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manière que vous devrez estre content. Donné à Paris le xxi jour de janvier, l'an mil quatre cens et treize.

Si vous requérons et néantmoins mandons, par mondit Seigneur, que ces présentes vous faictes publier par tous les lieux où publicacions et proclamacions se doivent faire en vostre bailliage. En défendant de par mondit Seigneur à ses vassaulx et subgetz, comme autre fois par ces présentes leur a esté notifié, que au mandement de nostredit père de Bourgongne, soubz umbre de la cause devant dicte ou autres quelzconques, ils ne voisent aucunement sans avoir commandement de mondit Seigneur, dont il leur appère pas ses lectres de date subséquente à ces présentes. Donné à Paris le xxi jour du mois de janvier, l'an mil quatre cens et treize1. >>

Item, depuis que le duc de Bourgongne ne se voult désister de son entreprise non obstant la défense du Roy et de son filz le duc d'Acquitaine, le Roy manda ses gens d'armes pour résister audit duc de Bourgongne, et à ceste cause fist un édict et mandement duquel je me tais et le passe à cause de briefté'.

: «

1. Juvénal des Ursins donne, à la même date, des lettres circulaires de la ville de Paris, adressées aux autres villes du royaume Lesquelles contredisoient par certains poincts bien évidens et véritables, aux lettres du duc de Bourgongne.» (Ch. VI de Godefroi, p. 269.)

2. Voy. aux additions.

CHAPITRE CXV.

Comment le duc Jehan de Bourgongne ala à puissance devers Paris et se loga à Saint-Denis. Et plusieurs choses qui s'en ensuivent.

Or est vérité que le duc de Bourgongne pour parfournir son entreprinse à aler à Paris, lui partant d'Arras se tira vers Péronne pour avoir le droit passage. Mais ceulx de la ville, qui jà avoient eu défense de par le Roy de le non laisser passer, envoièrent audevant de lui le seigneur de Longueval, leur capitaine, pour eulx excuser en denyant icellui passage. Et jà soit ce que ledit duc ne le print point bien en gré, néantmoins que de ce ne lui chaloit; s'en ala par dehors et passa la rivière de Somme à Esclusier1, et s'en ala à Roye en Vermendois. Et de là envoia devant à Compiengne le conte de Nevers son frère, qui desja s'estoit joinct à lui à tout belle compaignie. Lequel conte de Nevers traicta tant avecques eulx, non obstant qu'ilz avoient défense au contraire de par le Roy, qu'ilz furent contens de livrer passage audit duc de Bourgongne. Et la cause qui plus les inclina à ce faire, fut que on leur moustra la copie et vidimus des lectres, lesquelles le duc d'Acquitaine avoit envoiées au duc de Bourgongne, contenans qu'il alast devers lui, si comme vous avez oy par cy-devant. Et au tiers jour, ledit duc ala de Roye à Compiengne. Et après qu'il eut en convenances des plus notables de la ville de tenir son party, print son chemin pour aler à Senlis, où il avoit jà envoié le seigneur de Rom

1. Éclusier (Somme).

baix' pour sçavoir s'ilz le recevroient. Mais ilz le refusèrent à laisser entrer en leur ville, pour la défense du Roy qu'ilz avoient eue. Pour quoy ledit duc print son chemin par Barron' à Dampmartin, là où estoient jà venus au devant de lui les seigneurs de Bourgongne à grande compaignie.

Et tandis que ledit duc de Bourgongne approchoit ainsi Paris, en alèrent les nouvelles au duc d'Acquitaine et autres princes du sang royal. Lequel duc d'Acquitaine disnoit en l'ostel d'un chanoine ou cloistre Nostre Dame de Paris. Lesquelles nouvelles oyes, s'assemblèrent oudit cloistre le roy Loys, le duc d'Orléans, le conte des Vertus, le conte de Richemont, le conte d'Eu, le conte d'Armaignac et plusieurs autres grans seigneurs, à tout grant compaignie de gens d'armes, et là monta à cheval ledit duc d'Acquitaine. Lesquelz firent et ordonnèrent trois batailles c'estasavoir la grosse bataille, l'avant-garde et l'arrière-garde, et ce fait vindrent devant le portail de Nostre Dame et de là devant l'Ostel de la ville, et là s'arrestèrent. L'avant-garde conduisoient trois contes, c'estassavoir les contes de Vertus, d'Eu et de Richemont, lesquelz chevauchoient tous trois de front et leurs gens les suivoient au dos. La grande bataille les suivoit ung peu après, de laquelle estoit devant le roy Loys, et les ducs d'Acquitaine et d'Orléans le suivoient, et puis les ensuivoient grant multitude de gens d'armes. Et l'arrière-garde conduisoient Bernard, conte d'Armaignac, messire Loys Bourdon et le sei

1. « Robaiz. » (Suppl. fr. 93.) C'est Roubaix.

