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au premier par deux forts tourillons, n'avoit la faculté de se hausser et se Pt. 24. baisser sur sa longueur que par le bout voisin du mur: ainsi ces deux pièces formoient un angle qui pouvoit s'augmenter à volonté, suivant l'écartement qu'on lui donnoit en élevant le châssis de dessus. Sur ce châssis étoient de forts et bons coussinets, retenus en place, au moyen d'une boite fixée sur le châssis, plus vers le bout qui s'élève, que vers celui qui ne fait que charnière. Sur ces coussinets étoit l'arbre qui portoit les roues; l'une de volée et l'autre qui mène le Tour. La roue de volée, étoit d'un assez grand diamètre, comme de trois pieds: la circonférence, formée par une réunion des courbes que les charrons nomment Jantes, étoit trèsmassive, pour donner plus de pesanteur, et la roue passoit entre les bras des deux châssis, qui sembloient n'en faire qu'un, attendu que celui de de dessus reposoit sur l'autre. Par ce moyen, l'arbre, tournant sur ses deux extrémités, fatiguoit beaucoup moins. Au bout de l'arbre, à gauche, étoit une forte manivelle à carré, retenue par un fort écrou, qui menoit toute cette machine.

On sent qu'au moyen d'une corde sans fin, qui passe sur la poulie du Tour, en se croisant, on communique à l'arbre du Tour un mouvement continu. On peut facilement augmenter la tension de cette corde en élevant le châssis supérieur, suivant le besoin; ce qu'on obtient très-aisément, en mettant au bout de chaque traverse du bâti dormant une vis en bois, qui procure aux deux côtés de l'angle, formés par les deux châssis, l'écartement nécessaire pour tendre la corde. A la manivelle est une corde qui répond à la marche du Tour; ainsi on obtient, avec une très-grande force, un mouvement doux, et on ne sent ni sur l'établi, ni sur l'ouvrage, aucune impression du mouvement de la roue. Cette mécanique, très-simple en elle-même, menoit un très-fort Tour en l'air, et l'on y adaptoit un très-fort ovale, sur lequel nous avons tourné un plateau d'acajou de 18 pouces de long sur 11 à 12 de largeur, et de deux pouces d'épaisseur, aussi facilement qu'on tourne sur un Tour ordinaire une dame de damier.

Cette manière de placer la roue, toute bonne qu'elle est, ne convient guère qu'à un ouvrier, ou à un Amateur qui s'occuperoit de quelques travaux en grand. Il est rare qu'on puisse et qu'on veuille faire de pareils scellemens dans un mur d'ailleurs le Tour, une fois placé en cet endroit, ne peut plus être transporté ailleurs ce n'est pas à nous à donner des conseils, nous devons rapporter les différentes méthodes; c'est à l'Amateur à choisir celle qui lui convient le plus.

CHAPITRE XI.

Différentes pièces d'Architecture.

SECTION PREMIÈRE.

Tourner un Balustre.

NOUS

ous supposerons dorénavant qu'on tourne les pièces dont nous allons parler, sur le Tour en l'air. On peut les tourner entre deux pointes, surtout si elles ont une certaine grosseur et longueur; mais nous en avons assez dit sur le Tour à pointes pour n'y plus revenir en ce moment. Quoiqu'un balustre présente quelques difficultés, pour peu qu'on se pique de bien exécuter, c'est pourtant la plus simple des pièces que nous proposerons. On dessinera sur un papier un peu fort, et avec la plus grande exactitude, le balustre dans toutes ses proportions. Et si l'on est curieux d'en avoir les principes, on les prendra dans quelque bon traité d'architecture, comme Vitruve, Palladio, Vignole, et autres. On peut se contenter des profils représentés Pl. 28

La meilleure méthode de s'assurer des proportions, est de tirer une ligne parallèle à l'axe du balustre, et de faire aboutir sur cette ligne toutes celles qui déterminent chaque membre de moulure. Par ce moyen, on prendra avec la plus grande exactitude la distance entre chacune d'elles.

