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blée générale, portèrent le mal à son dernier période et la forcèrent, sans partage, à s'y opposer vigoureusement. Pour éviter la prolixité dans une matière si peu agréable par elle-même, l'on se réduira à ne citer ici qu'un seul de ces chefs; il suffira pour faire juger de la qualité et de l'impor tance des autres.

Il constoit que le six octobre 1653 la cabale avoit fait une de ces assemblées illicites dont il vient d'être fait mention. Là elle avoit pris des résolutions conformes à son esprit et à ses senti→ ments, et absolument contraires aux règlements anciens et nouveaux et spécialement aux disposi tions textuelles du contrat et des articles de la jonction. Elle avoit ensuite procédé à la réception d'un maître, et ce sans observer aucunes formalités accoutumées et prescrites même par les statuts de la communauté. De plus, elle avoit fait un arrêté en forme authentique par lequel elle attri→ buoit à chacun des officiers de la maîtrise et à chacun de ses anciens bacheliers qui assisteroient, à l'avenir, aux réceptions des nouveaux maîtres, outre et par-dessus leurs émoluments accoutumés, un écu par chacun des trois actes de ces mêmes ⚫réceptions, savoir la demande, la présentation du chef-d'œuvre, et l'admission à maîtrise ou la réception même. Cette attribution motivée pour te- . nir lieu auxdits officiers et anciens bacheliers de

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la part qui leur revenoit dans les festins << abrogés » contre toutes sortes de règles par les articles de la » jonction. » Le même arrêté portoit aussi que la jurande auroit un registre particulier pour tout ce qui concernoit les affaires de la maîtrise, lequel seroit enfermé sous trois clefs. La jurande y étoit autorisée encore à proposer un sujet pour tenir ce registre avec la qualité de greffier, et que l'on changeroit tous les ans. Enfin il y étoit déterminé que, lorsqu'il s'agiroit de délibérer de ce qui regarderoit la maîtrise, ce seroit au plus ancien des jurés à y présider et à prononcer l'arrêté, ou, à son défaut, aux autres jurés, et au défaut de ceuxci, au plus ancien des maîtres présents à la délibération.

Cet acte indécent et séditieux fut signé sur-lechamp par vingt-quatre d'entre ceux qui s'étoient trouvés dans cette assemblée, tant jurés que maîtres anciens. En vain les autres membres de la communauté, qui avoient été attirés à cette même assemblée par surprise ou y étoient venus fortuitement, avoient réclamé contre l'irrégularité de cette démarche et fait sentir les suites fâcheuses qu'elle ne pouvoit manquer d'avoir; leurs raisons avoient été rejetées avec mépris. En sorte que, pour se mettre à couvert du blâme d'une contravention aussi marquée et poussée avec tant d'opiniâtreté et de passion, ils avoient pris le parti de

protester en bonne forme contre tout ce qui venoit de se passer dans cette assemblée. L'acte de cette protestation fut rapporté en l'assemblée générale tenue en la manière ordinaire le .. décembre 1655 et n'y laissa nul doute sur la vérité de ce fait et sur les aggravantes circonstances qui concouroient à la caractériser.

La compagnie en fut saisie de surprise et d'indignation, et d'un vœu unanime, tant des académiciens anciens et modernes que de la grande pluralité des maîtres, cassa et annula l'acte téméraire en question; ordonna que tous ceux qui se trouveroient en être les auteurs demeureroient interdits de toutes fonctions dans l'un et l'autre des deux corps réunis par la jonction, et que la délibération qui prononçoit cette interdiction seroit affichée dans la salle de l'Académie; enjoignit, sous les mêmes peines, aux officiers et maîtres de la communauté d'observer et suivre exactement tout le contenu aux articles de la jonction, ensemble les règlements particuliers faits et arrêtés en bonne forme dans les assemblées légitimes de la jonction; et enfin autorisa les jeunes maîtres, faute par les jurés de s'y conformer, et en cas de nouvelles contraventions de leur part, d'en poursuivre l'exécution par les voies de droit et aux frais de la communauté.

Le ton ferme de cet arrêté et surtout cette in

terdiction prononcée d'un commun accord contint la cabale pour quelque temps. Il falloit qu'elle se retournât et qu'elle prît d'autres mesures pour remplir avec quelque sûreté ses complots factieux, et ce n'étoit pas l'ouvrage d'un jour. L'Académie, de son côté, n'en demeura pas là. Sa dignité, blessée, lors de ce dernier attentat, par deux de ses membres qui non seulement avoient eu la bassesse de souscrire à cet acte si odieux, mais avoient encore eu celle d'en consommer toute l'indignité, en recevant l'écu de nouvelle attribution, demandoit une justice plus particulière. Pour se la rendre avec toute la régularité requise, et ouvrir en même temps aux sujets réfractaires une voie de repentir et de retour, elle les fit sommer en forme de venir à l'assemblée générale se purger des faits à eux imputés. Ces sommations, réitérées à diverses fois, étant demeurées sans réponse et sans effet, elle passa outre et déclara les deux sujets déjà interdits définitivement déchus de la qualité et des priviléges et droits d'académiciens, si mieux ils n'aimoient se soumettre au paiement d'une amende de trente livres et aux autres satisfactions convenables qui leur seroient imposées par l'Académie.

Ces sujets, nommés Buyster et Baugin, étoient d'autant plus répréhensibles qu'ils avoient été tous deux reçus au nombre des anciens de l'Aca

démie en conséquence du traité de la jonction. Le premier persista dans son égarement et demeura dans cet état de séparation jusqu'à sa mort. L'autre se retourna vers l'Académie pour en obtenir sa grâce. Quoique ce ne fût que très long→ temps après, elle voulut bien avoir égard à ses respectueuses soumissions. Même elle les trouva conçues en termes si bien choisis et si touchants qu'elle lui remit l'amende prononcée et le réintégra dans le même rang d'où il s'étoit fait destituer. L'on a cru devoir expliquer ici ce fait tout de suite, afin de n'avoir pas à y revenir après.

Autre mauvais tracas, dont l'Académie crut devoir sortir vers ce même temps-là. Les lettres-patentes de l'établissement de cette compagnie, les articles de la jonction et l'arrêt de la vérification du tout, comme on l'a pu voir ci-devant, avoient été furtivement retirés du greffe du parlement par la cabale. Ce tour avoit été imaginé et exécuté par un nommé Millot, ancien bachelier de la jurande et l'un des plus ardents chicaneurs de cette troupe remuante et artificieuse. Il s'étoit emparé de ces pièces dans la seule vue de s'en servir pour en mésuser ou pour nuire, selon les occurrences. Nulle raison, nulle démarche de civilité n'avoient pu le porter à s'en dessaisir. Il fallut donc en venir à les lui faire remettre par autorité de justice. Comme il n'avoit aucune apparence de droit à les

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