Quique pii vates, et Phœbo digna locuti ; Musæum ante omnes; medium nam plurima turba Incolimus. Sed vos, si fert ita corde voluntas, Ar pater Anchises penitus convalle virenti l'invention des arts, enrichirent les âges; et ceux dont les bienfaits sur la terre, ont fait vivre le souvenir : tous ont le front ceint de bandeaux d'un blanc pur. EN passant au milieu de ces ombres, la Sibylle leur parle; et, d'abord, s'adressant à Musée, qu'une foule nombreuse environne, et qu'il domine par sa taille élevée : « Chantre illustre, dit-elle, et vous, ombres fortunées, dites-nous dans quelle région est le séjour d'Anchise? C'est pour le voir que nous sommes venus, et que nous avons franchi les grands fleuves de l'Érèbe. » Le poète héroïque répond en peu de mots : « Nous n'avons point ici de demeure fixe : nous habitons ces bocages toujours frais; nous errons sur le gazon de ces rives, dans ces prés où les ruisseaux promènent leur onde tranquille. Mais, si tel est le dessein qui vous amène, montez sur cette colline, je vous servirai de guide, et vous trouverez un facile chemin. » Il dit, et marche devant eux; du haut de la colline, il leur montre une plaine riante et aussitôt, ils descendent et pressent leurs pas. ANCHISE alors, au fond d'un vallon verdoyant, contemplait, avec un intérêt paternel, des âmes destinées à revoir un jour la lumière éthérée; il parcourait toute la suite de ses neveux chéris, de sa postérité. Il repassait dans son esprit leurs destinées, leurs fortunes diverses, leurs mœurs et leurs exploits. A peine il aperçoit Énée qui accourt à travers l'herbe ondoyante, dans le transport de sa joie, il lui tend les deux bras; des pleurs baignent sa joue, et sa voix défaillante laisse tomber ces mots : « Tu es enfin venu! et ta piété, si connue de ton III. II << Venisti tandem, tuaque exspectata parenti INTEREA videt Æneas in valle reducta Seclusum nemus, et virgulta sonantia silvis, Quive viri tanto complerint agmine ripas. père, a vaincu le difficile chemin des Enfers. Il m'est donc donné, ô mon fils, de contempler encore tes traits, de t'entendre, et de répondre à ta voix! Il est vrai que cet espoir était dans mon cœur, et que, calculant les temps, je pensais que ce bonheur n'était pas éloigné : mon espoir ne m'a pas trompé. Que de terres, que de mers il t'a fallu parcourir, ô mon fils, avant d'arriver près de moi! Quels grands dangers ont troublé ta fortune! et que j'ai craint pour toi le royaume de Libye!» «O mon père, répond Énée, c'est votre ombre, votre ombre affligée, qui, s'offrant souvent à mes regards, m'a fait descendre au ténébreux empire. Ma flotte repose dans la mer de Tyrrhène. Donnez-moi votre main! donnez, mon père, et ne vous dérobez pas à mes embrassemens! » Il disait, et de larges pleurs inondaient son visage. Trois fois il veut presser dans ses bras cette ombre chère, et trois fois elle échappe à ses mains, pareille aux vents légers, semblable au songe qui s'envole. CEPENDANT, Énée aperçoit, dans le fond du vallon, un bocage solitaire, plein d'arbrisseaux légers, dont le feuillage s'agite avec un doux frémissement. Le Léthé roule son onde tranquillé devant ce paisible séjour. Sur ses rives voltigent des nations et des peuples sans nombre. Tels, dans un beau jour d'été, on voit des essaims d'abeilles se répandre dans les prairies, se poser sur le sein de mille fleurs nouvelles, et, dans leur vol bruyant, se presser autour des lis éclatans de blancheur : toute la plaine retentit de leur bourdonnement. Frappé du spectacle nouveau qui s'offre à sa vue, Énée veut en connaître la cause. Il demande quel est ce fleuve et quels Tum pater Anchises : « Animæ, quibus altera fato Has equidem memorare tibi atque ostendere coram, « O pater, anne aliquas ad cœlum hinc ire putandum est Sublimes animas, iterumque in tarda reverti Corpora? quæ lucis miseris tam dira cupido? »> «Dicam equidem; nec te suspensum, nate, tenebo, ». Suscipit Anchises, atque ordine singula pandit. « PRINCIPIO cœlum ac terras, camposque liquentes, Seminibus, quantum non noxia corpora tardant, Quin et supremo quum lumine vita reliquit, Non tamen omne malum miseris, nec funditus omnes |