On mettra sur le Tour, dans un bon mandrin, un morceau de bois bien sain. On le tournera cylindriquement à sa plus forte grosseur, qui est celle de la base ou de la panse. Comme le réglet étroit, qui est au haut du balustre, fig. 1, Pl. 28, et qu'on appelle aussi Bandelette, est la partie la plus forte après la panse et la plinthe, on mettra le bois à cette grosseur bien exactement mesurée avec un bon compas d'épaisseur. On marquera la largeur de ce réglet, avec l'angle d'un ciseau bien tranchant, et prenant garde de couper le bois bien franc, bien net et bien à angles droits. On approfondira ce trait à peu près autant qu'il est nécessaire; ensuite on réduira le cylindre à la grosseur du carré qui suit immédiatement, et cou

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pant le bois bien net et bien vif, jusque contre le trait qu'on a approPL. 28. fondi, de manière que, tant le côté du réglet que la surface du carré soient polis du premier coup; ce qui arrivera toujours si le ciseau coupe bien, et qu'on sache coucher les fils en coupant le bois.

On déterminera la largeur du carré; on marquera le trait avec l'angle aigu du ciseau, et on l'approfondira suffisamment. Rien n'est aussi difficile que de couper ainsi à angles droits, sans qu'on voie la reprise de chaque coup de ciseau. Pour y réussir, il faut conserver à l'outil la même inclinaison par rapport à la pièce qu'on coupe; quoiqu'à chaque fois que la marche remonte, on soit obligé de retirer l'outil insensiblement, de peur que le dessous de l'outil, c'est-à-dire son épaisseur, qui présente la forme d'un grain-d'orge très-allongé, ne marque le bois en remontant. On prendra la largeur qui convient à la hauteur du quart-de-rond qui suit; on l'approfondira de même avec le ciseau, jusqu'à ce qu'on soit parvenu au diamètre du petit filet qui est en dessous. On coupera le bois bien net et bien vif, jusque contre le trait du ciseau; ce qui donnera bientôt le filet: puis, avec une gouge étroite, on fera le quart-de-rond qui, suivant le principe établi dans le chapitre 9, doit avoir son centre contre le dessous du carré d'où il sort. Ces courbes sont très-difficiles à bien faire. Il ne faut se servir que du côté de la gouge, et ne le pas tourner à chaque coup de marche, ce qui feroit autant de petites côtes; mais tourner l'outil pendant que la marche descend. Si la moulure étoit tellement petite qu'on ne pût pas atteindre à la perfection avec une gouge ordinaire, on pourroit se servir d'un ciseau à un biseau fort étroit, ou espèce de becd'âne qu'on présenteroit de biais et presque à la tangente, ayant le support très-près de l'ouvrage; il faudroit bien se garder de gratter le bois, mais faire produire à l'outil l'effet d'un ciseau, ce qui réussira parfaitement.

Après le filet qui est sous le quart-de-rond, vient le collet du balustre; puis un astragale et un petit listel, dont on prendra exactement la hauteur. On l'approfondira de même au ciseau, et on coupera le bois de manière à venir au diamètre exact de ce petit listel. Mais comme il doit joindre le champ suivant, sous la forme d'un congé, on ne fera que le tracer peu profondément au ciseau, pour pouvoir le reprendre à la gouge. On déterminera la largeur du champ ou collet entre les premières moulures du balustre et l'astragale qui suit. On coupera le bois, tres-vif et très-droit, du côté des moulures déjà faites, et avec un ciseau étroit, ou par le moyen indiqué ci-dessus, et de biais, pour imiter le ciseau; on mettra ce champ au diamètre qu'il doit avoir, puis on arrondira l'astragale.

Cette opération est très-difficile, attendu que cette baguette étant trèsétroite, on n'a pas de quoi appuyer le ciseau, comme quand on fait toute autre partie arrondie.

