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IBAT et Hippolyti proles pulcherrima bello
Virbius; insignem quem mater Aricia misit,
Eductum Egeriæ lucis, humentia circum

Litora, pinguis ubi et placabilis ara Dianæ.

Namque ferunt fama Hippolytum, postquam arte novercæ Occiderit, patriasque explerit sanguine pœnas

Turbatis distractus equis, ad sidera rursus

Ætheria et superas cœli venisse sub auras,

Pæoniis revocatum herbis et amore Dianæ.

Tum pater omnipotens, aliquem indignatus ab umbris
Mortalem infernis ad lumina surgere vitæ,

Ipse repertorem medicinæ talis et artis
Fulmine Phoebigenam stygias detrusit ad undas.
At Trivia Hippolytum secretis alma recondit
Sedibus, et nymphæ Egeriæ nemorique relegat;
Solus ubi in silvis italis ignobilis ævum
Exigeret, versoque ubi nomine Virbius esset.
Unde etiam Triviæ templo lucisque sacratis
Cornipedes arcentur equi, quod litore currum
Et juvenem monstris pavidi effudere marinis.
Filius ardentes haud secius æquore campi
Exercebat equos, curruque in bella ruebat.
IPSE inter primos præstanti corpore Turnus
Vertitur, arma tenens, et toto vertice supra est.
Cui triplici crinita juba galea alta Chimæram
Sustinet, ætnæos efflantem faucibus ignes;

Le fils d'Hippolyte, guerrier remarquable par sa beauté, Virbius, marchait, envoyé par sa mère Aricie. Il avait été élevé dans la forêt d'Égérie, près des humides rivages où s'élève, toujours chargé d'offrandes, l'autel propice de Diane. Victime des artifices d'une marâtre, traîné par ses chevaux épouvantés, après avoir assouvi de son sang la vengeance d'un père, Hippolyte fut, dit-on, arraché du trépas par les sucs puissans de Péon et par l'amour d'une déesse. Il reparut sur la terre et revit la lumière éthérée. Alors le souverain des dieux, indigné qu'un mortel revînt du séjour de la mort au séjour de la vie, atteignit de sa foudre l'inventeur d'un art si prodigieux, le fils d'Apollon, et le précipita dans les ondes du Styx. Mais Diane cachant Hippolyte dans des retraites ignorées, confia ce prince à la nymphe Égérie et à l'ombre de ses bois : dès-lors, seul et sans gloire, il y acheva la mesure de ses jours, sous le nouveau nom de Virbius : de là vient que les chevaux sont encore éloignés du temple de la déesse et de son bois sacré, depuis qu'épouvantés à la vue d'un monstre des mers, les coursiers que conduisait le jeune héros, le renversèrent avec son char sur le rivage. Mais son fils n'en aimait pas moins à exercer ses ardens coursiers dans la plaine, et à lancer son char de guerre.

ENTRE tous les chefs, le plus remarquable par sa beauté, Turnus, le fer à la main, donne des ordres, et de sa tête domine tous les rangs. Son casque élevé, où flotte une triple aigrette, soutient la Chimère dont la gueule béante vomit les feux de l'Etna; et plus le combat

Tam magis illa fremens, et tristibus effera flammis,
Quam magis effuso crudescunt sanguine pugnæ.
At levem clypeum sublatis cornibus Io
Auro insignibat, jam setis obsita, jam bos,
Argumentum ingens, et custos virginis Argus,
Cælataque amnem fundens pater Inachus urna.
Insequitur nimbus peditum, clypeataque totis
Agmina densantur campis, argivaque pubes,
Auruncæque manus, Rutuli, veteresque Sicani,
Et sacranæ acies, et picti scuta Labici;
Qui saltus, Tiberine, tuos, sacrumque Numici
Litus arant, Rutulosque exercent vomere colles,
Circæumque jugum ; quis Jupiter Anxurus arvis
Præsidet, et viridi gaudens Feronia luco;
Qua Saturæ jacet atra palus, gelidusque per imas
Quærit iter valles atque in mare conditur Ufens.

Hos super advenit Volsca de gente Camilla,
Agmen agens equitum et florentes ære catervas,
Bellatrix, non illa colo calathisve Minervæ
Femineas assueta manus; sed proelia virgo
Dura pati, cursuque pedum prævertere ventos.
Illa vel intactæ segetis per summa volaret
Gramina, nec teneras cursu læsisset aristas;
Vel mare per medium, fluctu suspensa tumenti,
Ferret iter, celeres nec tingeret æquore plantas.
Illam omnis tectis agrisque effusa juventus

s'échauffe dans le carnage, plus semblent s'irriter la fureur du monstre et ses flammes. Sur l'or poli du bouclier, brille, vaste composition, la jeune Io, le front armé de cornes, déjà couverte de poils, déjà génisse: on y voit Argus, gardien sévère de la nymphe, et son père Inachus épanchant un fleuve de son urne. A la suite du héros, une nuée de fantassins couverts de boucliers s'avance, serre ses rangs et s'étend dans la plaine : c'est la jeunesse argienne et la troupe des Auronces; ce sont les Rutules, les vieux Sicaniens, les còhortes de Sacranes, les Labiques au bouclier peint; et ceux, ô Tibre! qui cultivent tes bords; et ceux, ô Numicus! dont les mains fertilisent tes rives sacrées; et ceux dont le soc tourmente les collines rutules et le mont de Circé; ceux encore que protège Jupiter Anxur; ceux à qui sont chers Féronie et ses frais ombrages; ceux qui bordent le noir marais de Satura; ceux enfin qui habitent les profondes vallées où le froid Ufens cherche un chemin pour aller cacher son onde au sein des mers.

DERRIÈRE toutes ces phalanges, s'avance l'altière Camille, du pays des Volsques. Intrépide dans les combats, elle conduit de nombreux escadrons tout brillans d'airain. Elle n'a point accoutumé ses mains délicates au fuseau ou à l'aiguille de Minerve; mais la jeune vierge s'est exercée à supporter les rudes travaux de la guerre, et à devancer à la course les vents: elle eût volé sur les moissons dorées sans courber les épis sous ses pas, ou, suspendue sur la cime des vagues, elle eût rasé les mers sans mouiller ses pieds rapides. Toute la jeunesse d'alentour, toutes les mères ont abandonné, pour la voir, leurs champs et leurs toits domestiques. La foule regarde,

Turbaque miratur matrum, et prospectat euntem,
Attonitis inhians animis: ut regius ostro

Velet honos leves humeros, ut fibula crinem
Auro internectat; Lyciam ut gerat ipsa pharetram,
Et pastoralem præfixa cuspide myrtum.

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