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Entelle; il est vaincu, mais par un dieu, et sa défaite est encore un titre d'honneur, puisque, avec des armes inégales, il balance quelquefois la victoire. » Cette observation est juste, mais c'est quand Delille traduit.

26.

Page 8. Dixerat hæc : adytis quum lubricus anguis ab imis.

Les anciens, principalement les Étruriens et les Romains, représentaient, sous la forme de serpens ou dragons, les génies des hommes et les génies des lieux. Plutarque dit, dans la Vie de Cléomène, que les serpens ou dragons étaient consacrés aux héros.

Le serpent était le symbole de la vie, de la patrie et de l'immortalité.

Le serpent, roulé en cercle et mordant sa queue, offrait, chez les Égyptiens, avant l'invention des lettres, le symbole de l'année.

Le serpent était aussi le symbole de la santé. « On est surpris, dit Gaston, de voir un animal, dont le venin donne la mort, consacré comme l'attribut du dieu de la santé. Mais Pausanias nous apprend qu'on accordait ce privilège à l'espèce de serpent dont la couleur tire sur le jaune : ceux-là ne sont point venimeux; ils étaient très-communs à Épidaure; et celui qu'on transporta à Rome pour Esculape, était de cette espèce. C'était peut-être de ces serpens que les Bacchantes enlaçaient leurs thyrses, dans leurs orgies nocturnes. »

Les serpens servent souvent de comparaison dans les poëmes épiques : ils entrent même dans l'action de l'Iliade (liv. 11), et dans celle de l'Eneide (liv. 11).

Plusieurs commentateurs ont pensé que la cérémonie funèbre, décrite par Virgile, était une espèce d'apothéose d'Anchise, et que le poète courtisan avait voulu faire allusion à l'apothéose de Jules César, qu'Octave, alors triumvir, avait fait mettre au rang des dieux par les pontifes romains. Nieupoort rapporte que cette apothéose, et l'inauguration du temple érigé dans le lieu même où le corps de César avait été mis sur le bûcher, furent célébrés par des jeux funèbres, à l'instar de ceux que le poète décrit dans le v livre.

27. - Page 10.

.....

Cædit quinas de more bidentes.

On lit, dans l'Odyssée, que les mânes aimaient à se repaître du sang des victimes. La superstition, chez les modernes, a fait don

ner par quelques peuples du Nord, le même goût aux Vampires. (Voyez les savantes et curieuses dissertations de D. Calmet sur les Revenans et les Vampires.)

28. — Page 10. In medio, sacri tripodes.

Le trépied, tripus, était, chez les Grecs, un prix souvent donné, dans les jeux publics, aux vainqueurs.

Donarem tripodas, præmia fortiorum

Graiorum.

(HORACE, 1. IV, Od. 8.)

Une esclave et un trépied sont le premier prix du combat des chars, décerné par Achille, dans les jeux qui suivent les funérailles de Patrocle (Iliade, 1. xx111).

29.

Page 10.

.......

Argenti aurique ta'enta.

Le père La Rue et d'autres commentateurs sont d'avis que, par le mot talenta, le poète exprime ici, plutôt un poids, une masse d'argent et d'or, qu'une valeur déterminée.

Le talent variait de valeur suivant la différence des poids et des mesures en divers pays. Le talent attique, qui est le mieux connu, n'était pas une monnaie : c'était une somme valant 60 mines ou 6000 drachmes. Mais la drachme ayant été diversement évaluée par les savans (8, 10 et 18 sous de notre ancienne monnaie), il s'ensuit qu'un talent attique d'argent aurait valu 2,500, 3,000 ou 4,500 livres tournois; et qu'un talent d'or aurait pu représenter une valeur de 48,000 livres. Le grand talent valait 80 mines. (Voyez BARTHÉLEMY, Voyage du Jeune Anacharsis.)

L'ancienne Grèce avait des talens d'une valeur bien inférieure au talent attique, puisque, aux funérailles de Patrocle, Achille, après avoir donné, pour second prix, une jument avec son poulain, donne pour quatrième prix, deux talens d'or.

30.- Page 10 Et tuba commissos medio canit aggere ludos.

Servius dit que Virgile fait annoncer les jeux par la trompette, romano more, parce que, dans les temps héroïques, cet instrument n'avait pas encore été inventé, et qu'il n'en est fait aucune mention dans les poëmes d'Homère.

« Les jeux que le poète décrit, sont les mêmes que les jeux décrits dans le xx11e livre de l'Iliade, où ils sont mieux amenés. Mais, dans le détail des jeux, Virgile a mis une variété qui fait un grand agrément d'ailleurs la course des vaisseaux est toute de lui, de même que l'incident de Nisus, et la troupe des Troyens qu'Énée mène avec lui en Italie, et que le poète montre aux Romains comme les auteurs des principales maisons de Rome. » (FRAGUIER, dans les Mémoires de l'Académie des Belles-Lettres, tome 11, page 160.)

Virgile n'a imité que trois des jeux qui sont dans l'Iliade, ceux de la course à pied, du ceste et de l'arc. Pope, qui a donné en Angleterre la meilleure traduction en vers de l'Iliade, croît que, la course des chars ayant été supérieurement décrite par Homère, Virgile a désespéré de le surpasser. Mais ne serait-il pas plutôt permis de croire que Virgile a voulu substituer un autre jeu à celui des chars si souvent décrit avant lui par les poètes grecs, tels que Sophocle dans Electre, Pindare dans ses Olympiques, etc.; et qu'il a d'ailleurs pensé, avec raison, que, pour un peuple errant depuis sept ans sur les mers, une course de vaisseaux serait plus facile et plus convenable qu'une course de chars?

