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BULLETIN

DU

Bouquiniste

FONDÉ PAR AUGUSTE AUBRY

Avec la collaboration de Bibliophiles et d'Erudits

er

Paraissant le 1 et le 15 de chaque mois.

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LIBRAIRIE ANCIENNE ET MODERNE D'AUG. AUBRY
JULES MARTIN, SUCCESSEUR

18, Rue Séguier-Saint-André-des-Arts, 18.

LES MIMES

ENSEIGNEMENTS ET PROVERBES DE J.-A. DE BAIF
Réimpression complète, collationnée sur les éditions originales.
AVEC PRÉFACE ET NOTES

Par PROSPER BLANCHEMAIN

Paris, Léon Willem, 2 tom. in-18, de xx-297 pages. Prix: 10 fr. Se trouve à la Librairie Martin, rue Séguier, 18.

Cet ouvrage fait partie du Trésor des vieux poètes français qui a publié déjà les œuvres de J. de la Taille, seigneur de Bondaroy, éditées par M. de Maulde; les œuvres poétiques de Gay de Tours, par P. Blanchemain; les œuvres d'Amadis Jamyn, par M. Ch. Brunet, etc., qui continue aujourd'hui par les Mimes de Baïf et nous promet pour un temps très rapproché d'autres curiositės. L'intelligent éditeur du Trésor des vieux poètes français a trouvé à glaner dans le champ si riche de la littérature française de la Renaissance après les publications de Jannet, Jouaust et Delahays. Cette nouvelle série est encore trop peu connue et nous sommes heureux de la signaler aux lecteurs du Bulletin du Bouquiniste qui sont tous des érudits, des amateurs des délicats. Personnellement, j'ai regretté que M. Wilem qui avait abordé la Collection des documents rares ou inédits, format in-18, dont les volumes sont presque tous épuisés), et plus récemment la Collection historique des bibliophiles parisiens, format in-8, ait abandonné cette voie pour se lancer dans des publications artistiques luxueuses et dans un genre moins sérieux. Ses publications avaient été remarquées après le Trésor des pièces rares ou inédites du regretté Aubry, le fondateur du Bulletin qui lui aussi avait entrepris de publier les ouvrages historiques aussi bien que ceux d'érudition, aurait pu aussi se faire une place à part par ses publications spéciales ce qui ne l'empêche pas de réussir dans un autre genre, témoin le Trésor des vieux poètes français. Après ce mot de regret passons à l'ouvrage, l'examen préparé par feu Prosper Blanchemain, il fut achevé par M. Becq de Fouquière auquel il était

dédié et qui dans uuc post-face a donné une notice littéraire sur son prédécesseur (p. 285-296), Après la préface de M. Blanchemain se trouve un profil de Baïf drapé en romain, et en regard le fac-simile du titre de l'édition de 1599, par Mamert Patisson, imprimcur du roi, chez Robert Estienne, avec la musique de ce dernier. C'est la première édition complète, elle ne parut qu'après la mort de l'auteur, la septième et dernière fut imprimée en 1619, avec des pièces inédites, c'est celle qui a servi à l'édition présente. Les Mimes sont des sentences morales, mises en vers par Baïf qui en avait pris le fond un peu partout, même dans le fumier d'Ennius. C'est le meilleur ouvrage de Baïf. Pour en donner une idée, citons un passage au hasard (p. 107).

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Ne s'attend-on pas à trouver à la suite la devise du politique du fabuliste:

Le sage dit selon les gens:
Vive le roi! Vive la ligue!

Au reste, La Fontaine a bien pu s'inspirer de Baïf.

Imprimée avec soin, cette édition moderne pouvait passer pour une de ses devancières n'était la blancheur du papier. Les notes (p. 276-283) sont rejetées à la fin du second volume. Est-ce un avantage? Je ne le crois pas. Elles auraient gagné à être au bas des pages, d'autant plus qu'elles sont très courtes et ne dépassent guère une ligne. Rien d'ailleurs ne les indiquant dans le texte, elles risquent fort de passer inaperçues. La huitième édition des Mimes à part ce desideratum aura le succès de ses devancières, sitôt qu'elle sera suffisamment connue.

L'ABBÉ VALENTIN DUFOUR.

