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- Page 144. Lenibat dictis animum, lacrymasque ciebat.

Ciebat est employé pour fundebat. Énée pleure, mais sans chercher, comme le pense le P. La Rue, à faire pleurer l'ombre de l'amante qu'il a abandonnée.

124.

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- Page 144. Quam si dura silex aut stet marpesia cautes.

Variantes dans les anciens manuscrits: Mopesia, Marsepia, in Arpeia.

On trouve un peu plus bas ces autres variantes, Thersilochum, Tersilocon. Polyphoeten, Polipotem, Polybutem, Polyboten, que Pobyten, que Politen, etc. Ces variantes sont appelées, dans l'édition de Heyne, aberrationes indoctorum librariorum.

J'ai dû me borner à citer les variantes qui sont dans les noms propres de personnages et de lieux; les scoliastes ont ramassé toutes celles qu'offre le texte dans les anciens manuscrits; le nombre en est immense. Il a fallu des travaux patiens pour les recueillir, et une grande sagacité pour choisir les meilleures leçons.

Marpesa était le nom d'une montagne de Paros, île de l'Archipel, célèbre par la beauté de ses marbres blancs. Il y avait, selon Pausanias (x, 12), une ville de Marpessa dans la Troade.

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Tydée, fils d'OEnée, roi de Calydon, et père du fameux Diomède, fut un des sept chefs qui marchèrent contre Thèbes. Blessé à mort par Ménalippe, Capanée lui apporte son ennemi sur ses épaules. A cette vue, Tydée sent renaître ses forces; sa joie égale sa fureur : il saisit le crâne de Ménalippe, et l'ouvre avec ses dents, au moment même où Minerve lui apportait le don de l'immortalité. La déesse, révoltée à cet horrible spectacle, abandonne Tydée, et le laisse mourir. Euripide dit, dans sa tragédie des Sept chefs devant Thèbes, que Tydée savait moins manier la parole que les armes, et que ses exploits faisaient son éloquence : le premier de ses exploits fut le meurtre de son fils Olénius, selon Phérécide et Stace, ou de son oncle Alcathoüs, selon Apollodore. D'ailleurs Homère, Eschyle, Pausanias, d'autres encore louent son adresse et sa valeur. Il suivait le parti de Polynice, et tua, dans une seule action, cinquante guerriers, partisans d'Étéocle. Les

héros de ces vieux âges étaient, pour la plupart, d'illustres brigands.

126. - Page 144. Parthenopaus, et Adrasti pallentis imago.

Parthénopée, un des sept chefs qui allèrent assiéger Thèbes, était, dit Eschyle, fort jeune encore lorsqu'il partit pour cette expédition si célèbre dans l'antiquité. Il fut tué par Amphidique. Quelques auteurs le disent fils de Méléagre et d'Atalante.

Adraste, roi d'Argos et de Sicyone, qui commandait les sept capitaines devant Thèbes, vit périr, sous les murs de cette ville, ses deux gendres, Polynice et Tydée. Il vit aussi tomber tous les autres chefs, et n'échappa lui-même à la mort qu'en prenant la fuite c'est ce qui fait dire à Virgile: Adrasti pallentis imago.

127.

Page 146.

.....

Glaucumque, Medontaque, Thersiiocumque.

Plus de vingt personnages, dans l'antiquité payenne, ont porté le nom de Glaucus. Virgile désigne ici Glaucus, fils d'Hippolochus, et petit-fils de Bellerophon. Il était ami de Sarpédon; il commandait les Lyciens au siège de Troie, et combattit contre les Grecs il eut la simplicité de changer son armure d'or contre l'armure de fer de Diomède : et de là vint le proverbecité par Platon et par Aristote, et qui, par les mots marché de Glaucus, signifiait marché de dupe. Ce Glaucus tua un grand nombre de Grecs, et fut tué lui-même par Ajax.

:

Médon, un des fils d'Anténor, périt au siège de Troie. Il n'est guère connu que par ce vers de Virgile.

Thersiloque, autre fils d'Anténor, commandait, dans le même siège, les troupes auxiliaires de Thrace il fut tué par Achille (Iliad., XXI).

128.

Page 146. Tres Antenoridas, Cererique sacrum Polybœten. Trois Anténorides ou fils d'Anténor, Polybe, Agénor et Acamas, périrent aussi dans la guerre de Troie. Homère parle d'Acamas dans l'Iliade (liv. x1, x111 et xvi); Quintus Calaber en fait aussi mention dans son poëme de la guerre de Troie (1. x ). On ne connaît Polybe et Agénor que par ce qui en est dit dans l'Iliade et dans l'Enéide.

Polybète est aujourd'hui inconnu. Homère ne le nomme pas.

129.

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Page 146. Idæumque etiam currus, etiam arma tenentem.

Tout ce qu'on sait d'Idée, héros troyen, et écuyer de Priam, c'est qu'il défendit sa patrie contre les Grecs par ses armes et par ses conseils (Voyez l'Iliade, liv. 111, v et v11). Scarron, et non Perrault, comme le dit le professeur Binet, a rendu plaisamment, dans son Virgile travesti, ces mots : Etiam currus, etiam arma

tenentem.

130.

J'aperçus l'ombre d'un cocher,

Qui, tenant l'ombre d'une brosse,
Nettoyait l'ombre d'un carrosse.

Page 146. At Danaum proceres, Agamemnoniæque phalanges.

Pour élever la gloire de son héros, Virgile abaisse celle des Grecs. Le seul éclat des armes d'Énée suffit pour mettre en fuite toutes les phalanges d'Agamemnon, comme jadis la seule lance d'Hector les avait fait fuir en désordre vers leurs vaisseaux. Il y a de l'exagération dans ce trait; mais la poésie vit d'exagération et d'images.