Depuis Homère, aucun poète épique de l'antiquité n'a négligé d'introduire dans son épopée la célébration de divers jeux. On voit, dans Hygin, que des jeux funèbres étaient introduits dans plusieurs poëmes qui ne sont pas venus jusqu'à nous. On retrouve ces jeux dans Quintus Calaber (1. Iv), Silius Italicus (liv. xv), Stace (Thébaïde, liv. xvi), etc.

31.

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Page 12. Mox Italus Mnestheus, genus a quo nomine Memmi.

En donnant ici l'origine de plusieurs grandes familles romaines, Virgile suivit sans doute des traditions déjà reçues. Servius rapporte que Varron avait dû établir ces mêmes origines dans son livre de familiis Trojanis. Heyne s'étonne que le poète ait oublié Gyas, dont on faisait descendre la maison des Géganiens, chez les Albains. Denys d'Halicarnasse dit que cette maison égalait en grandeur les plus illustres familles de l'ancienne Rome. Suivant Pomponius Sabinus, Probus croyait que Virgile avait emprunté ces origines du poëme de la guerre punique de Névius (Probus vult hunc locum sumptum a primo bello punico).

On ne comprend pas d'ailleurs facilement comment, dans le jeu hasardé des étymologies, Memmius pouvait venir de Mnestheus, Sergius de Sergestus, Cluentius de Cloanthus, et Geganius de Gyas. Terno consurgunt ordine remi.

32.- Page 12.

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Virgile s'écarte ici de la vérité historique. Les trirèmes n'étaient pas encore inventées dans le temps où il fait vivre Énée. C'est ainsi qu'il place des tableaux dans le palais de Didon, quoique, dans ces vieux âges, l'art de la peinture n'eût pas encore été trouvé.

Les savans ont beaucoup écrit sur les birèmes, trirèmes, quadrirèmes, quinquérèmes, etc.; et leurs dissertations n'ont pu expliquer comment pouvaient manoeuvrer plusieurs rangs de rames, mues perpendiculairement les unes sur les autres. Le P. Montfaucon avoue que, d'après l'avis des plus célèbres marins de son temps, une telle manœuvre était impossible. Mais les témoignages des auteurs anciens semblent ne laisser aucun doute sur la construction des trirèmes, et ces témoignages sont fortifiés par la galère à trois rangs de rames perpendiculaires, représentée sur la colonne Trajane. Meibomius donne les noms des galères qui avaient depuis deux jusqu'à quarante rangs de rames.

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Variantes des manuscrits: Cloanthi, Chloanthi, Choanti, Cloenti, Cloonti, Cloante.

34.- Page 12. Est procul in pelago saxum.

Cluvier, dans sa description de la Sicile, croit que le combat des vaisseaux d'Énée eut lieu sous le mont Éryx, in sinu Longuri.

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Corus, nom d'un vent d'occident d'été (nord-ouest) considéré ici comme un vent orageux.

36.- Page 12. Intenti exspectant signum, exsultantiaque haurit

Corda pavor pulsans, laudumque arrecta cupido.

Delille traduit ainsi ces vers :

Attentifs au signal, ils l'attendent; leur âme
Est déjà dans la lice; et l'espoir et la peur

Font bouillonner leur sang, font palpiter leur cœur.

En ajoutant au texte des traits qui n'y sont pas, tels que celuici, leur áme est déjà dans la lice, le poète français supprime le trait le plus saillant : Laudumque arrecta cupido.

Virgile, s'imitant lui-même, avait dit, dans les Géorgiques (livre 111, v. 105):

Quum spes arrectæ juvenum exsultantiaque haurit

Corda pavor pulsans.

37. - Page 14. Non tam præcipites bijugo certamine campum Corripuere, ruuntque effusi carcere currus.

Virgile avait employé la même comparaison, et à peu près les mêmes vers dans le liv. 111 des Géorgiques (v. 103) :

Nonne vides, quum præcipiti certamine campum
Corripuere, ruuntque effusi carcere currus?

On est étonné des nombreux larcins que Virgile s'est faits à luimême, et dont on trouve peu d'exemples dans les autres poètes latins. Ne serait-il pas permis de croire que, n'ayant pas mis la dernière main à son poëme, qu'il regardait comme inachevé quand la mort le surprit, et se proposant d'y faire entrer des pensées, des images, des comparaisons dont il s'était déjà servi ailleurs, il les plaçait provisoirement dans son épopée, telles qu'il les avait déjà employées, mais avec le dessein d'en changer la forme, les détails, ou tout au moins la rédaction?

38.- Page 14.

Compellat voce Menæten.

Variantes dans les manuscrits: Menethes, Menoetas, Monete, Monesten, Mnesthi.

39. — Page 16. Illum et labentem Teucri, et risere natantem,

Ce vers et le suivant sont imités de l'Odyssée (1. v). Ulysse submergé remonte à la surface de l'abîme; sa barbe ruisselle, et il vomit l'onde amère.

40.- Page 16.

Maleæque sequacibus undis.

Le promontoire de Malée est au midi du Péloponnèse. La flotte d'Énée doubla ce promontoire lorsqu'elle passa des Sporades aux îles Strophades (1. 111). Les dangers de la navigation, dans les ra

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