CHANSONS ET LETTRES PATOISES

BRESSANES, BUGEYSIENNES ET DOMBISTES

TEXTES RECUEILLIS, TRADUITS ET ANNOTÉS
PAR PHILIBERT-LE-DUC

Un beau vol. in-8, orné d'un front. Bourg, chez Martin-Bottier, 1881.
Prix : 6 fr.

Nombre de fois nous avons porté envie à ces heureux qui, en même temps hommes de goût et de savoir, se sont imposé la tâche de recueillir les chants populaires de leur pays. De notre thébaïde citadine nous les suivons en esprit dans leurs pérégrinations rustiques, et nous déplorons de ne pouvoir les imiter. La mission n'est pas sans difficultés, certes; mais elle a aussi bien des charmes. Ah! si nous pouvions, pendant un an ou deux, endosser la blouse, chausser les sabots, et redevenir paysan de notre chère Bourgogne !... Mais nous n'en sommes pas encore à la période des « doux loisirs. >>

A cette heure, j'en sais plusieurs qui sont, avec fièvre et délice, plongés dans cette laborieuse distraction, et, après celui que je viens vous signaler, j'espère en avoir bientôt un autre à vous présenter.

Aujourd'hui il s'agit de M. Philibert Le Duc, à qui nous devons déjà la traduction des Noëls bressans et bugistes (1845). Le nouveau recueil qu'il publie est, pour ainsi dire, un complément du premier; car, pour représenter sous toutes ses faces la littérature d'une localité, la Chanson doit venir à côté du Noël.

Nous n'avons rien à redire ici sur l'intérêt et l'utilité de ces sortes de publications, qui, province à province, édifient un inappréciable monument, le groupement de tous nos dialectes, et fourniront ainsi la base et les matériaux pour le glossaire définitif et complet de notre langue. — Ces choses, il faudrait un article étendu pour les développer, et ce n'est point ici le lieu. Nous n'avons simplement qu'à revenir au précieux volume de M. Ph. Le Duc, ce travailleur qui nous présente des fruits de toutes branches, depuis l'érudition jusqu'à la poésie, depuis l'histoire jusqu'aux Noëls et aux Chansons patoises.

Grand fut notre plaisir en recevant ce livre, qui touche si profondément à l'une de nos plus vives sympathies. Son contenu est copieux: 48 chansons et leurs musique, des lettres patoises en prose, des études sur le patois de Gex et le Belo (langage des peigneurs de chanvre du haut Bugey), un sermon, un apologue, et bien d'autres morceaux, tout cela recueilli, traduit et annoté par notre infatigable poète bressan. On conviendra qu'il y a gré à lui savoir.

Ces textes ne proviennent pas tous du cru proprement dit populaire. Diverses pièces, vers ou prose, ont clairement leur extrait de naissance et sont bien l'œuvre de M. tel ou tel; mais ce cas d'individualité ne diminue en rien l'intérêt qu'ils ont pour nous, parce que, choisis par un lettré d'un goût spécial très affiné, ils n'en contiennent pas moins les éléments que, depuis quelque temps, l'on s'est mis à rechercher... et à trouver dans les vrais chants populaires.

En disant cela, faisons remarquer que nous ne cherchons pas le moins du monde à excuser M. Ph. Le Duc, et nous l'approuvons, au contraire. Les motifs villageois ayant pour auteurs «< tout le monde et personne » ne se rencontrent déjà plus facilement, et quand on a sous la main des pièces qui peuvent marcher en ligne parallèle avec eux (pour les services à rendre à la linguistique et aux mœurs et coutumes), on doit les recueillir.

Peu de collecteurs parviennent à colliger suffisamment au gré de leurs vœux. A la fin de son Introduction, M. Le Duc imprime une partie de la liste de ses desiderata. Aux titres seuls des chants désirés, on peut constater une chose le cosmopolitisme indéfini du chant populaire. J'y relève, entre autres, La Parnetta, et Me'n ami Piarre, dont nous avons depuis longtemps des copies nous venant des régions languedociennes. Cette pauvre Parnette! elle s'est donc « levée » aussi dans la Bresse ?...

Mais ne partons point si facilement de notre pied léger; nous entamerions, là, la matière d'un volume. Appelons de nouveau, et d'une façon toute particulière, l'attention sur celui de M. Ph. Le Duc, et attendons que se termine l'oeuvre multiple dont il est une excellente pierre. F. FERTIAULt.

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