénus a son Pâris pour une autre Ilion;

» Énée embrasera la nouvelle Pergame,

» Et ma haine deux fois aura vu Troie en flamme. »

Hæc ubi dicta dedit, terras horrenda petivit. Luctificam Alecto dirarum ab sede sororum Infernisque ciet tenebris: cui tristia bella, Iræque, insidiæque, et crimina noxia cordi. Odit et ipse pater Pluton, odêre sorores Tartareæ monstrum: tot sese vertit in ora, Tam sævæ facies, tot pullulat atra colubris. Quam Juno his acuit verbis, ac talia fatur: Hunc mihi da proprium, virgo sata Nocte, laborem, Hanc operam; ne noster honos infractave cedat Fama loco; neu connubiis ambire Latinum Eneade possint, Italosve obsidere fines. Tu potes unanimos armare in prælia fratres, Atque odiis versare domos; tu verbera tectis Funereasque inferre faces: tibi nomina mille, Mille nocendi artes: fecundum concute pectus,(8 Disjice compositam pacem, sere crimina belli: Arma velit, poscatque simul, rapiatque juventus. Exin Gorgoneis Alecto infecta venenis Principio Latium et Laurentis tecta tyranni Celsa petit, tacitumque obsedit limen Amatæ : Quam super adventu Teucrûm, Turnique hymenæis, Femineæ ardentem curæque iræque coquebant. Huic dea cæruleis unum de crinibus anguem Conjicit, inque sinum præcordia ad intima subdit, Quo furibunda domum monstro permisceat omnem.

Sur la terre, à ces mots, la déesse descend; Elle ordonne. Alecton sort à son cri puissant, Alecton qui se plaît au meurtre, aux incendies, Aux noires trahisons, aux basses perfidies : Pluton même son père et ses barbares sœurs Ont en horreur ce monstre et ses lâches noirceurs; Tant ses traits sont hideux, tant son ame est cruelle, Tant ses affreux serpens fourmillent autour d'elle! «Viens, fille de la nuit, dit Junon; viens, sers-moi; » Sers ma juste vengeance, elle a besoin de toi. » La haine à ton aspect s'empare des familles; » Devant toi plus d'époux, ni de sœurs, ni de filles; >> Tu tiens les fouets vengeurs, les funèbres flambeaux; >> Tu détruis les palais, tu creuses les tombeaux:

» Va, cours, romps cet hymen où leur espoir se fonde;

» Fouille dans les trésors de ta rage féconde;

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Épuise tout ton art, déchaîne tout l'enfer;

>> Toi-même forge, aiguise, ensanglante le fer;

» Arme tout, confonds tout : c'est Junon qui l'ordonne. » Empreinte des poisons de l'horrible Gorgone,

Alecton prend l'essor, vole au palais des rois,
Pénètre jusqu'aux lieux où pleurant à la fois
Et l'affront de Turnus et le triste hyménée
Qui remettra bientôt sa fille aux bras d'Énée,
Nourrissant en secret dans son cœur déchiré
Les cuisantes douleurs de l'orgueil ulcéré,
Dans ses dépits amers Amate solitaire
Et s'indignoit en reine, et gémissoit en mère.

Ille inter vestes et levia pectora lapsus
Volvitur attactu nullo, fallitque furentem,
Vipeream inspirans animam : fit tortile collo
Aurum ingens coluber; fit longæ tænia vittæ,
Innectitque comas, et membris lubricus errat.
Ac dum prima lues udo sublapsa veneno
Pertentat sensus, atque ossibus implicat ignem,
Necdum animus toto percepit pectore flammam,
Molliùs, et solito matrum de more, locuta est,
Multa super natâ lacrymans, Phrygiisque hymenæis:

Exsulibusne datur ducenda Lavinia Teucris, O genitor? nec te miseret natæque, tuîque? Nec matris miseret, quam primo aquilone relinquet Perfidus, alta petens abductâ virgine, prædo? Annon sic Phrygius penetrat Lacedæmona pastor, Ledæamque Helenam Trojanas vexit ad urbes? Quid tua sancta fides, quid cura antiqua tuorum, Et consanguineo toties data dextera Turno? Si gener externâ petitur de gente Latinis, Idque sedet, Faunique premunt te jussa parentis; Omnem equidem sceptris terram quæ libera nostris

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