2. Dans le Supp. fr. 93 il y a Baron, qui est la bonne leçon.

gneur de Gaule, lesquelz trois chevauchoient de front devant les gens, lesquelz on estimoit à quatorze mille chevaulz. Et eulx estans devant ledit hostel1 commencèrent à sonner une trompète, et tantost le chancelier d'Acquitaine vint devant le duc son seigneur, qui dist au peuple de Paris qui là estoit, que monseigneur le duc d'Acquitaine, premier filz du Roy, les regracioit du bon devoir et de la bonne amour qu'ilz avoient eu et qu'ilz avoient à lui, et du service, loyaulté et obédience qu'à ceste fois ilz lui moustroient et qu'il avoit espérance qu'encores feroient, et que tous se appointassent de tout leur povoir et puissance pour résister au duc de Bourgongne et à sa très mauvaise emprise, lequel contre la voulenté du Roy en venant contre sa défense, en venant aussi contre ladicte paix et en enfraingnant icelle, et aussi qu'il leur ratifioit et affermoit qu'il ne l'avoit point mandé ne n'avoit escript qu'il venoit à Paris, jà soit ce qu'il deist avoir les lectres devers lui. Et puis demanda au duc d'Acquitaine s'il le advouoit. Lequel, avec son adveu, dist qu'il disoit vérité et ainsi le afferma. Lesquelles choses ainsi dictes et plusieurs autres par ledit chancelier d'Acquitaine, les devant ditz seigneurs se partirent

par

la manière dessusdicte et chevauchèrent tout droit vers la Croix du Tirouer', et là s'arrestèrent. Et là le chancelier estant à cheval devant le duc d'Acquitaine, lequel devant le peuple qui là estoit assemblé sans

1. L'hôtel de ville.

2. La Croix du Tiroir, ou Trahoir, était située à l'extrémité de la rue de l'Arbre-Sec qui donne dans la rue Saint-Honoré. Comme ce point était un des débouchés des halles, il a joué son rôle dans toutes les commotions de Paris.

nombre, dist ce qu'il avoit dit et récité en Grève, et comme devant se fist de rechef advouer dudit duc d'Acquitaine. Lequel advoué, icellui duc entra au Louvre, le duc d'Orléans s'en ala ou prieuré de Saint Martin des Champs, le roy Loys en la Bastille Saint Anthoine, le conte d'Armaignac et Bourdon en l'ostel d'Artois, et les autres ailleurs.

Le duc de Berry après ce fait, vint de son hostel de Neelle1 au Louvre, visiter le duc d'Acquitaine, et de là s'en ala au Temple et se logea avecques ses gens. Et les seigneurs, soigneusement et souvent aloient parmy la ville afin que aucune rumeur ne s'esmeust ou peuple. Et firent clorre toutes les portes, excepté la porte Saint Anthoine et la porte Saint Jacques. Si estoient en grand doubte non obstant qu'ilz eussent grant puissance de gens d'armes, qu'en la faveur du duc de Bourgongne et en sa venue le peuple ne s'esmeut contre eulx, et par espécial ceux du quartier des halles.

Or vous diray du duc de Bourgongne, lequel à toute sa puissance, de Dampmartin vint loger en la ville de Saint Denis, qui lui fut ouverte et habandonnée par les hahitans d'icelles. Si se loga en l'ostel de l'Espée. Si povoit bien avoir en sa compaignie deux mille bacinetz, chevaliers et escuiers du pays d'Artois et de Picardie, comme de Flandres, de Rethelois et de Bourgongne, avec de deux à trois

1. Nous avons déjà fait remarquer qu'il y avait à Paris deux hôtels de ce nom. Celui-ci était sur l'emplacement actuel de l'Institut.

2. Le 9 février, d'après le Journal d'un Bourgeois de Paris (p. 20).

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