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Exiguam inceptus clamor frustratur hiantes.

Ce vers, comme le remarque Gaston, peint bien l'effort impuissant d'un homme qui veut pousser un cri que la terreur étouffe dans sa bouche béante.

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Déiphobe, fils de Priam et d'Hécube, se distingua par sa valeur pendant le siège de Troie. Il se battit deux fois contre Mérion, et vainquit Ascalaphe, fils de Mars (Iliad., 1. x111). Après la mort de son frère Pâris, tué par Philoctète, il épousa Hélène. Dans la dernière nuit de Troie, cette Lacédémonienne, dont la beauté fut si fatale, voulut se réconcilier avec Ménélas, son premier époux; elle l'introduisit dans la chambre du prince troyen, et le roi de Sparte l'égorgea quand il était sans défense, et après l'avoir horriblement mutilé. Dictys de Crète (liv. 11) rapporte que l'auguste frère d'Agamemnon coupa lui-même les oreilles les bras et le nez de Déiphobe. Le P. Catrou prétend que les bras

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ne dûrent pas être coupés, parce que, devant Énée, Déiphobe cache ses cruelles mutilations: dira tegentem supplicia. Il est vrai qu'Énée voit l'ombre de Déiphobe privée de son nez et de ses mains manusque ambas, et truncas inhonesto vulnere nares. Mais le poète ne dit pas précisément que les bras eussent eu le même sort que les mains; ainsi il a pu ajouter : dira tegentem supplicia. Quelques critiques ont trouvé singulier que Virgile ait omis le meurtre de Déiphobe dans le deuxième livre, consacré tout entier à retracer la chute et les derniers malheurs de Troie; mais d'autres, qui veulent tout louer ou tout excuser dans les auteurs qu'ils commentent ou qu'ils traduisent, allèguent que la triste fin de Déiphobe n'appartenait pas à l'action principale (quoiqu'elle y tint de plus près que beaucoup d'autres détails donnés par le poète), et M. Binet ajoute, sans motiver son avis, que ce récit ne serait pas assez intéressant pour Didon.

Une autre observation critique a été faite, et paraît mieux fondée pourquoi Hector n'est-il pas rencontré par Énée dans les enfers? Mais Virgile, a-t-on dit, a cru qu'Hector devait être déjà, comme Anchise, dans l'Élysée, et que la rencontre, en ces champs fortunés, de l'époux d'Andromaque, aurait détourné l'attention qu'Anchise réclamait tout entière, et partagé un intérêt qui se fût affaibli en se divisant. Cette réflexion peut ne pas paraître tout-àfait satisfaisante.

133. - Page 146. Tunc egomet tumulum rheteo in litore inanem.

On appelait cenotaphes ces tombeaux vides et représentatifs dressés avec les cérémonies ordinaires; ils suffisaient, suivant les idées de la théologie payenne, pour faire obtenir le passage de la barque infernale aux morts dont les os et les cendres n'avaient pu être recueillis.

134. Page 146. Nomen et arma locum servant.

Quelques commentateurs n'ont pas entendu ce passage. Le P. La Rue y a vu un hypallage, et s'est trompé en renversant ainsi la phrase locus servat nomen et arma. Il eût dû réfléchir que le promontoire de Rhétée n'avait jamais pris le nom de Déiphobe, et qu'aucun lieu n'a porté ce nom dans les temps héroïques. Par une bien plus singulière aberration, M. de Loynes explique

le mot arma par armoiries. Déjà il avait vu des armoiries dans la trompette et dans la rame qu’Énée fit déposer sur le tombeau de Misène : « Il ne peut être ici question, dit-il, que de ces armes ou armoiries de décoration par lesquelles on distinguait les divers guerriers et les diverses familles, et qui devenaient la récompense et l'aiguillon du courage. » M. de Loynes fait donc remonter ces armoiries, bien spécifiées par Virgile, ainsi que les cordons, au delà même des temps homériques. C'est donner une haute origine à la féodalité et à la chevalerie.

155

Page 148. Quum futalis equus saltu super ardua venit.

Macrobe (liv. v1, 2) veut que Virgile ait imité ici Ennius, qui avait dit : Nam maximo saltu superavit gravidus armateis equus, qui suo partu ardua perdat Pergama. Lucrèce aurait pu aussi imiter Ennius dans ces vers (1. 1, 477) :

Nec clam durateus Trojanis Pergama partu
Inflammasset equus nocturno Grajugenarum.

<< Jamais le cheval monstrueux, qui dominait les remparts de Troie, n'eût enfanté le nocturne essaim de guerriers armés pour la détruire. » ( Traduct. de M. De Pongerville.)

136. — Page 148. Iila, chorum simulans, Evantes orgia circum.

Les Bacchantes étaient appelées Evantes, soit du mot Evoe, qui était leur cri ordinaire, Evoe Bacche! cri par lequel Jupiter avait, dit-on, excité le courage de son fils Bacchus, dans la guerre des Géans; soit du mot Evan, nom qu'on donnait à Bacchus, et qui, sans doute, avait la même origine. On appelait aussi ce dieu Evius. Horace dit : Dissipat Evius curas edaces. On lit dans les Proverbes de Salomon ces paroles: Cui Va, cui Evan? nonne is qui vino immorantur?

137.- Page 148. Tum me confectum curis somnoque gravatum.

Quels pouvaient donc être les soucis qui avaient accablé le prince troyen, curis gravatum? Dans le second livre de l'Énéide, toute la ville est représentée ensevelie dans le sommeil et dans le vin:

Invadunt urbem somno vinoque sepultam.

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