La panse du balustre est ce qu'il y a de plus difficile. On ébauchera d'abord à la gouge, le col à peu près à sa grosseur; puis du dessous du petit listel, on déterminera la hauteur totale de la panse, jusqu'au petit carré qui est sous la partie ronde. On préparera également la partie arrondie en dessus; et si on veut porter l'exactitude au dernier point, on prendra de dessous le petit listel, plusieurs points sur le dessin, qu'on portera sur la pièce même. On les mettra au diamètre qu'ils doivent avoir; et plus on aura de ces points, plus on sera assuré de réussir; enfin, avec un ciseau qui coupe parfaitement, on emportera le bois qui excède les parties qu'on a mises à leur grosseur, et l'on achèvera de lui donner toute la grâce et l'élégance de profil qu'il doit avoir. Il faut observer que la panse, proprement dite, est une partie sphérique. On formera avec soin le petit carré de dessous, puis le tore ou baguette, et l'autre carré; après cela on fera la gorge ou scotie, qui, comme on le voit, est du genre des courbes que nous avons détaillées, et qui a deux centres; mais à cause de sa petitesse, on ne peut y appliquer le compas; l'usage et le coup d'oeil suffiront pour lui donner la forme qu'elle doit avoir. Il est bon d'observer que ces courbes se font avec une gouge qui coupe parfaitement, et affûtée à la pierre à l'huile. Pour coucher les fils à la manière du ciseau, outre la précaution d'en prendre une plus petite que la gorge, on coupera le bois en descendant à droite et à gauche des deux côtés de la gouge, qu'on renversera un peu, et point ou presque point du bout; par ce moyen la gouge, présentant un tranchant oblique, fera l'office d'un ciseau, et polira comme lui. Il ne reste plus qu'un carré, un tore, et le grand carré ou plinthe qui termine la base.

Pour donner plus de grâce à ce balustre, il faut que le dessous de la panse semble être une boule posée sur une surface plate; et pour lui donner cette forme, il suffit de creuser un peu, avec l'angle du ciseau, entre cette boule et le petit carré, ce qui les dégage l'un de l'autre.

Si ce balustre devoit faire partie de quelque pièce d'architecture, il faudroit lui laisser haut et bas, un tenon pour le fixer en sa place; et si on devoit en employer plusieurs, il faudroit les faire parfaitement semblables, ce qui est fort difficile. Il faut avoir la main très-exercée, et le coup d'œil très-juste, malgré les mesures qu'il faut prendre sans cesse, pour que toutes les parties se ressemblent les unes aux autres. Dans ce cas, nous

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conseillerions de se servir d'un expédient qui nous a parfaitement réussi, pour déterminer l'écartement respectif de chaque moulure les unes par rapport aux autres; c'est de faire, avec un morceau de tôle, un calibre sur lequel on traceroit toutes les parties qui doivent marquer les moulures; de les appointir avec soin à la lime, afin qu'en les présentant contre la pièce, les mêmes moulures fussent marquées aux mêmes endroits. Il seroit même très-avantageux qu'il y eût à l'un des deux bouts un talon qu'on appuieroit contre le point de départ, et qu'à l'autre extrémité il y eût une pointe qui déterminât la hauteur du balustre, qui doit être la même pour tous.

La fig. 2 représente le balustre le plus ordinaire, après celui dont nous venons de parler, et que nous venons d'enseigner à faire. Toutes les parties de celui-ci sont mâles et nourries; et la seule inspection de la figure suffira. Après ce que nous avons dit, pour enseigner à tourner un balustre, nous ne croyons pas devoir en dire davantage : il suffit de bien remarquer les profils, de les porter, comme on l'a dit, contre une ligne parallèle à la hauteur de la pièce qu'on veut tourner, et d'en suivre exactement les mesures.

Celui représenté fig. 3 a long-temps été relégué dans les rampes en bois des escaliers anciennement en usage. On les a cependant employés dans des constructions très-élégantes, telles que la chaire de Saint-Sulpice à Paris, morceau d'ailleurs très-agréable. On voit que ce balustre, ainsi que celui fig. 4, n'est rien autre chose qu'un assemblage de deux balustres, opposés par la base ou par le sommet.

Celui, fig. 5, ressemble plutôt à ce qu'on nomme Gaine qu'à un balustre, quoiqu'il soit mis au rang des balustres. Mais soit qu'on s'en serve à l'un ou l'autre usage, la forme en est très-riche; et pour servir de piédestal, il fait un très-bon effet. Dans ce cas, on fera sa surface bien droite, pour y poser un petit buste de bronze, de porcelaine ou de biscuit, ou toute autre chose.

Ceux que représentent les fig. 6 et 7 ne sont guère en usage. Nous ne les avons rapportés que pour satisfaire nos lecteurs; et particulièrement celui, fig. 7, qui n'est autre chose qu'un balustre, à peu près semblable à ceux, fig. 1 et 2, qu'on a renversé.

De trois piédestaux, fig. 8, 9 et 10, celui fig. 8 est sans contredit le plus conforme aux règles d'architecture. Il nous suffira d'en détailler les moulures. Le carré d'en-bas se nomme Plinthe. Ensuite est un gros tore ou boudin : vient un talon renversé; puis un carré, et enfin un congé qui

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